Le public marseillais attendait une déflagration, il en a eu à répétition ce samedi soir au Dôme, où Gojira poursuivait son tour des grandes salles françaises. Et ce n’est pas la main droite dans l’attelle pour cause de blessure au pouce du chanteur Joe Duplantier, néanmoins supplée à la guitare par le vieil ami du groupe Greg Kubaci, qui refroidissait la salle quasi complète.
Bien au contraire même, tant les automatismes avec Mario Duplantier, Christian Andreu et Jean-Michel Labadie étaient évidents malgré cette configuration inédite à cinq sur scène. Après avoir été chauffés à blanc en première partie par le death metal des Danois de Neckbreakker et le punk hardcore envoyé par le groupe canadien Comeback Kid, les spectateurs pouvaient exulter au moment d’accueillir les artistes du Sud-Ouest.
Pogos dans la fosse
Arrivés un par un dans le noir et dévoilés par une explosion de stroboscopes et flammes sur Only Pain. Un titre fait de souffrance et d’illusion porté par la voix profonde de Joe Duplantier.
Ce dernier reprenait quelques instants sa guitare pour l’enchaînement sur The Axe. Et de taquiner : « Vous avez envie de vous faire bourriner la gueule Marseille ça se voit. » Le chanteur ne croyait pas si bien dire, tant les pogos allaient bon train dans la fosse, où les verres plus ou moins remplis de bières volaient dans tous les sens. Quant aux nuques, elles étaient tout autant mises au supplice par la puissance de Backbone, From The Sky ou encore The Cell.
Gojira poursuivait son tour des grandes salles françaises ce samedi soir au Dôme. / PHOTO PHILIPPE LAURENSON
Des incontournables du répertoire de Gojira, qui s’appuyait également sur son dernier album en date, Fortitude (2021). À commencer par Born For One Thing, évoquant la peur de la mort et l’acceptation de son destin. Ou encore Another World, et son désir d’évasion d’un monde bien sombre. Prêt à se faire chambrer par son public du Sud, le groupe prenait la foudre en confessant n’être venu « que deux fois ici ». Avant que les frangins Duplantier ne provoquent les rires en se taclant à tour de rôle.
Notes dévastatrices
À grand renfort de double pédale, Mario assurait cependant la cadence, torse nu derrière sa batterie. Et il fallait bien ça pour porter des thèmes forts comme la quête existentielle ou encore le combat pour la culture, dans un Dôme à l’atmosphère flirtant avec la limite du respirable. Le moment que tout le monde attendait arrivait aux deux-tiers du concert, quand Joe Duplantier lançait : « Le prochain morceau parle de bain de sang, de décapitation et de République ! »
La clameur était alors supplantée par les notes dévastatrices de Mea Culpa (Ah ! Ça ira !), accompagné de sa giclée de sang géante en papier, qui a fait de Gojira une référence pour le grand public lors des JO de Paris 2024. Si la mezzo-soprano Marina Viotti n’était pas présente, sa voix a bel et bien résonné. Occasionnant quelques frissons sur ce titre inspiré du célèbre chant révolutionnaire, et dont la résonnance, en cette période de défiance citoyenne envers la classe politique, était lourde de sens.
Le groupe n’avait alors plus qu’à dérouler la fin de son set, marquée par Amazonia, et son cri d’alerte sur les conséquences terribles de la déforestation en Amazonie. Mais aussi par la colère brute exprimée sur L’Enfant Sauvage. Les ultimes notes faisaient résonner Global Warming, évoquant la destruction de la planète par les humains et la nécessité de se poser les bonnes questions pour la préserver. Mais même dans le chaos, Gojira rallumait la lumière en clamant « We will see our children growing » (Nous verrons nos enfants grandir).