Vous avez installé le sapin ce week-end, et depuis, une
toux tenace, le nez qui coule et les yeux qui
piquent se sont invités dans le salon. Dans un hiver déjà chargé en
rhumes, bronchites et Covid, difficile de ne pas penser
immédiatement à un nouveau virus. Pourtant, chez certaines
personnes, ces symptômes coïncident très précisément avec l’arrivée
de l’arbre décoré.
Les allergologues décrivent un tableau bien identifié : le
syndrome du sapin de Noël, une rhinite allergique
qui mime un rhume des foins alors qu’il fait froid dehors. Nez
bouché ou qui coule, toux, essoufflement, conjonctivite, yeux
irrités, larmoiement, fatigue, troubles du sommeil, parfois
douleurs thoraciques… Chez les enfants asthmatiques, la crise peut
devenir sévère au point de nécessiter un passage aux urgences. Le
coupable ne se cache pas là où on l’attend.
Quand la toux commence juste après l’installation du sapin
Ce que l’on appelle syndrome du sapin de Noël
correspond à une allergie respiratoire déclenchée par la présence
du conifère dans la maison. IQAir rappelle qu’environ 7 % des
personnes ayant des allergies présentent ces symptômes après
l’installation d’un sapin, avec éternuements, congestion,
écoulement nasal, démangeaisons du nez et de la gorge, yeux rouges
ou larmoyants et peau sèche. Les signes sont proches de ceux d’une
allergie au pollen, d’où la confusion fréquente avec un simple
virus hivernal.
Un indice fort : les manifestations débutent peu de temps après
que l’arbre a été rentré, s’intensifient dans la pièce où il se
trouve, puis s’atténuent quand on s’en éloigne ou après retrait du
sapin. La toux peut devenir sifflante, surtout la nuit, avec
essoufflement et gêne respiratoire qui perturbent le sommeil. Chez
un enfant asthmatique, l’apparition de sifflements, d’une
respiration rapide ou de douleurs thoraciques impose de consulter
sans attendre.
Les vrais responsables : les moisissures et le pollen
transporté
Le principal acteur, ce ne sont pas les aiguilles elles-mêmes
mais les moisissures qui colonisent l’arbre. Quand
le sapin pousse dehors puis est stocké, souvent emballé et parfois
dans l’humidité, un véritable microclimat se crée pour les
champignons. IQAir cite une étude où, dans une pièce contenant un
sapin vivant, le nombre de spores est resté autour de 800 spores
par mètre cube d’air les trois premiers jours, avant de grimper
jusqu’à 5 000 spores par mètre cube en deux semaines.
L’Organisation Mondiale de la Santé considère déjà que des
concentrations supérieures à 500 spores par mètre cube sont
inacceptables. Une autre étude a retrouvé 53 types de moisissures
différents sur l’écorce et les aiguilles, dont Aspergillus,
Penicillium et Cladosporium, connus pour déclencher des allergies,
voire des infections chez les personnes fragiles.
D’autres allergènes s’invitent aussi sur l’arbre. Le pollen
d’ambroisie ou de graminées peut se coller à la sève au printemps,
puis être relâché dans l’air une fois le sapin au chaud. S’ajoutent
les produits chimiques comme la neige artificielle ou certains
conservateurs, irritants pour les voies respiratoires. Même le
sapin artificiel n’est pas neutre : la poussière
et les acariens s’y accumulent entre deux Noëls, des moisissures
peuvent se développer si le carton est rangé dans un endroit
humide, et les plastiques en PVC contiennent souvent des phtalates,
décrits comme des perturbateurs endocriniens à action
potentiellement cancérogène.
Garder un sapin sans tousser : les bons
réflexes à adopter
Pour limiter le syndrome du sapin de Noël sans
renoncer à un vrai arbre, les spécialistes conseillent de laver
soigneusement le sapin, voire de nettoyer le tronc avec de l’eau et
un peu d’eau de Javel, puis de le laisser sécher à l’extérieur
avant de l’installer. IQAir suggère aussi d’utiliser un souffleur
de feuilles pour éliminer un maximum de pollen. Mieux vaut réduire
le temps de présence du sapin dans le salon, quatre à sept jours ou
jusqu’au lendemain de Noël, et brancher un purificateur d’air dans
la pièce. En pratique, quelques gestes simples aident beaucoup
:
- aérer chaque jour la pièce où se trouve le sapin ;
- aspirer régulièrement autour du pied et sur les décorations
; - pour un sapin artificiel, le dépoussiérer ou le laver, puis
stocker le tout au sec ; - en cas de terrain allergique ou d’asthme, envisager des tests
aux moisissures d’arbres.