Il est 16h30 ce mercredi et son épouse, secouée par les sanglots, étreint longuement Baptiste Valette. Après trois heures de délibéré, la cour criminelle départementale de Meurthe-et-Moselle vient de rendre son verdict. Au terme de trois jours de procès, l’ancien gardien de but de l’ASNL, dont il a défendu la cage entre 2019 et 2022, est acquitté.

Il était jugé pour « viol aggravé » (en état d’ivresse) et encourait jusqu’à 20 années de réclusion criminelle. Au terme de ses réquisitions, ce mercredi matin, l’avocat général avait réclamé huit ans d’emprisonnement, avec mandat de dépôt.

Baptiste Valette, aujourd’hui âgé de 33 ans, avait eu une relation sexuelle avec Lorraine (NDLR : prénom modifié) au petit matin du 15 décembre 2019, dans un recoin entre la place Stanislas et le parc de la Pépinière, à Nancy. L’ex-joueur de l’ASNL avait évoqué une relation consentie. La jeune fille, âgée au moment des faits de 18 ans, un viol.

« Conscience de se livrer à un acte de plaisir extorqué »

« Les déclarations de Baptiste Valette ont été évolutives par rapport aux éléments versés en procédure », a noté Mohager Benmerouche, l’avocat général, lors de ses réquisitions. « J’entends qu’on puisse voir un signe dans un baiser langoureux et une danse suggestive. Mais ces derniers ont-ils vocation à basculer nécessairement vers le coït ? Non ».

« La jeune fille a expressément exprimé son refus quand il l’a plaquée contre la vitrine du restaurant », assure le magistrat du parquet. « Malgré ce refus, il lui a imposé une pénétration vaginale. Dans ce que décrit Lorraine, tout est contrainte, tout est surprise. Elle a refusé la pénétration anale. Baptiste Valette avait donc conscience de se livrer à un acte de plaisir extorqué et non pas un acte de partage ».

Peu avant, Me Stéphane Massé, conseil de la plaignante, avait relevé que l’état de choc de sa cliente avait été établi, qu’il existait « un stress post-traumatique » : « La pénétration anale dont fait état ma cliente n’a été reconnue par Baptiste Valette qu’en fin d’instruction quand les éléments médico-légaux sont rentrés au dossier. Et l’accusé a dit à l’expert psychologue que Lorraine n’avait pas voulu cette pénétration anale. Si elle ne l’a pas voulu, c’est bien qu’elle a exprimé son refus… ».

« Le consentement, extraordinairement complexe »

La plaidoirie de Me Caroline Toby, qui a plaidé l’acquittement, est à montrer dans les écoles d’avocat. « Si cette affaire était intervenue il y a trente ans, il n’y aurait pas eu de procès mais la justice épouse l’évolution de la société », glisse la pénaliste parisienne. « Cette notion de consentement a atteint des proportions extraordinairement complexes. Ce n’est pas un viol par contrainte ou surprise. Ce n’est pas ça qui s’est passé. Le terme de viol, ici, est radicalement faux. Mon client n’est pas un pervers, un abuseur de femmes. »

Pour l’avocate, « cette affaire repose sur l’alchimie des sentiments. Seconde après seconde. Nous sommes ce soir-là dans une tension sexuelle croissante. Les deux partenaires se jouent un jeu de séduction. On parle là d’une jeune femme qui danse en frottant ses fesses sur le pénis de mon client, qui échange avec lui des baisers langoureux. Elle n’a pas clairement dit “Je ne veux pas”. Je ne dis pas qu’elle a menti, je dis simplement que ce qu’elle a vécu ce soir-là a tenu à sa propre volonté. Elle n’est pas devenue l’objet de Baptiste Valette. Ce dernier vous demande pardon, Mademoiselle, mais il ne vous a pas violée. Et l’acquittement ne sera pas la négation de votre souffrance ».