M. Pokora s’est produit vendredi à la Sud de France Arena à Montpellier, pas devant 7 000 spectateurs, mais avec eux, et a offert avec son « Adrénaline tour », sans doute le spectacle le plus grandiose de sa carrière (à ce jour). On y était, on vous raconte mais attention, on spoile !
Pendant un bon quart d’heure, il ne s’est rien passé, mais rien de rien, puis, pendant deux bonnes heures, ça n’a plus arrêté, mais alors plus du tout ! Vendredi soir, l’« Adrénaline tour » de M. Pokora s’est arrêté la Sud de France Arena, à Montpellier, et les 7 000 témoins de son escale vous le confirmeront : c’était énorme !
Or donc, après la première partie assurée (joliment assurée) par Haïlé Dästa, la scène a-t-elle replongé dans l’obscurité. On n’entend plus que le chuintement des réacteurs d’une fusée sur son pas de tir et les bips numériques des machines. Deux mystérieux personnages, tout de blanc sapés, masqués, façon Assassin’s creed, font un court passage dans le parterre, sinon rien pendant plus d’un quart d’heure. C’est un peu long.
Adrénaline, tout un concept
Enfin, une voix robotique se fait entendre et nous explique, en s’appuyant sur les deux écrans géants verticaux de la scène, le concept du spectacle, « un test » : M. Pokora est « le prototype » qui va être expérimenté « dans Adrénaline ». On le voit sur les écrans, courir sur tapis roulant, masque à oxygène sur le nez, constantes affichées, façon L’étoffe des héros. On baigne en pleine science-fiction ! Ce n’est que le début !
Le voilà qui apparaît vraiment, relié à moult tuyaux dans un décor de néons virtuels, tout en haut du gigantesque escalier que forme la scène. Car dans la lumière (le pluriel sera toujours plus pertinent durant ce show, gigantesque séance de zumba pour pupilles : dilatation/rétrécissement, et plus vite que ça !), on voit beaucoup mieux que celle-ci distribue les quatre musiciens à jardin et cour, laissant son vaste cœur à une impressionnante volée de marches qui descend jusqu’à la fosse de l’Arena, et son parterre assis. Pas la moindre trace de barrière de sécurité donc pas de séparation entre la scène et la salle, autrement dit entre la star et son public.
« Regards braqués sur moi, le pouls s’accélère, vos cœurs au bout des doigts, cette fois, c’est la… dernière », chante M. Pokora, tout en dansant évidemment. « Par la grande porte, je veux m’en aller. Et mes enfants Seront fiers d’ma « life ». Quoi qu’’il arrive, j’aurai tout donné. Adrénaline jusqu’au bout d’la « life » ». Comme déclaration d’intention, difficile de faire pas mieux !
Une exploration de son répertoire
Ainsi, son spectacle, pour futuriste que soit son décorum, va-t-il être également une manière de rétrospective. Pas tout à fait une conclusion mais un bilan tout de même, significatif d’un changement (de direction ? d’envergure ? de paradigme ? d’âge ?). Ainsi, enchaîne-t-il avec Dangerous, une chanson de 2008 ultra efficace, dans un style proche de Justin Timberlake, au d’une douzaine de danseuses et danseurs montés sur ressorts (et sur ascenseurs : ils surgissent de l’intérieur même du grand escalier !). Après un nouveau morceau, plus sentimental Reflet, qui lui offre d’enlever sa veste, et de montrer ses musculeux bras tatoués dans un soupir unanime de la salle, il offre une version explosive, dopé au reggaeton, d’Elle me contrôle, un tube vingtenaire !
Retournement temporel pour la nouvelle Suis-moi je te fuis avec tuto de la chorégraphie fourni par deux silhouettes bâtons sur les écrans… avant qu’un « authentique » Stickman apparaisse sur scène pour un pas de deux avec la star ! Si on se disait est plus calme, servie avec une nouvelle « choré » joliment éclairée par de petites loupiotes dans la main des danseurs. « Intensification requise », grésille la voix robotique. Donc acte : Alexandrie, Alexandra, pieds au plancher, bras au sommet ! La salle danse, exulte, mais elle n’est pas au bout de ses peines (de ses joies, plutôt !) : pour Toute ma life, M. Pokora descend (enfin !) dans le parterre avec ses danseuses ! Avec son gimmick rythmique proche du Thriller de Michael Jackson, Complice (1,2,3) achève de rendre dingue le public.

Quand on dit que M.Pokora est proche de son public, ce n’est pas un vain mot !
J.BE
Le « prototype » est victime d’un bug ; ce qui nous offre un intermède vidéo rigolo façon réinitialisation de Robocop. Quand M. Pokora revient, il a changé de tenu, et de tempo. Il roucoule Juste une photo de toi dans une cabine téléphonique à pièces (souvenez-vous). « Ça ne nous rajeunit pas, cette chanson ! Quinze ans, déjà !, soupire l’artiste, visant une enfant dans le parterre. Je l’ai vue qui la chantait, alors qu’elle n’était même pas née. Je suis hyper reconnaissant de cela ! Pour un artiste, il n’y a rien de plus beau que de faire partie de vos vies, de vos familles, grâce à ses chansons. Merci du fond du cœur ! » Et de poursuit dans le « lover », limite lacrymal, avec Quand même.
Quatre spectateurs en guest stars
Il se ressaisit sur Tombé, qui lui offre l’occasion de retourner dans le public, cette fois en grimpant (très haut, très loin) dans les gradins (ce qu’il refera une nouvelle fois, pour la partie de la salle qu’il n’a pas eu le temps de saluer – avec rafales de check – durant ce titre). S’il revient ensuite sur scène, c’est pour mieux y convier quatre spectateurs choisis par ses danseuses pour leur faire passer le test « Adrénaline max » : Terry (du golf de Saint-Tropez), Emmanuelle (dont c’est l’anniversaire, un an de moins que Matt !), Kathleen (de Quissac, mais née à Metz) et Jennifer (de l’Aveyron, originaire de Pérols) sont équipés de bracelets mesurant leurs pulsations cardiaques. Il chante A nos actes manqués, de JJ Goldman, et fort de ces quatre danseurs supplémentaires, invite la salle à le suivre dans une nouvelle chorégraphie facile et joyeuse. Diagnostic de M. Pokora : « Dis donc, Terry, tu as l’air moins perturbé de danser face à 7000 personnes que par la proximité des danseuses ! »

Le lightshow du spectacle de la tournée « Adrénaline » en met plein la vue… littéralement !
PIXELINE PHOTOGRAPHIE – PIXELINE PHOTOGRAPHIE
Après On est là, il s’offre une séquence acoustique sur les plus basses marches, au pied de la scène (il y a un énorme écran en fond de scène – au passage, il faut saluer l’opérateur steadycam qui n’a pas arrêté pendant deux heures !). Il enchaîne Pas sans toi, Qui on est… Et contre toute attente, le public commence de chanter la version révisée des Planètes, avec le texte fourni par la production (on l’a trouvé sur notre place en arrivant) qui fait l’éloge de M. Pokora qui, surpris ou feignant de l’être, écrase en tout cas une larmichette. « Merci pour l’initiative, la famille, je ne peux pas vous promettre d’être là jusqu’à… pffff… Mais d’une manière ou d’une autre, je serai toujours là, je prendrai peut-être un peu plus de temps à l’avenir mais jamais je ne vous laisserai tomber ! » Et de reprendre le cours de son set acoustique : Juste un instant, Chaque seconde (son duo avec Pierre Garnier, excusé).
Un final et un message
Retour vers l’électrique, et vers le futur avec Mille fois avec une animation vidéo de choeur gospel, Le monde serti d’un énorme solo de guitare, épique, logorrhéique, de Haïlé Dästa à la Flying-V, et Eclipse dans un impressionnant show laser à la Matrix. La version des Planètes qui suit est encore plus magnifique, qui déploie son décor et son lightshow dans une succession de visions d’un espace doré à l’or fin.
Le spectacle touche alors à sa fin et avant d’entonner En haut des marches, Matt Pokora tient à expliciter le sens de sa scène en escalier. Il se souvient en effet qu’à ses tout débuts, à l’époque du télé-crochet Popstars, avant donc le décollage avec son band Linkup, on l’avait prévenu : « N’oublie pas que les gens que tu vas croiser sur ton chemin en grimpant, tu les recroiseras en redescendant. » Aussi, voit-il sa carrière comme cet escalier, « ce qui relie les rêves d’en bas aux promesses d’en haut ». Dans son élan, il se fend d’un message, son message pour ce monde désenchanté : « Il faut soutenir les rêves des enfants ! Oui, les enfants, personne ne rêvera à votre place alors rêvez grand, n’écoutez que votre cœur, et les parents, donnez-leur des ailes ! Quel que soit votre domaine, levez-vous tous les jours avec un petit objectif à atteindre, une lumière à viser ! Votre rêve n’est pas si loin que ça ! » Pour beaucoup, ce vendredi soir, le rêve, effectivement, était juste à quelques marches. Waouh !
Haïlé Dästa en première partie
Impressionnante voix baryton, falsetto de malade, Haïlé Dästa a assuré la première partie de M. Pokora, en solo et sans trembler. S’accompagnant à la guitare acoustique et de quelques boucles déclenchées au pied, il a délivré un set plutôt sentimental et mélancolique (eh, les amours, ça ne marche pas tout le temps !), dans un style mixant soul, R & B et variété urbaine, que l’on peut retrouver sur son EP Médecine. On a pu apprécier sa dextérité à la six-cordes débranchée, avant qu’il ne fasse parler la poudre durant le set de M. Pokora dont il est le guitariste attitré, à la fois omniprésent et discret. Enfin, sauf le temps d’un solo fluide et titanesque !