Alors Premier ministre, François Bayrou formulait, mi-juillet, l’idée de supprimer deux jours fériés en France. Une proposition qui lui a valu des records d’impopularité et qui est une des raisons principales de la chute de son gouvernement début septembre. En France, d’aucuns ont pu penser que cette idée de supprimer des jours fériés est une exclusivité de l’Hexagone. Eh bien non ! Le débat ressurgit également très régulièrement chez les voisins allemands.

Pas plus tard que la semaine dernière, une influente cheffe d’entreprise a relancé la controverse. Nicola Leibinger-Kammüller, directrice générale de Trumpf, une société spécialisée dans les technologies laser, s’est exprimée en ce sens chez nos confrères des journaux Stuttgarter Nachrichten et Stuttgarter Zeitung , suggérant notamment de rayer du calendrier des jours fériés le lundi de Pâques. Cette dirigeante d’entreprise parle d’une mesure efficace pour relancer la compétitivité des entreprises et ainsi préserver des emplois notamment dans le secteur industriel. Elle songe aussi à une augmentation du temps de travail et à une meilleure flexibilité dans l’organisation du travail au risque sinon, dit-elle, de voir les entreprises délocaliser encore davantage leur production industrielle.

Les Allemands fortement opposés à la suppression d’un jour férié

Par le passé, les milieux économiques allemands, notamment les chambres de commerces et d’industrie, avaient déjà suggéré la suppression d’un jour férié, notamment pour financer les investissements nouveaux générés par les réglementations sur le climat et la modernisation des installations de défense. À l’inverse, les syndicats et certains instituts économiques classés à gauche s’y opposent et arguent notamment d’une opinion publique hostile à cette mesure. En mars dernier, un sondage commandé par le quotidien Bild confirmait une forte opposition des Allemands à cette idée.

En Allemagne, pays fédéral, le nombre de jours fériés varie selon les Länder, c’est-à-dire les états régionaux. Neuf jours sont communs à tout le pays. Mais le Bade-Wurtemberg en compte par exemple trois de plus, à caractère confessionnel catholique : l’Épiphanie le 6 janvier, la Fête-Dieu en juin et la Toussaint le 1er novembre. À Berlin, le 8 mai, jour de la capitulation de l’Allemagne nazie, est férié. Mais pas dans le reste de l’Allemagne. Les Länder, majoritairement protestants, ne travaillent pas le 31 octobre lors de la “Fête de la réformation”.

Des “marches pour la paix” le lundi de Pâques

Le lundi de Pâques est férié dans tout le pays. Ce jour a bien entendu une dimension religieuse, mais pas uniquement. À partir des années 1960 s’est développé en Allemagne de l’ouest (ex-RFA) un fort mouvement pacifiste, antimilitariste et antinucléaire et qui dénonçait la dictature communiste en Allemagne de l’est (ex-RDA). Ce mouvement agglomérait autant les syndicats, partis de gauche et écologistes que les Églises et toutes leurs formations de jeunesse et organisations caritatives. Or cette mouvance organisait le week-end pascal et en particulier le lundi de Pâques les Ostermärsche ou Friedensmärsche , soit les “marches de Pâques” ou les “marches pour la paix”. Ces marches existent toujours, même si on est loin des 300 000 personnes qu’elles rassemblaient dans les années 1970. 3 500 personnes ont ainsi défilé à Berlin cette année. Pour la première fois, une marche transfrontalière avait aussi été organisée entre Kehl et Strasbourg, rassemblant 200 manifestants.

Un article sur le même sujet est à retrouver en allemand dès mardi 9 décembre dans le prochain numéro de Rheinblick Magazin , un supplément hebdomadaire bilingue de vingt pages, en allemand avec des résumés en français, des journaux L’Alsace et Les Dernières Nouvelles d’Alsace , proposé sur abonnement à tous les lecteurs de ces deux journaux (écrire par courriel à l’adresse : alsrheinblick@lalsace.fr). Rheinblick est disponible en format papier et/ou sur le site internet des journaux (page d’accueil, rubrique “Lire le journal”).