Toujours dans le match à l’heure de jeu, les Grenoblois de Bastien Soury ont coulé dans les 20 dernières minutes pour finalement encaisser le plus lourd revers de leur saison (43-7). Comme l’assument Romain Fusier et l’entraîneur principal Jeff Dubois, le FCG est dans le dur et va vite devoir trouver des solutions pour ne pas sombrer.

Les saisons se suivent, mais ne se ressemblent pas pour Grenoble. Finaliste malheureux des trois dernières éditions, les Isérois sont enlisés dans le ventre mou du Pro D2 et la déroute à Colomiers en ouverture de la 13e journée n’est pas pour rassurer. Pourtant, face à un hôte aux idées de jeu portées sur l’offensive, les conditions météorologiques étaient une précieuse aide pour décrocher, enfin, cette première victoire à l’extérieur depuis l’arrivée de Jeff Dubois aux commandes. Le plan semblait clair : capitaliser sur les erreurs d’une équipe columérine joueuse et maladroite la semaine précédente à Brive, ce qui fut le cas pendant soixante minutes, jusqu’à cette occasion manquée après une belle percée de Costa Storti, immédiatement punie par un essai en contre : « C’est le coup de massue qui nous a fait plonger, reconnaît Bastien Soury. Après ça, c’est la descente aux enfers. C’est l’explosion complète. Et ça, ce n’est pas normal. »

Le talonneur qui fêtait son premier capitanat avec le FCG est lucide. Après l’heure de jeu, la lumière s’est brusquement éteinte et avec 21 points encaissés en 19 minutes, l’addition est salée : « Je n’explique pas comment on a pu baisser les bras, rembobine le trois-quarts centre Romain Fusier. On n’est pas en confiance, cela se voit, mais je peux vous dire qu’on travaille à l’entraînement. Peut-être pas assez, mais on fait les efforts pour revenir sur nos standards de la saison passée. » « C’est incompréhensible, abonde Jeff Dubois. Ce n’est pas le score qui me déçoit en soi, c’est plutôt le fait qu’on s’écroule alors qu’on était dedans, et je veux comprendre pourquoi. Il y a des mauvais choix, certes, mais l’état d’esprit est décevant. »

Des attitudes en question

Constamment présent dans le top 4 du championnat lors des trois dernières saisons, le FCG n’y est plus. Et des attitudes ne trompent pas, à l’image d’une fin de match galvaudée où certains joueurs – après le sixième essai encaissé à la sirène – semblaient bien pressés de rejoindre le vestiaire. Pour la première fois de la saison, les Grenoblois ont lâché dans les têtes, et au-delà de la défaite, c’est ce qui semblait le plus difficile à accepter : « C’est ce qui dérange tout le monde, nous en avons discuté après le match tous ensemble car depuis que je suis arrivé, je n’avais jamais senti le groupe lâcher, pose Soury. Il faut que tout le monde se regarde. Nous sommes sur le terrain, nous devons assumer la responsabilité. »

Si la déroute est totale, reste que Grenoble a eu des occasions pour faire douter cette équipe columérine. Par deux fois, Raffaele Costa Storti est parvenu à breaker la défense sans pour autant finir les actions. Une responsabilité difficile à imputer au seul ailier, tant il fut le seul véritable danger de l’attaque grenobloise. Dès lors, la sortie un brin accusatrice de Romain Fusier à l’encontre de son coéquipier détonne, et en dit long sur la frustration qui anime une équipe censée évoluer avec les autres cadors de la D2 : « Deux fois je crois que c’est ‘Raffa’ qui va pour marquer, et je ne comprends pas comment on fait pour ne pas scorer. À chaud comme ça pour moi c’est une erreur de sa part. On verra ça à la vidéo, mais on a clairement deux « pénaltys » qu’on ne met pas au fond, c’est dommageable. Je suis déçu car si on avait mis ces essais, le résultat n’aurait pas été le même. »

Ce groupe qui menaçait de faire grève il y a deux mois en marge de la 6e journée a-t-il digéré le départ du très apprécié Nicolas Nadau ? Est-il aligné sur le nouveau projet porté par l’ex-entraîneur de Dax ? Et plus largement, a-t-il la force de se relever après trois finales et autant d’access-matchs perdus ? Présent aussi pour assumer, Jeff Dubois semblait à la fois attristé des manques de son équipe, songeur quant aux raisons de cet abandon, mais pas pour autant fataliste : « Recentrer le groupe ? C’est une bonne question. J’ai plus envie qu’il continue à vivre malgré le fait que certains aient la tête ailleurs, même si ce ne sont pas forcément ces joueurs-là qui sont passés à côté ce soir. Je pense simplement qu’il faut se dire les choses. Repartir de zéro. Tourner la page du passé. Des cadres ont pris la parole, il faut que tout le monde s’exprime. Mais on ne peut pas continuer comme ça. »

Une réaction attendue

S’il s’est laissé le temps du trajet retour en bus jusqu’à Grenoble pour la réflexion, Jeff Dubois a promis de rapidement « changer des choses » car son équipe est « très malade » selon ses propres dires. Il le faut, car la suite s’annonce ardue pour le FCG. Un « derby » chez le voisin Valence Romans – révélation de cette première partie de tableau –, avant la réception de Dax, et un déplacement à Aix-en-Provence. Rien n’est définitif, évidemment, pour la qualification, mais la crise de résultats et de confiance est bel et bien là. « On est dans le dur, assume Soury, et c’est à nous de décider maintenant, d’abord en se regardant individuellement, tous, moi le premier, puis en étant en capacité de se dire les choses. Il va falloir réagir en équipe si on ne veut pas que la saison soit très longue. Nous sommes dans le même bateau, et il est en train de prendre l’eau. »

Orgueil, fierté, amour du club : tous les ressorts seront bons pour aller chercher une réaction que tous appellent de leurs vœux. Car si les Grenoblois en ont vu d’autres, la Pro D2 n’attend pas et s’est déjà montrée intraitable avec d’anciens prétendants à la montée. À eux désormais de trouver les ressources pour se relever comme ils l’ont déjà démontré par le passé afin de ne pas hypothéquer leurs ambitions de qualification.