Marine sort la réédition de son nouvel album « Coeur maladroit ». En interview sur Purecharts, la chanteuse se confie sur son succès, les critiques, la santé mentale, les Enfoirés ou son élève favori de la « Star Academy ».
Elisa Baudoin
Propos recueillis par Julien Gonçalves.
Pourquoi c’était important de sortir cette réédition de « Coeur maladroit », cinq mois après ton premier album ?
J’avais l’impression d’avoir encore des choses à dire. Après, ça aurait pu être dans un deuxième album, mais je trouve ça toujours cool de sortir une réédition parce qu’en même temps ça termine le premier album et ça ouvre la page pour une suite. C’est un peu une transition entre le premier album et le deuxième album, qui arrivera après peut-être. Et ça reste dans la continuité parce que les chansons parlent de moi, de mes histoires, de ce que je ressens, de ce que je vis. Et en même temps dans la musique, ça évolue vers un style plus moderne que je veux adopter pour la suite.
Ces titres existaient déjà pendant la création de l’album ou ils sont nouveaux ?
Il n’y a qu’un titre qui était prêt avant, « À nouveau ». C’était le tout premier titre que j’ai fait en studio à ma sortie de la « Star Academy », je dirais en février, et on l’a gardé. Mais sinon les six autres, ils ont tous été faits là, sur trois semaines, en septembre. J’ai été inspirée !
70 millions de streams pour l’album, 70.000 ventes. Je sais que les chiffres sont importants pour toi, donc déjà est-ce que déjà tu es contente ?
C’est beaucoup ! C’est vrai, j’ai un truc avec les chiffres. Forcément, on a envie que ça fonctionne. On regarde un peu. Et puis on est dans une industrie qui nous pousse à nous comparer un peu entre nous. C’est un peu celui qui va fonctionner le mieux, qui va vendre le plus et tout. Je sais que moi j’ai un public qui achète plus en physique. Il y a beaucoup de ventes physiques de CD, de places de concert. Un peu moins de streams, mais quand même ça va, on évolue même vers ça, on augmente.
Tu regardes encore beaucoup les chiffres ?
Oui, c’est important pour moi de me renseigner, de regarder quand même. Il ne faut pas que ça devienne une obsession non plus, et ça ne l’est pas, mais j’aime bien suivre les statistiques. Mais oui je suis contente, franchement, ça va. Bien sûr on peut toujours faire mieux. C’est aussi le but d’évoluer dans la DA pour avoir un public plus large, plus jeune et donc plus de streams, mais c’est quand même déjà pas mal du tout !
Est-ce que les chiffres ça reste abstrait pour toi ou tu te rends compte de ce que ça signifie ?
C’est vrai que c’est un peu compliqué parce qu’en même temps, je me rends compte que c’est beaucoup, et en même temps, quand on est dedans, on veut toujours plus. Alors qu’il y a un an, je ne pensais pas du tout atteindre ces chiffres. Donc il faut réussir à saisir quand même la chance et se dire que c’est déjà bien. Mais c’est dans mon tempérament d’être exigeante et perfectionniste et vouloir toujours mieux, toujours plus. Mais bien sûr, c’est déjà trop bien !
Dans le titre « Escroc », tu te questionnes sur ta légitimité. Justement, les chiffres, ta victoire aux NRJ Music Awards, la tournée, les ventes, ça ne te rassure pas ?
C’est pas que ça me rassure pas… Je crois que de toute façon, ce sera toujours une question de moi avec moi-même, pas les autres avec moi ou moi avec les autres. Même si je vois et que je ressens tout l’amour, les chiffres, la tournée, le public et tout. C’est toujours un truc de : on veut se satisfaire soi d’abord. Donc ça reste une question vraiment existentielle : « Pourquoi ça m’arrive à moi ? » Il y a tellement de gens qui sont talentueux, tellement de gens qui veulent faire ça. Après, ça m’a aussi aidée d’écrire cette chanson. C’est un peu thérapeutique. À la fin d’ailleurs, j’ouvre en disant que finalement non, je ne suis pas une escroc et que c’est mérité. Mais je crois que tout le monde se questionne un peu sur sa légitimité, peu importe le domaine dans lequel on travaille.
De quoi tu es la plus fière depuis le début de ta carrière ?
Wow ! Tout est une chance et tout est trop bien. Je crois que la réédition, j’en suis vraiment contente parce que souvent c’est quelque chose qu’on voit un peu comme du bonus. Ce n’est pas bâclé mais c’est jamais autant travaillé que l’album. Je crois que c’est un peu un truc en plus, qu’on fait comme ça, juste pour dire qu’on sort des titres en plus. Moi, parfois quand je l’écoute, je me dis presque que je préfère la réédition à la première version de l’album. Ça me ressemble plus. J’ai pu beaucoup plus écrire et composer, quasiment tous les titres en fait. Donc c’est trop bien. Je suis particulièrement contente de la réédition.
Tu vas me dire si j’ai vu juste mais pour moi le titre « À nouveau » parle de santé mentale, de dépression. Est-ce que c’est ce que tu as vécu, peut-être à la sortie de l’émission ?
Oui, ça parle complètement de ça. D’ailleurs, j’avais peur qu’on ne comprenne pas bien. En fait, à la base, je voulais parler de mon anxiété et de mes crises d’angoisse. Mais ça ne date pas du tout de la « Star Ac », ça date d’avant. Mes crises d’angoisse ça a commencé en 2023, un truc comme ça. Aujourd’hui, je n’en fais plus, sûrement parce que je fais ce que j’aime, donc c’est cool. Mais oui, je voulais parler de ça, du fait d’attendre le lendemain, de se dire tout le temps que ça ira mieux. Parce que souvent ça m’arrivait le soir ou la nuit, donc j’attendais le lendemain matin. C’est pour ça que je dis « J’attends le matin » dans la chanson. Mais oui ça parle de ça : la santé mentale, l’anxiété. Mais je crois qu’il peut y avoir plusieurs interprétations…
Si ce n’est pas indiscret, vu qu’elles ont disparu aujourd’hui, tu sais, avec le recul, à quoi étaient dues ces crises d’angoisse ?
En fait, je ne sais même pas. Bon, j’ai toujours été une personne anxieuse mais pas plus que ça. Des petits stress, de la vie, des échéances, par exemple des examens. Mais c’est assez contradictoire parce qu’en même temps, je suis une personne un peu tête en l’air, un peu à tout remettre au lendemain. J’avais jamais fait de crise d’angoisse, et ça m’est arrivé comme ça un jour. J’étais en train de faire à manger, il ne se passait rien de spécial. Ça m’a pris à tel point que j’ai appelé les urgences parce que je pensais que j’étais en train de faire une crise cardiaque ! J’avais jamais vécu ça, et c’est un peu les mêmes symptômes. Je me suis demandé ce qui se passait. Aujourd’hui même si je n’en fais plus, je ne sais pas dire pourquoi j’en ai fait. Peut-être un trop-plein. Je sais qu’à l’époque, j’étais dans une relation qui fonctionnait pas trop, et ça s’est arrêté quand j’ai quitté la personne. C’est peut-être ça…
Tu as travaillé avec Gaëtan Roussel et Ben Mazué par exemple sur les titres de cette réédition. Ce sont quand même des pointures !
C’était trop bien. Ce sont deux références ! J’ai eu une journée de studio avec Gaëtan Roussel. Je travaillais à la base avec le compositeur et réalisateur Renaud Rebillaud, et c’est lui qui a convié Gaëtan Roussel à venir. Donc on s’est retrouvés en studio, et on a écrit « Trop tard » en une journée en partant de zéro. Pareil avec Ben Mazué, j’ai eu une journée en studio avec lui. Il avait déjà commencé à écrire, il avait deux titres un peu tout prêts. J’ai changé quelques paroles mais il avait assez bien cerné l’univers.
Et Renaud Rebillaud aussi, c’est une machine à tubes !
C’est vrai que je n’aurais jamais imaginé bosser avec des gens comme ça. Et maintenant j’ai l’impression d’avoir la chance de travailler avec des pointures, que ce soit dans l’écriture, la composition, la réalisation. Mais pour Renaud Rebillaud, je n’y suis pas allée en me disant : « Allez, on va faire un tube ». Déjà parce que souvent ce n’est pas comme ça que ça fonctionne, mais j’étais super contente de travailler avec lui !
Dans « Les questions », tu commences par « Pourquoi les gens sont méchants ? ». Près d’un an après la « Star Academy », comment tu arrives à gérer les critiques ?
Franchement, j’ai l’impression qu’il y a de moins en moins de critiques. Mais il y en aura toujours, et c’est un peu le jeu d’être exposé. On ne peut pas être validé ni aimé par tout le monde. Donc je le prends avec plus d’humour. Ça me fait rire parfois. Le dernier truc que j’ai vu, c’est quelqu’un qui avait écrit : « ‘Coeur maladroit’ ne sera jamais single d’or, c’est impossible. Ou alors dans deux ans ce gros flop ». Et en fait, vraiment une semaine après, il a été certifié disque d’or. J’étais là : « Encore un visionnaire ! » (Rires) De toute façon, les gens ont le droit de ne pas m’aimer. Parfois, ce n’est pas pour des bonnes raisons mais c’est comme ça, c’est la vie. Je me concentre plus sur tout l’amour que je reçois et qui est vraiment beaucoup plus présent pour le coup.
Comment tu as vécu la première date de ta tournée ?
C’était intense, forcément. Différent d’une tournée où on est à neuf pour tenir le show. Là, c’était vraiment ma scène, mon public, ma musique, mon album. Donc c’était assez dingue. En même temps, je sais que je peux faire mieux parce que j’étais très stressée et très dans ma tête, dans le contrôle et tout. J’avais envie de faire bien, mais c’était trop cool. J’ai hâte d’y retourner.
Faire mieux sur quoi par exemple ?
Je crois qu’en fait, il y a un moment qui me stresse particulièrement, ce sont les moments où je dois parler. Parce que chanter ça va, mais parler… Forcément, il y a une ligne globale qui est écrite mais j’ai aussi envie d’improviser autour. J’ai envie d’interagir avec les gens, d’être plus naturelle et spontanée parce que je sais que c’est ça qui me définit. C’est un peu difficile pour moi quand je suis sur scène de le faire. Donc j’aimerais améliorer mon aisance avec le public dans mes moments parlés. Musicalement, ça va. Après, ce sont des détails, des transitions entre les titres. À quel moment est-ce que je peux boire un coup ? Parce que j’aime pas trop boire devant les gens mais j’en ai besoin, j’ai la gorge sèche. (Rires) Mais c’est vrai que ce sont des détails qui vont se régler au fur et à mesure avec l’expérience.
Pierre et Helena vont faire partie des Enfoirés en janvier 2026. Est-ce que tu accepterais si on te proposait ?
Forcément, les Enfoirés au profit des Restos du Coeur, ça m’intéresse. En plus, ma mamie pour qui j’ai écrit « Dalida », elle était bénévole aux Restos du Coeur. Parfois j’allais avec elle. Donc franchement oui, c’est sûr que c’est une belle cause et j’aimerais bien en faire partie, mais on verra !
Tu as été plusieurs fois à la « Star Academy » ces dernières semaines. As-tu un coup de coeur parmi les élèves ?
Wow, j’ai plein de coups de coeur, c’est trop dur ! Moi j’adore Ambre, Sarah, Anouk, Mélissa. Que les filles quasiment ! J’ai moins de coups de coeur chez les garçons. Ah si, Victor il chante bien quand même. Ils sont tous bien franchement, ils sont sympas. Ils ont tous leurs personnalités, leurs timbres. C’est vrai que si moi je devais choisir une gagnante objectivement, je dirais Ambre. Mais après, c’est au public de choisir…
Il faut quoi comme qualités selon toi pour gagner ?
Déjà, il faut bien chanter forcément, il y a un truc de voix. Mais on s’est rendu compte qu’il n’y a pas que la voix. C’est aussi la personnalité, la façon dont les gens s’attachent, la danse. C’est un peu un tout en vrai. Ça dépend aussi de la carrière qu’on veut faire après. Mais je pense que c’est surtout la voix et la personnalité quand même dans le format qui est la « Star Ac ». Comme c’est un format où on nous suit beaucoup H24, où on nous voit vivre, il y a aussi un attachement…