La plus jeune milliardaire autodidacte, c’est elle, Luana Lopes Lara. À la tête d’une fortune d’1,3 milliard de dollars à seulement 29 ans, elle vient de dépasser Lucy Guo, la cofondatrice de Scale AI, une entreprise spécialisée dans l’intelligence artificielle, qui avait elle-même subtilisé le titre à Taylor Swift en juin dernier, que les excellentes recettes de sa tournée pharaonique The Eras Tour avaient hissée au-dessus de Kylie Jenner, milliardaire grâce à son empire de cosmétiques, Kylie Cosmetics.
Luana Lopes Lara devient la plus jeune milliardaire que la Terre ait portée grâce à Kalshi, qui se revendique comme la « plus grande entreprise mondiale de marchés de prédictions », qu’elle a cofondée en 2018. La société permet aux utilisateurs de parier sur l’issue d’événements futurs dans une variété de sujets différents dans le but de « permettre à chacun de tirer profit de ses opinions, d’investir dans l’actualité du quotidien et de se prémunir contre les risques qui y sont liés ».
Parmi les questions proposées actuellement, « Est-ce que Trump va sortir les dossiers Epstein avant 2026 ? », « Qui va gagner l’Oscar du meilleur film ? » ou encore « Qui sera sacré champion de Formule 1 ? » (les parieurs donnent l’avantage à Lando Norris plutôt qu’à Max Verstappen). Victime de son succès, la valeur de Kalshi a quintuplé en moins de six mois pour atteindre les onze milliards de dollars, a annoncé Forbes, le 2 décembre dernier. Un sursaut financier profitant largement à ses deux cofondateurs, qui, détenant chacun 12 % de l’entreprise, ont vu leur fortune atteindre les 1,3 milliard de dollars.
Une prometteuse carrière de ballerine
Avant de faire fortune dans le marché très fermé des prédictions, Luana Lopes Lara était destinée à une toute autre carrière. Née d’une mère professeure de mathématiques et d’un père ingénieur électricien, la Brésilienne suit des cours de danse dans une prestigieuse école de ballet, affiliée au Théâtre Bolchoï, un opéra historique de Moscou. Après avoir décroché son baccalauréat, elle s’envole pour l’Autriche pour poursuivre sa carrière de danseuse. Elle abandonne ses pointes et ses tutus neuf mois plus tard et rejoint les États-Unis avec un rêve en tête : devenir la future Steve Jobs.
Scolarisée au Massachusetts Institute of Technology, elle suit des cours d’informatique. Elle rencontre Tarek Mansour, d’origine libanaise, qui, intrigué par la jeune femme assise constamment au premier rang, finit par l’y rejoindre. De leur amitié nait l’idée d’une entreprise qui faciliterait la prédiction d’événements futurs afin d’aider la prise de décisions financières. « Nous avons constaté que la plupart des transactions boursières ont lieu lorsque les gens ont une vision de l’avenir et cherchent ensuite un moyen de l’intégrer aux marchés », explique la jeune femme auprès de Forbes.
Le duo est rapidement confronté à la réalité des faits : il doit obtenir une autorisation fédérale pour que leur entreprise soit réglementaire. Ils démarchent une quarantaine de cabinets d’avocats, mais tous refusent de les aider, invoquant leur inexpérience et la petite taille de leur business, jusqu’à ce qu’un certain Jeff Bandman croie en eux et les aide dans leur projet. En septembre 2024, ils franchissent une nouvelle étape et obtiennent de la justice américaine le droit de se lancer dans les marchés électoraux, permettant aux utilisateurs de parier légalement sur des résultats politiques. Juste à temps pour les élections présidentielles, opposant Kamala Harris et Donald Trump. Cette période est particulièrement fructueuse pour Kalshi qui enregistre plus de 500 millions de dollars de paris (les utilisateurs avaient prédit avec succès la victoire de Trump).
Surfant sur la vague de son succès, l’entreprise enregistre désormais un milliard de dollars de paris hebdomadaires, a rejoint le très lucratif marché de la cryptomonnaie et vient de signer un partenariat avec la chaîne d’information CNN pour fournir en direct des données de marché sur les sujets d’actualités politiques ou encore culturels. De quoi promettre aux cofondateurs de Kalshi de s’enrichir encore un peu plus.