L’amende de 120 millions d’euros, annoncée vendredi 5 décembre par la Commission européenne, reproche à la plateforme trois manquements majeurs : un système de « coches bleues » payantes considéré comme trompeur, un registre publicitaire toujours opaque et un refus d’accès aux données pour les chercheurs agréés, rapporte un communiqué de la Commission européenne. Des problèmes soulevés dès juillet 2024 et que X n’a, selon Bruxelles, jamais vraiment corrigés.

Jusqu’ici, Elon Musk critiquait les régulateurs européens sur des questions de fond : liberté d’expression, modération, fiscalité, sans remettre en cause l’existence même de l’Union. Cette fois, il va nettement plus loin en appelant explicitement à son démantèlement « afin que les gouvernements puissent mieux représenter leur population », écrit-il dans un message vu plus d’un million de fois en quelques heures sur X.

Une riposte américaine organisée

La déclaration du patron de Tesla et SpaceX s’inscrit dans une offensive plus large de l’administration Trump. Dès jeudi 4 décembre, le vice-président JD Vance dénonçait déjà « des rumeurs » d’amende pour « non-respect de la censure » et appelait l’UE à « défendre la liberté d’expression plutôt que de s’en prendre aux entreprises américaines pour des broutilles ».

Le lendemain, le secrétaire d’État Marco Rubio surenchérissait : « Cette amende de 140 millions de dollars n’est pas seulement une attaque contre X, mais contre l’ensemble des plateformes technologiques américaines et contre le peuple américain ». Elon Musk avait aussitôt repartagé ces messages, accompagnés d’un simple « Exactly » (« exactement »).

Face à la polémique, la vice-présidente de la Commission en charge du numérique, Henna Virkkunen, a rappelé que « cette décision n’a rien à voir avec de la censure » mais concerne uniquement le respect des règles de transparence et de loyauté commerciale. « Notre objectif n’est pas d’infliger les amendes les plus élevées, mais de garantir l’application de nos lois numériques », a-t-elle indiqué à l’AFP.

Des délais serrés et des sanctions possibles

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Concrètement, X dispose de 60 jours ouvrables pour revoir entièrement son système de vérification payante, et de 90 jours pour proposer un plan d’action en matière de transparence publicitaire. La Commission aura ensuite deux mois pour approuver ces mesures avant de fixer un calendrier définitif. Tout retard ou nouveau manquement pourrait entraîner des pénalités quotidiennes, voire des sanctions beaucoup plus lourdes : jusqu’à 6 % du chiffre d’affaires mondial annuel en cas de récidive, selon le communiqué de Commission européenne.

Rarement une procédure réglementaire aura pris une telle dimension géopolitique. En quelques heures, Elon Musk est parvenu à transformer une sanction technique en confrontation directe avec l’Union européenne, soutenu ouvertement par la nouvelle administration américaine.

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