Par

Léa Pippinato

Publié le

5 déc. 2025 à 17h34

Chaque 5 décembre, la journée mondiale du bénévolat rend hommage à celles et ceux qui donnent de leur temps pour les autres. Elle rappelle aussi la fragilité des associations qui tiennent souvent grâce à ces engagements silencieux. À Montpellier, l’épicerie Soleil illustre parfaitement cet esprit. Créée il y a 25 ans par Sodoto, Solidarité Dom Tom, elle reste la plus ancienne épicerie sociale de quartier de la ville. Installée à La Paillade, elle a grandi dans un territoire où l’entraide joue un rôle majeur. « On voulait d’abord créer du lien pour les familles ultramarines isolées », se souvient aujourd’hui Jean-Marie Bargot, directeur de l’association.

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Sodoto est née en 1993, à une époque où les Outre-mer communiquaient difficilement avec l’Hexagone. L’association offrait un point d’ancrage, un lieu d’écoute et de soutien. L’épicerie Soleil a vu le jour en 2000 pour répondre à des besoins alimentaires qui touchaient autant les familles ultramarines que les habitants du quartier. Au fil des années, le public a changé. Les étudiants, notamment ultramarins, sont devenus nombreux. Aujourd’hui, l’épicerie accompagne des familles, des jeunes, des personnes isolées ou en difficulté budgétaire.

Une rénovation pensée pour accueillir mieux

Après trois décennies dans des locaux vieillissants, Sodoto a lancé une rénovation complète. L’objectif : déstigmatiser l’aide alimentaire. Le lieu s’ouvre désormais sur une salle d’accueil plus lumineuse, un espace café presque terminé et une cuisine connectée à l’épicerie pour transformer les surplus. « On voulait que les gens entrent sans gêne, qu’ils puissent boire un café, discuter. Une épicerie sociale peut rester un lieu agréable », insiste le directeur. Les travaux ont été soutenus par la Ville de Montpellier et ACM.

Chaque lundi, l’équipe part à la Banque alimentaire de l’Hérault. Les produits viennent de grandes surfaces partenaires et, depuis quelques semaines, de producteurs d’Occitanie. « On est parmi les associations qui récupèrent le plus de denrées. On distribue entre 800 kg et une tonne par semaine », précise Jean-Marie Bargot.Les prix restent symboliques : fruits et légumes à 10 % du prix du marché, lait à 64 centimes, pâtes à quelques centimes. Les créneaux de passage se déroulent sur quinze minutes pour préserver la confidentialité. Pour accéder à l’épicerie, le reste à vivre doit être inférieur à 200 à 250 euros. Les travailleurs sociaux orientent les familles et peuvent, dans de rares cas, accorder trois colis gratuits aux plus fragiles.

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L’épicerie Soleil propose des fruits et légumes issus de la Banque alimentaire et de producteurs d’Occitanie.
L’épicerie Soleil propose des fruits et légumes issus de la Banque alimentaire et de producteurs d’Occitanie. (©Métropolitain / LP)Des ateliers pour reprendre la main sur le quotidien

L’épicerie n’est qu’un volet du projet. Sodoto mène une série d’ateliers : gestion du budget, atelier lessive à 50 centimes le litre, cuisine pour réduire le gras, le sucre et le sel, prévention santé, couture, batch cooking. « Les ateliers cuisine ont un vrai succès. Les gens veulent cuisiner ensemble, repartir avec plusieurs repas prêts. » L’association accompagne aussi les étudiants ultramarins, souvent éloignés de leur famille. Démarches administratives, logement, orientation : autant de sujets qui bousculent les nouveaux arrivants. 

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La salle couture sert d’espace de détente et d’apprentissage pour les bénéficiaires.
La salle couture sert d’espace de détente et d’apprentissage pour les bénéficiaires. (©Métropolitain / LP)

Sodoto compte quatre salariés, mais son fonctionnement repose sur une cinquantaine de bénévoles, dont une dizaine très réguliers. Les jeunes du dispositif Kaps forment une part essentielle de ce soutien. « Sans eux, on ferait deux fois moins. Ils sont indispensables ! » Leur aide couvre la mise en rayon, les ateliers, l’accueil, les événements et même la tenue de l’épicerie le samedi matin, un créneau réservé aux étudiants.

Des colocations solidaires qui changent la donne 🌟

Lancé en 2022 par l’Afev dans le quartier de la Mosson, le dispositif Kaps ouvre cette année ses portes à une cinquantaine d’étudiants montpelliérains. Son principe ? Un logement à petit prix, environ 150 euros par mois, mis à disposition par un bailleur social, en échange de cinq heures d’engagement solidaire hebdomadaire. Aide aux devoirs, tutorat, actions culturelles, épicerie solidaire… autant de missions qui permettent aux étudiants de s’investir dans la vie du quartier tout en allégeant leur précarité. Portées par l’Afev, la Ville de Montpellier, ACM Habitat et la Caf, les Kaps attirent de plus en plus : plus de 300 candidatures et une ambition déjà affichée d’accompagner 60 kapseurs dès 2026.

Des événements pour financer la solidarité

Comme toutes les associations, Sodoto compose avec des subventions publiques, des appels à projets privés et des actions d’autofinancement. Ce vendredi, la petite scène du Théâtre Jean Vilar accueillera un concert solidaire. À partir de 19h, le public pourra vivre un Chanté Nwèl haut en couleurs : des cantiques de Noël revisités à la sauce créole. Les bénéfices financeront un séjour culturel à Barcelone pour une vingtaine d’étudiants. « On mêle culture et solidarité. Cela fait partie de notre identité. » L’association veut renforcer son axe alimentation-santé, développer son jardin, étoffer les ateliers et poursuivre l’accompagnement des jeunes ultramarins. Elle lance aussi un appel aux bénévoles. « On a toujours besoin de monde ! »

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