Les concerts de l’Orchestre universitaire de Strasbourg (OUS), placés sous la direction de l’excellent jeune chef italien Mauro Mariani, se suivent et se ressemblent, aussi bien dans la qualité des prestations que dans l’amplitude de leurs programmes. Ainsi, les six danses de Bartók datées de 1923 et données en ouverture, assez loin dans leur essence des inspirations populaires portées souvent par leur créateur, présentent un langage savant complexe.

Dans ce kaléidoscope génial et brillant, fort d’une rythmicité omniprésente et d’harmonies parfois proches du jazz, tous les musiciens s’inscrivent dans une parfaite scansion du discours et se fondent avec une souplesse remarquable – pour ne pas dire professionnelle ! – dans la négociation des nombreux changements de tempi.

Le concerto en sol de Ravel en exergue

Le célébrissime Concerto en sol de Ravel voit ensuite la pianiste russe Alexandra Sikorskaya occuper l’avant-scène, assez loin, compte tenu de l’étroitesse du plateau, du podium du chef, ce qui ne l’empêchera pas de s’intégrer impeccablement au collectif. Dans le très attendu adagio assai, elle offre un phrasé aux contours nettement détourés ; et en surimpression progressive, cordes et bois s’ajustent avec une exquise délicatesse. Les mouvements rapides peuvent encore gagner, certes, en espièglerie et en légèreté, mais donnent à entendre, malgré leur difficulté ardue, un ensemble richement coloré et à l’énergie toujours renouvelée.

Pour finir, l’OUS célèbre l’art solaire de Sibelius en jouant sa cinquième symphonie – pourtant écrite au moment de la Première Guerre mondiale. Le bourdonnement des cordes liminaire impressionne par sa suggestivité et le clair sens de son mouvement ondulatoire. L’apparition des cuivres, comme un rai à travers la brume, saisit autant. On retrouve l’énergie bouillonnante des cordes, en pleine forme, dans un final dont le geste de Mariani révèle son ample lyrisme avec maestria, suivant un andante au cantabile superbe. Donnés à l’issue d’un semestre de travail, ces concerts illustrent l’extraordinaire densité musicale de la jeunesse à Strasbourg !

Le bis joué par Alexandra Sikorskaya mardi soir était Clair de lune extrait de la Suite bergamasque de Claude Debussy.