Bordeaux a signé un succès de caractère en Afrique du Sud, s’imposant 46-33 face aux Bulls au terme d’un match fou, dominé par l’impact offensif et le sens du contrôle girondin.

On savait l’UBB capable d’allumer des feux partout, mais c’est à Pretoria que les Bordelais ont rappelé à quel point leur rugby peut faire basculer un match. Les Bulls ont frappé les premiers, ont marqué cinq essais, ont imposé leur puissance… mais Bordeaux a répondu par un réalisme dingue, une capacité rare à accélérer au bon moment et un sens du timing que les Sud-Africains n’ont jamais réussi à maîtriser. Au final, sept essais marqués, quarante-six points inscrits loin de Chaban, et la sensation que cette équipe sait gagner autrement que sur ses bases habituelles.
Bordeaux prend le dessus à l’usure et à l’intelligence
Les chiffres racontent un match ouvert, débridé, presque incontrôlable par séquences, mais ils montrent surtout une UBB plus cohérente, plus constante, plus juste. Avec 115 courses contre seulement 63 pour les Bulls, Bordeaux a monopolisé l’avancée. Même chose sur les mètres gagnés après contact : 184 mètres girondins contre 120 côté sud-africain. Dans ce type de confrontation, cette capacité à rester debout, à gagner les collisions, crée des décalages qui finissent par peser lourd.
La possession suit la même logique : 60 % pour les Bordelais, 40 % pour les Bulls. Les dix dernières minutes, dominées à 69 % par l’UBB, montrent une équipe qui a su fermer la porte au moment où Pretoria espérait un dernier rebond. Et l’occupation confirme la physionomie : 58 % du temps dans le camp des Bulls, preuve d’un match joué dans la bonne zone.
Côté conquête, les deux équipes ont réussi leurs mêlées à 100 %. En revanche, la touche a davantage penché du côté bordelais : 92 % de réussite contre seulement 69 % pour les Bulls. Dans un match où les possessions longues et les enchaînements comptaient énormément, chaque ballon propre valait cher. Bordeaux a mieux su capitaliser.
Beaucoup de turnovers concédés côté Bordeaux-Bègles
Les turnovers en disent aussi long. Si Bordeaux en a perdu seize, Pretoria en a concédé douze, mais l’essentiel est ailleurs : l’UBB a su transformer ses récupérations (seulement quatre, mais toutes dans des moments clés) en actions définitives. Les Bulls, eux, ont essayé de jouer vite, souvent trop, et se sont parfois enfermés dans un faux rythme qui a profité aux Girondins.
Enfin, en défense, Bordeaux termine avec un taux de réussite de 90 %, contre seulement 81 % pour les Bulls. Ce gouffre explique beaucoup : même si Pretoria a eu des séries puissantes, Bordeaux a mieux tenu, mieux refermé, mieux géré la largeur. L’UBB repart ainsi d’Afrique du Sud avec une victoire signature et la première d’une équipe française sur les terres suf-africaines. Une victoire d’une équipe qui sait voyager, qui assume de jouer son rugby partout, et qui prouve surtout qu’elle peut gagner un match brouillon sans perdre son identité. C’est souvent le signe des équipes qui comptent dans une saison européenne.