Les États-Unis restent « le plus grand allié » de l’Union européenne, a affirmé samedi 6 décembre 2025 la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, après la publication de la nouvelle stratégie de sécurité américaine, résolument nationaliste, anticipant l’« effacement civilisationnel » de l’Europe.

« Bien sûr, il y a beaucoup de critiques, mais je pense que certaines d’entre elles sont également fondées », a déclaré Kaja Kallas, interrogée sur ce document lors d’une conférence à Doha, au Qatar. « Les États-Unis restent notre plus grand allié […] nous n’avons pas toujours été d’accord sur différents sujets mais je pense que le principe général reste le même. Nous sommes les plus grands alliés et nous devons rester unis », a-t-elle ajouté.

Une stratégie qui soutient les affirmations de l’extrême droite

L’administration Trump a publié vendredi un document qui redéfinit sa « Stratégie de sécurité nationale » en ligne avec l’approche du président américain consistant à mettre « l’Amérique d’abord ». Le document s’en prend vivement aux Européens, soutenant les affirmations de l’extrême droite selon lesquelles le Vieux continent est confronté à un « effacement civilisationnel » dû à l’immigration. Il met aussi en cause « son obsession infructueuse pour l’asphyxie réglementaire ».

Le document promet également qu’il n’y aura pas d’élargissement de l’Otan, anéantissant une fois de plus les espoirs de l’Ukraine qui subit l’invasion russe. « L’Europe a sous-estimé son propre pouvoir. Vis-à-vis de la Russie, par exemple […] nous devrions avoir davantage confiance en nous », a affirmé Kaja Kallas.

Responsables ukrainiens et américains se retrouvent samedi à Miami pour une troisième journée consécutive de pourparlers visant à mettre fin à plus de trois ans de guerre avec la Russie. « Imposer des restrictions et des contraintes à l’Ukraine ne nous apportera pas une paix durable », a mis en garde la responsable européenne. « Si l’agression est récompensée, elle se reproduira, non seulement en Ukraine ou à Gaza, mais partout dans le monde », a-t-elle ajouté.

Quelques points de la Stratégie nationale dévoilée par Trump

> Washington dénonce pêle-mêle les décisions européennes qui « sapent la liberté politique et la souveraineté, les politiques migratoires qui transforment le continent et créent des tensions, la censure de la liberté d’expression et la répression de l’opposition politique, la chute des taux de natalité, ainsi que la perte des identités nationales ».

> Soulignant les efforts pour accroître l’approvisionnement énergétique américain, le texte estime que « la raison historique de l’Amérique de se concentrer sur le Moyen-Orient va diminuer ».

> Il appelle à « restaurer la suprématie américaine » en Amérique latine et annonce un « réajustement » de la présence militaire américaine dans le monde. Il recommande aussi « un éloignement des théâtres dont l’importance relative pour la sécurité nationale américaine a diminué ».

> Concernant la Chine, la stratégie réitère les appels pour une région Asie-Pacifique « libre et ouverte », mais met davantage l’accent sur la concurrence économique. Le Japon et la Corée du Sud sont appelés à faire davantage pour soutenir Taïwan face à Pékin.

> Par ailleurs, « l’ère des migrations de masse doit prendre fin. La sécurité des frontières est l’élément principal de la sécurité nationale », affirme ce document.