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Rédaction Bordeaux

Publié le

7 déc. 2025 à 6h52

La justice a débouté un propriétaire du boulevard Albert 1er à Bordeaux, qui voulait faire suspendre en urgence le permis de construire qui avait été accordé à la réhabilitation et à l’élévation de La Manufacture CDCN. Ce voisin avait saisi en urgence le tribunal administratif de Bordeaux le 1er octobre 2025 : cette « augmentation des dimensions du bâtiment » qui se trouve « en contiguïté » avec sa maison, située au numéro 218, allait avoir « pour conséquence de le priver de tout ou partie de l’ensoleillement voire de l’éclairement » dont il bénéficie, se plaignait-il.

La Ville de Bordeaux avait en effet été autorisée le 27 mai 2025 à procéder à ces travaux « innovants » et « écoresponsables » pour que le Centre de développement chorégraphique national (CDCN) puisse disposer à terme d’une salle de spectacles avec une hauteur libre minimum de 7 mètres, d’une installation scénographique d’une hauteur minimale de 1,50 mètre et de deux studios de danse avec une hauteur libre de 5 mètres à l’étage de cette ancienne manufacture de chaussures.

À propos de cette réhabilitation, l’avocat du plaignant appuyait que la « hauteur maximale » autorisée était « dépassée » à certains endroits, et « la majorité du bâtiment » allait même « excéder le gabarit maximal » autorisé par le règlement. En outre, « le projet ne prévoit la réalisation d’aucune aire de stationnement pour les véhicules motorisés et envisage de supprimer la seule offre existante de stationnement », ajoutait-il. 

« Des incidences financières très importantes »

« Le projet ne porte pas sur la réalisation d’un théâtre mais sur un complexe dédié à la pratique et à l’enseignement de la danse », faisait observer maître Simon Guirriec, du barreau de Bordeaux. Il en déduisait que ce projet « ne respecte pas » les règles d’urbanisme puisqu’un « emplacement réservé » avait été prévu à cet endroit pour cette première destination.

« Les intérêts publics attachés à l’égal accès à la culture et à l’offre d’une éducation artistique sont supérieurs aux préjudices mis en avant par le requérant, lui objectait le préfet de la Gironde Etienne Guyot. La suspension du projet mettrait en péril la faisabilité d’un projet dont le financement public est aujourd’hui acquis. »

« Un retard dans l’exécution des travaux provoquerait des incidences financières très importantes, chiffrées à plus d’un million d’euros », s’inquiétait sur ce point Pierre Hurmic, le maire de Bordeaux.

La Manufacture, bâtiment emblématique des boulevards de Bordeaux, va être rénovée et transformée.
La Manufacture, bâtiment emblématique des boulevards de Bordeaux, va être rénovée et transformée. (©Dune constructions/Compagnie architecture)

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« La manufacture CDCN assure des missions de soutien à la création et à la diffusion, d’accueil de résidences d’artistes, d’organisation du festival pour l’enfance et la jeunesse Pouce !, ainsi que des actions d’éducation artistique et culturelle », commence ainsi par recontextualiser la juge des référés dans une ordonnance en date du 16 octobre 2025 qui vient d’être rendue publique. Des ateliers de danse, des stages, des masterclass et un programme d’insertion et de professionnalisation y sont proposés, rappelle-t-elle.

Le projet n’ajoute pas de nuisances sonores, selon la juge

« Le projet consiste en la réhabilitation et l’extension de la manufacture CDCN, implantée depuis 2018 dans une ancienne manufacture de chaussures, bâtiment témoin du passé industriel du quartier, développe la magistrate bordelaise. Il participera à mieux sensibiliser tous les publics à la danse, à rendre cet art plus accessible, ainsi qu’à développer des programmes d’action artistique et culturelle. »

« Si l’élévation du bâtiment est susceptible d’engendrer une perte d’ensoleillement et de luminosité pour la propriété du plaignant, il ne résulte pas de l’instruction que les travaux engendreraient une augmentation des nuisances sonores compte tenu de l’augmentation limitée de la capacité d’accueil de la salle de spectacles, de 274 à 288 places », relativise-t-elle.

« Par ailleurs, le coût total de l’opération s’élève à 11,6 millions d’euros, financés par des fonds publics, et les frais qui pourraient résulter de la suspension du permis de construire sont évalués à 1,1 million d’euros. » Ce montant est « non contesté » par le requérant, fait observer à ce sujet la juge des référés du tribunal administratif de Bordeaux.

Le requérant doit verser 1 200 euros à la mairie de Bordeaux

La requête a donc été rejetée « compte tenu de l’intérêt public qui s’attache à l’égal accès des citoyens à la création artistique et aux actions d’éducation artistique et culturelle auxquels contribue la manufacture CDCN, mais également eu égard aux coûts susceptibles d’être engendrés par un retard d’exécution des travaux ».

Le voisin a même été condamné à verser 1 200 euros de frais de justice à la Ville de Bordeaux. Le tribunal réexaminera le dossier par le biais d’une formation collégiale d’ici 18 mois à deux ans.

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