À cent jours des municipales, le tableau prend forme sous nos yeux à la façon du pointillisme ; une petite tache de couleur par commune, plus au moins visible selon l’enjeu symbolique, plus ou moins centrale selon le nombre d’habitants. Le ciel de cette toile est assombri par les nuages qui se sont amoncelés au-dessus du climat politique national : l’impopularité du président de la République, le marasme de l’Assemblée, les inquiétudes budgétaires, le sentiment de lassitude qui nous a tous gagnés et celui du dégoût qui nous guette.

Et pourtant, le tableau prend forme vaille que vaille. S’il nous faudra attendre le soir du second tour, le 22 mars prochain, pour pouvoir le regarder dans toute sa vérité et toutes ses nuances, il dessine déjà les grandes lignes d’un paysage.

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En faisant quelques pas en arrière pour mieux l’embrasser du regard, on observe que les candidats répondent présent. La grande vague de démissions annoncée n’a pas lieu. Malgré l’ingratitude des administrés et les lourdeurs de l’administration, des femmes et des hommes continuent de s’engager.

Il apparaît également que de nombreuses listes se présentent comme des collectifs de citoyens. Sans doute certaines espèrent-elles simplement séduire en adoptant une posture et un vocabulaire dans l’air du temps. Avec elles, grâce à elles, l’exercice du pouvoir promet d’être plus transparent, la démocratie s’engage à être plus directe et les têtes qui aspirent à dépasser sont menacées d’être aussitôt coupées.

Il reste encore trois mois avant le rendez-vous démocratique. D’autres formes vont émerger au milieu du tableau, des contours vont bouger. Le 15 mars, combien serons-nous à nous joindre à cette œuvre collective ? Il y a six ans, la participation a été historiquement faible. La faute au Covid et au Covid seul, a-t-on dit alors. On aimerait en être pleinement persuadé.

(Lire le précédent édito)