Veolia mise 1 milliard de livres (1,14 milliard d’euros) sur la chaleur urbaine au Royaume-Uni.

Veolia a dévoilé le 25 novembre son nouveau programme Ecothermal Grid : une nouvelle génération de réseaux de chaleur, bas-carbone, flexibles, et capables de mailler les villes britanniques les plus denses comme les plus étendues.

Un pari à un milliard de livres (1,14 milliard d’euros), investis d’ici 2030, pour préparer une pôle position sur un marché potentiel colossal à travers tout le pays qui entend poursuive  sa mue verte.

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Au Royaume-Uni, chauffer les bâtiments reste le talon d’Achille de la transition énergétique. Radiateurs, douches, chaudières industrielles représentent 37 % des émissions nationales de CO₂. Pour l’instant, seuls 3 % des besoins en chauffage sont couverts par des réseaux urbains.

L’ambition du gouvernement britannique est d’atteindre 20 % d’ici 2050. Cela suppose un changement d’échelle spectaculaire, que Veolia anticipe avec un portefeuille de projets estimé à 1 milliard de livres (environ 1,14 milliard d’euros) sur les cinq prochaines années. Le potentiel total ? Jusqu’à 80 milliards de livres (91,36 milliards d’euros) de valeur de marché pour les réseaux de chaleur, selon les projections nationales.

Autant dire que les premiers qui poseront leurs tuyaux poseront une belle option sur un marché plus que juteux.

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Southwark 2.0 : quand les poubelles chauffent la ville

Premier jalon de cette stratégie, le réseau Southwark 2.0 de Londres. Une fois achevé, ce projet alimentera près de 7 000 foyers grâce à la chaleur excédentaire produite par l’usine de valorisation énergétique des déchets de Veolia, déjà active dans le quartier.

Le principe est simple : récupérer les calories contenues dans les fumées, les transférer via un échangeur thermique, et les injecter dans un circuit d’eau chaude à haute performance pour 14 000 tonnes de CO₂ évitées chaque année, soit l’équivalent de 7 000 voitures retirées des routes.

La première phase, en service depuis peu, dessert 2 500 logements. La seconde démarrera, si tout se passe bien, en mars 2026, avec une extension supplémentaire du réseau de chaleur. Ce projet, modulaire et évolutif, incarne la nouvelle approche de Veolia : déployer progressivement, en adaptant les sources au contexte local.

Données génomiques, chaleur géothermique

Autre projet emblématique : le réseau 5e génération du Wellcome Genome Campus, dans le Cambridgeshire. Cette cité scientifique de 180 hectares, en pleine expansion, prévoit de récupérer à la fois la chaleur résiduelle d’un centre de données et l’énergie géothermique du sous-sol local.

On y verra bientôt un réseau hybride, capable d’assurer chauffage l’hiver, rafraîchissement l’été, et même stockage d’énergie thermique. Une sorte de thermostat géant pour un écosystème de laboratoires de pointe. Ce type de réseau multi-sources, entièrement numérisé, préfigure les infrastructures énergétiques intelligentes dont les villes européennes auront besoin dans les prochaines décennies.

Un cadre politique encore trop tiède

Pour faire décoller ces réseaux, Veolia plaide pour un environnement réglementaire plus incitatif. Aujourd’hui, les projets comme Southwark 2.0 ou Wellcome reposent sur des mécanismes de subvention fragiles et temporaires, comme le Green Heat Network Fund.

Ce que propose l’entreprise, c’est :

  • D’utiliser le système d’échange de quotas carbone (ETS) pour accorder des crédits aux usines qui alimentent des réseaux de chaleur.
  • D’obliger les nouveaux bâtiments à se raccorder aux réseaux existants, pour éviter les « tuyaux à vide ».
  • De prolonger les dispositifs de financement au-delà de 2030, pour donner de la visibilité aux opérateurs.

En clair, il faut que la réglementation colle à l’urgence climatique, sans laisser les pionniers s’épuiser seuls.

Un réseau d’idées et d’énergie

Derrière ces projets techniques, il y a une conviction : le réseau de chaleur est une solution profondément collective. Il mutualise les besoins, valorise les pertes, évite le gaspillage. Il transforme des calories oubliées en confort partagé. Et il s’intègre dans l’urbanisme sans besoin de panneaux solaires ou de batteries apparentes.

Veolia veut jouer ce rôle d’opérateur global, capable de coordonner les sources, de réguler la demande, et d’optimiser les rendements. L’entreprise vise, ni plus ni moins, la première place européenne du secteur. Et avec ses 215 000 collaborateurs répartis sur les cinq continents, 44,7 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2024, et 42 térawattheures d’énergie produits, elle a de quoi voir loin.

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Portefeuille Ecothermal Grid de Veolia au Royaume-Uni

Localisation Projet Source principale Ménages desservis CO₂ évité / an Déploiement prévu Londres (Southwark) DHN “Southwark 2.0” Chaleur de valorisation des déchets 7 000 (total) 14 000 tonnes 2025–2026 Cambridgeshire Wellcome Genome Campus Géothermie + data center Campus étendu À estimer Démarrage en cours Bristol, Yorkshire, Wiltshire Autres projets Ecothermal Grid Mix : valorisation, géothermie, récupération industrielle À définir Objectif national : 15 Mt CO₂ d’ici 2050 D’ici 2030

 

Source: Veolia