Les berlines
premium perdent du terrain en Europe face à des attentes qui
évoluent et à la montée irrésistible des SUV. Leur recul s’explique
par des changements d’usage, de technologie et d’image qui
redessinent le marché.
Longtemps symbole de réussite, la berline premium perd
aujourd’hui de son influence sur un marché européen en pleine
transformation. Ce segment, autrefois dominé sans partage par les
BMW Série 3, Mercedes Classe C et Audi A4, voit sa demande s’éroder
au profit de silhouettes plus hautes et plus polyvalentes.
Des attentes qui évoluent chez les automobilistes
La première explication tient à l’évolution des besoins et des
usages. La berline classique, basse et élégante, s’accorde de moins
en moins aux attentes récentes. Les conducteurs privilégient
désormais une position de conduite surélevée, un
accès à bord plus aisé et une meilleure visibilité. Les SUV et
crossovers répondent précisément à ces exigences, ce qui explique
leur progression rapide dans les intentions d’achat. Leur
polyvalence, leur capacité de chargement et leur
image rassurante séduisent une clientèle large, du particulier aux
familles en passant par les professionnels.
Cette bascule concerne également les flottes d’entreprises,
marché historiquement favorable aux
berlines premium. Les gestionnaires privilégient aujourd’hui
des véhicules jugés plus adaptatifs et plus valorisants pour
l’image de l’entreprise. Cette migration des volumes accentue le
recul des berlines traditionnelles.
La montée des SUV premium
La concurrence interne entre les silhouettes joue un rôle
crucial. Les marques premium ont considérablement élargi leur gamme
de SUV : Mercedes multiplie les GLA, GLC, GLE et GLS,
BMW mise sur les X1, X2, X3 et X5, Audi décline les Q2, Q3, Q4,
Q5 et Q6. Ces modèles sont désormais des piliers
commerciaux des constructeurs, au point d’éclipser les
berlines.
Le style plus affirmé des SUV, leur technologie embarquée
similaire à celle des berlines et des consommations désormais
maîtrisées renforcent leur attractivité. À prix comparable, une
large partie des clients estime obtenir davantage de polyvalence et
une perception de valeur supérieure en optant pour
un
SUV plutôt qu’une berline. Reste qu’à rouler, un SUV est moins
dynamique qu’une berline : l’efficience en pâtit,
avec un coefficient de pénétration dans l’air plus élevé et un
poids plus important.
Une transition électrique défavorable aux silhouettes
classiques
La mutation vers l’électrique accentue encore les difficultés
des berlines premium. Les contraintes d’intégration des batteries,
la hauteur du plancher et les impératifs de packaging favorisent
les silhouettes plus hautes. La majorité des modèles électriques
premium les plus populaires en Europe appartiennent au segment des
SUV. La
Tesla Model 3, exception notable, ne suffit
pas à inverser la tendance.
À cela s’ajoute un changement d’image. L’esthétique élancée et
discrète des berlines n’incarne plus la modernité
ni le statut social comme par le passé. Les codes actuels du luxe
automobile s’accordent davantage aux proportions imposantes des
SUV.
Les contraintes réglementaires pèsent également
sur l’avenir des berlines thermiques, souvent puissantes et donc
plus exposées aux malus, aux seuils d’émissions et aux restrictions
urbaines. Les SUV, forts d’une offre hybride rechargeable et
électrique plus variée, s’adaptent plus facilement à ce nouveau
paysage.
Le recul des berlines premium ne les condamne pas pour autant.
Elles conservent des atouts en matière d’efficience, d’agrément et
de design. Mais leur avenir semble se jouer en dehors des volumes
de masse, dans un rôle plus spécialisé, centré sur la
distinction, la technologie et l’exclusivité.