C’est inédit, le 2 décembre, les professionnels du port de Nice n’ont pas siégé lors de la séance du conseil portuaire de Nice-Villefranche-sur-Mer, révèle l’Union maritime 06.

La faute à un contexte « de relations dégradées avec la Métropole Nice Côte d’Azur, propriétaire et gestionnaire du port », notamment à cause de l’affaire des croisières que le maire de Nice, Christian Estrosi avait voulu réglementer, cette année.

« Depuis la reprise en régie, la situation ne cesse de se détériorer », dénonce l’UM06. Et, c’est contraint et forcés, disent-ils, que les professionnels du port ont assisté à la séance qui s’est finalement tenu jeudi soir.

« Comme cette fois, il n’y avait pas besoin de quorum, avec ou sans nous, la séance se serait tenue. Autant venir dire ce que l’on avait à dire », indique Nicolas Plumion, président de l’Union maritime 06.

Taxe « polleur-payeur »

Et ils en avaient des choses à dire. Notamment « sur le projet d’implantation de terrasses de restaurants sur le quai des Deux Emmanuels à Nice, qui empiète sur les voies de circulation et compromet les accès opérationnels au port de commerce », précise-t-il.

Mais surtout, sur « la politique d’accueil des navires de croisière, marquée par une hausse brutale des redevances liée à la volonté d’instaurer une taxe dite environnementale (« pollueurs-payeurs »), inédite sur un plan local », dénonce l’UM06.

L’Union doute de la « légalité » de cette taxe et affirme « qu’elle s’impose aux professionnels sans étude d’impact ni concertation préalable ».

« Neuf membres sur 13 ont voté contre la nouvelle grille tarifaire pour 2026 », confie l’UM06.

Qui déplore que cela n’est servi à rien, le conseil portuaire n’étant que consultatif : « Elle a été votée en conseil métropolitain ».

« Ce sera dissuasif pour de nombreux navires. On utilise un biais fiscal pour réussir là où l’arrêté pris par Christian Estrosi n’a logiquement pas marché », grognent les professionnels.

Le président de la Métropole avait, en effet, signé un document pour tenter de réguler les bateaux de croisière et le nombre de passagers : ce qui touchait principalement la rade de Villefranche-sur-Mer.

L’État avait alors repris la main sur ce dossier.

Taxe votée en conseil métropolitain

« Face aux impacts environnementaux et sanitaires des navires de croisière, j’ai toujours défendu une régulation ferme et responsable de cette activité. C’est pourquoi nous avons voulu encadrer le nombre d’escales et le nombre maximum de passagers. Cet arrêté a été suspendu par la justice en juillet », confirment les services métropolitains.

Qui ne comptent pas se contenter de l’arrêté préfectoral « bientôt en vigueur ».

« En refusant de toucher aux escales déjà programmées, ce texte ne produira aucun effet concret avant 2028. Cet arrêté est totalement insuffisant », peste la Métropole qui a confirmé avoir engagé « une action déterminée sur la tarification des escales ».

En conseil métropolitain, ce vendredi, la taxe est bien passée – inaperçue ? – lors du vote du recueil des actes. Elle n’a pas fait l’objet d’une délibération en elle-même : il n’y a pas eu débat.

« L’objectif est clair : faire contribuer les usagers qui polluent », insiste la collectivité.

« Passage en force »

« Nous avions des propositions de compromis », rétorquent les professionnels du port qui fustigent « un passage en force ».

Ils vont s’en ouvrir au préfet des Alpes-Maritimes, Laurent Hottiaux, pour demander un « contrôle de légalité, sur le fond et la forme » et demander la tenue d’un nouveau conseil portuaire.