Ouvert en novembre 2024 à Marseille, Rouge est né du désir de Louise Perrone et d’Arthur Le Hunsec d’ancrer leur histoire culinaire dans un lieu intime, vivant, habité par le partage et la mer. Elle est cheffe, solaire, instinctive, façonnée par la précision végétale de l’Arpège et la sensibilité du Septime. Il est maître d’hôtel, caviste et visage de l’accueil, formé à l’école Ferrandi puis longuement nourri par l’exigence hospitalière d’Alain Passard. Ensemble, ils ont choisi Marseille pour écrire leur premier chapitre commun, un restaurant à la Pointe Rouge, les bras ouverts face à la Méditerranée, pensé comme une table où l’on vient pour prendre le temps.

Rouge est né d’un voyage, d’une traversée de continents, d’une curiosité indomptable. Louise et Arthur ont parcouru l’Australie, la Nouvelle-Zélande, Paris et Marseille avant de revenir ici avec la conviction qu’un restaurant n’est pas seulement un métier, mais un endroit où l’on raconte ce que l’on aime et ce que l’on est. Leur adresse respire la liberté, la sincérité, l’envie d’ouvrir grand les portes à ceux qui se reconnaîtront dans leur façon de recevoir.

Louise Perrone et d’Arthur Le Hunsec ©Rouge

Rouge est un bistrot moderne et décomplexé, un lieu où l’on entre pour manger, mais d’abord pour être là. Il y règne la chaleur des fins de journée sur le port, le bruit doux des verres qui s’entrechoquent, la lumière rougeoyante qui se pose sur les tables en bois clair. La salle est simple, contemporaine, vivante. Quelques touches de couleur rappellent le nom, comme un fil rouge qui traverse le décor et raconte l’énergie du partage. On s’y installe près du bar, face à la cave ouverte, ou près des grandes baies qui laissent entrer l’air du large. Aux beaux jours, la terrasse prolonge l’expérience, presque au rythme des vagues.

Dans l’assiette, la mer prend la parole, fraîche, iodée, ciselée, sans artifice. La cuisine de Louise se lit comme une suite de paysages : un ceviche de dorade juste assaisonné, relevé d’agrumes et d’herbes marines ; un poulpe grillé aux parfums fumés, servi avec des légumes du Sud et une huile infusée au thym citron ; une tarte fine à l’anchois et au fenouil confit, croustillante et subtilement sucrée. On y croise parfois un poisson de pêche locale poché lentement, accompagné d’une vierge aux olives noires et d’un jus clair aux herbes, ou encore des gnocchis maison aux blettes, nappés d’un beurre aux coquillages. Les desserts prolongent la douceur : un flan infusé au basilic, un agrume poché au miel de Provence, une ganache légère au chocolat noir escortée de figues rôties. Rien n’est figé. La carte change, respire, suit le marché, l’humeur, le mistral, les arrivages du matin.

La cave, dirigée par Arthur, est à l’image du lieu : vivante, généreuse, curieuse. Les vins nature côtoient les grands classiques, les domaines du Sud dialoguent avec des bouteilles venues de Loire ou d’Italie. On peut y découvrir un blanc salin de Cassis, un rouge charnu du Roussillon, un pétillant d’auteur avec l’insolence d’un fruit jeune. On goûte, on se surprend, on partage volontiers une bouteille qui circule entre les mains et les conversations. Le vin n’intimide pas : il réunit.

Rouge est un lieu de lumière, un morceau de rivage posé sur une table, une cuisine qui va droit au produit sans chercher à le camoufler. On y vient pour un dîner iodé sans contrainte, pour un déjeuner au soleil, pour un verre au comptoir qui se prolonge, pour un moment simple qui demeure en mémoire.

Par Sandrine Kauffer