Le billet de Camille

Solann, Clara Luciani, Angèle, Marguerite, Yoa, Helena, Theodora ou encore Pomme : toutes ces artistes incarnent, chacune à leur façon, une sorte de nouvelle scène francophone post #MeToo. Elles chantent frontalement le harcèlement, le consentement, les amours lesbiennes, les violences sexuelles. Et elles le font avec les armes de la pop.
Il est arrivé que l’on reproche à des artistes, Beyoncé par exemple, un féminisme trop libéral, qui tourne à la stratégie commerciale.
Mais avec les artistes de cette nouvelle génération, ayant, comme leurs ainées, subi le sexisme, parfois les violences, la différence est que #MeToo leur a appris à les voir et à les nommer.

Une génération en colère, et qui en fait de la musique.

La pop française post #MeToo

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Solann se reconnait dans cette forme d’engagement : « Cela aurait été un effort conscient de ma part de ne pas être engagée. J’ai des parents intermittents et prolos, j’ai passé mon temps dans les manifestations, cela aurait été très difficile d’avoir des textes dénués de tout engagement. L’art est politique car c’est ma parole dans un espace public. »

Un engagement que l’on retrouve donc dans ses textes : « Je crois que je suis en colère tout le temps. Mais dans notre société, il ne faut pas que les femmes expriment trop ce sentiment. Les hommes ne doivent pas exprimer leur tristesse, et les femmes leur plaintes, leurs revendications. Je suis quelqu’un de très doux mais je mets cette colère dans ma musique et dans une certaine forme de lutte. »

Solann en live dans Tapage, avec le titre « Thelma & Louise ».

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Elle assume complètement un côté drama-queen : « C’est une carapace, cela me permet de justifier le fait d’oser me montrer sur scène et de me dire que je suis légitime de le faire. C’est aussi lié à ma sensibilité, et le fait de ressentir parfois les choses plus fortement qu’elles le sont. »

Sa voix et ses textes renvoient l’image d’une artiste anachronique : « J’ai toujours eu ce côté-là, peut-être parce que j’ai grandi en écoutant du théâtre, en entendant mon père réciter ses textes, et rapidement j’ai eu cette façon de parler qui n’était pas vraiment de mon âge. J’ai fini par accepter et cultiver ce côté étrange. »

La carte blanche live de Solann, la reprise d' »Hier encore » de Charles Aznavour

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Si vous souhaitez écouter le message de Yoa, en savoir plus sur l’origine du prénom de Solann, son chat Morphée, le thème de la faim développé dans ses chansons, les sonorités de ses origines arméniennes dans sa musique, ses vacances à Marseille chez ses grands-parents, sa passion pour Anne Sylvestre, son choix de titre lié à la fête, écoutez l’émission.