Pour Valérie Pécresse, la présidente de la Région d’Île-de-France, le vélo c’est comme une relation amoureuse. Il faut franchir le pas, et si ça colle alors on ne peut plus s’en passer. La preuve ? Le service de location de vélos à assistance de la Région, conçu pour contaminer les Franciliens, a un taux de succès de 90%. On entend par là que 90% des locataires, à l’issue de leurs 6 mois de contrat, poursuivent l’expérience et acquièrent un vélo, souvent même un vrai vélo, selon les réponses au questionnaire de fin de contrat.
L’évolution est stupéfiante ! On se souvient de Valérie Pécresse, en septembre 2016, parlant de sa bicyclette et ne voyant pas du tout le potentiel de bonheur du vélo. Elle se voyait à Deauville entre chez elle et la boulangerie, et son vice-président ne voyait le vélo que comme un VTT pour s’éclater dans la boue.
▶️ La Région Ile-de-France aura-t-elle un Plan vélo ? Rien n’est moins sûr. Vision d’un gouffre culturel. 2016
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La Poste, Transdev et Valérie Pécresse
9 ans après, le 2 décembre 2025, nous assistons à tout autre chose. Valérie Pécresse est tombée amoureuse du vélo !
C’est seulement après l’avoir dit sous plusieurs formes qu’elle se décida à parler du sujet du jour. La nouvelle collection de vélos à louer est si incroyable qu’il a fallu en faire un défilé. Et là, tenez-vous bien. Il y a 19 modèles de vélos …
Le VAE est renouvelé, les vitesses passent automatiquement, il a des clignotants pour annoncer les changements de direction, un démarrage par présentation du pass navigo (transports en commun), même sur le téléphone, et un verouillage électronique.
Il y aura en plus :
- un vélo pliant, qui n’est autre qu’un Brompton aux couleurs locales, loué 22 € par mois. Il fera goûter à la qualité, vous évitant peut-être un achat ultérieur décevant;
- un vélo bien réglé avec boîte de vitesses dans le moyeux arrière, 7 vitesses, qui sera loué 10 € par mois;
- des vélos cargos familiaux à 88 € par mois;
- deux modèles de cargos professionnels, pensés pour les artisans, les indépendants ou les collectivités territoriales. On reconnaît parmi eux le Douze en version courte;
- toute une gamme de vélos adaptés aux personnes « à besoins spécifiques » : tricycles, tandems parallèles, tandems enfant devant, vélos à assise basse (le fameux vélo d’Abel)… où l’on reconnaît les vélos VanRaam ou Hase, maisons à la réputation solidement établie. C’est la gamme de vélos adaptés et adaptables la plus grande d’Europe en location longue durée !
Un choix parmi les vélos adaptés
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La plupart des pièces viennent de France ou d’Europe, la Région ayant été très vigilante sur ce point. Ils sont maintenant presque tous proposés avec ou sans assistance électrique, ce qui est une excellente chose. Curieusement (réflexes archaïques des services ?) seuls les « électriques » figurent à ce jour sur le site. Tous les modèles de vélos adaptés ont été testés pendant plusieurs mois.
▶️ Des vélos spéciaux en test à Ile-de-France Mobilité. Avril 25
Les abonnements sont désormais de 3 à 12 mois, selon le modèle, éligibles au remboursement employeur de 50% minimum lorsqu’il est utilisé pour les trajets domicile – travail, et au Forfait Mobilité Durable qui peut aller jusqu’à 600€ par an. Il y a aussi une possibilité d’abonnement à moitié prix, pour les étudiants, +62 ans non actifs, bénéficiaires d’aides sociales, demandeurs d’emploi, etc. Et enfin, tous les anciens abonnés pourront souscrire à nouveau à l’offre, sur le modèle de leur choix. Ainsi pas de regrets !
Jusqu’alors les locations se portaient à 75 % sur les VAE et à 15 % sur les cargos familiaux. 130 000 personnes en ont profité depuis le début, en 2019 ! C’était, en Europe, déjà le plus grand service public de location de longue durée de vélos électriques.
Vélo pliant – vélo-porteur et remorque professionnels, parmi d’autres
Qui dit location dit services, entretien et réparation compris dans le prix, ceux-ci étant assurés pour une part en emplois d’insertion. Pour les vélos adaptés comme pour les cargos professionnels (location de 6 mois maximum) il y a aussi l’aide au choix du meilleur vélo pour chaque cas et son adaptation éventuelle. La gestion spécifique des vélos adaptés est assurée par l’entreprise Fleeta.
Ce sera la plus grande flotte du monde de vélos en location de longue durée, passant des 20 000 vélos d’aujourd’hui à 30 000 en 2028, et jusqu’à 40 000. L’ensemble sera exploité pour 7 ans par Cyclonova, une structure créée par La Poste et Transdev, exploitant de transports en commun de niveau mondial dont le plus gros client est l’ïle-de-France !
Pour ceux qui après l’avoir essayé veulent l’adopter la Région propose des aides financières à l’achat, à des taux variables selon les modèles, en complément des autres aides et avec un plafond de 50% du reste à payer.
Enfin vont être créées des Maisons du vélo près des gares, en nombre évidemment faible pour commencer : 11 fixes et 7 mobiles. Elles apporteront tous les conseils souhaités, feront de l’entretien, aideront à résoudre toutes sortes de questions liées au vélo, et procéderont, dans les maisons fixes, à de la location de courte durée de vélos et de VAE, pour une durée d’une demi-journée (7 € pour un vélo) à 7 jours. Cela concerne les individuels comme les familles (5 locations maximum) mais pas les groupes. Ces maisons fixes accueilleront aussi des ateliers d’auto-réparation et des formations à la pratique du vélo. Elles sont conçues comme la porte d’entrée dans la mobilité active.
Les premières ouvriront dès janvier 2026 à Ermont-Eaubonne (95), Juvisy (91) et Croix de Berny (92), suivies d’Aulnay-sous-Bois (93), Maisons-Alfort (94), Évry-Courcouronnes (91), Houilles-Carrières (78) au printemps, Cergy-Préfecture (95) à l’automne et Palaiseau Polytechnique (91) en fin d’année.
50% des trajets en Ile-de-France peuvent être faits à vélo, ou à VAE si on est obligé de franchir des côtes importantes puisque le bassin parisien est fait de rivières, de coteaux et de plateaux, en cercle et en radial. La location ouvrira le 5 janvier 2026.
Deux ou trois roues, seul ou accompagné, à moteur ou sans …
Pour que tout aille bien jusqu’à l’adoption ne restera plus qu’à régler la question des garages à vélo au domicile ou près des lieux de travail.
La cause et le pourquoi
Ile-de-France mobilités conçoit son service de location comme un outil de transformation des usages, un levier de transformation du système de mobilité francilien. Et ça marche l en vélo électrique pour certains, en vélo tout normal pour la plupart, selon les déclarations.
Pourquoi le vélo ça a marché finalement aussi bien en Île-de-France, après 50 ans d’autoroutification forcenée ?
Parce que la plupart des déplacements se font sur d’assez courtes distances. Dans la région 50% des trajets font moins de 7 km. De plus souligne la présidente, la région est stressante, et pleine de jeunes (étudiants, jeunes professionnels) et âgée (puisqu’on vieillit de plus en plus longtemps).
Parce que la Région multiplie les garages à vélo près des gares, notamment celles du Grand-Paris express, qui commence à être mis en service sur certaines lignes.
Parce que la Région soutient à fond le projet de pistes cyclables que lui avait présenté le Collectif Vélo en Île-de-France et qui a en charge son pilotage. En 2030, assure Mme Pécresse, on aura 750 km d’axes cyclables « hors-voirie » contre déjà 300.
Parce que ce service de location de dingue a fait passer le cap à votre voisine et a fait des envieux, et parce que leur qualité et le service ont été dès le premier jour au super-top.
Parce que il y a des aides à l’achat. Parce que ? dans une certaine mesure. A ce propos on note une offre « spéciale jeunes », 15-25 ans, pour les vélos tout court … qui a pas mal de succès chez les plus âgés d’entre eux … Ces derniers, visiblement, déjà jeunes professionnels, en profitent pour s’acheter un vélo cher et sportif … Une aide qui méritera d’être revue, me dit-on, car la cible c’était plutôt les 16-20 ans, les actuels allergiques au vélo. Par la location peut-être d’abord ? Ou finalement pas revue, car après tout David Sayag (Sociologie du vélo) a montré que les frontières entre les pratiques ne sont pas étanches.
Parce que l’essayer c’est l’adopter comme a constaté la Présidente, ce qui justifie amplement cette politique de location !
Un vélo adapté et la vie reprend ! Le casque et le moteur ne sont nullement obligatoires, ils peuvent même être déconseillés.
