Par Jason
Mathurin

Publié le 07 Déc 2025 à
14:11

« Lidl fait faillite ? » La question a surgi partout en quelques
jours, portée par des vidéos alarmistes et des posts qui
affirmaient que Lidl va fermer tous ses magasins en
France
. Pour des millions de foyers qui comptent sur
l’enseigne pour alléger le ticket de caisse, le simple scénario
d’un rideau définitivement baissé a suffi à créer un vrai
vertige.

Une date a cristallisé toutes les peurs : le 15 juillet 2025,
présentée comme le jour où le hard discounter allemand allait
quitter l’Hexagone. Les commentaires se sont emballés, entre
captures d’écran anxiogènes et messages d’adieu à ce « mastodonte du
hard discount » rapportés par des internautes cités par Melty. La
réalité est bien plus surprenante.

Lidl va fermer tous ses magasins en France en 2025 : intox
virale, fermetures ciblées

À l’origine, on trouve des sites peu fiables, souvent alimentés
par l’IA, qui annoncent une disparition totale de Lidl en France,
renforcée par des partages en chaîne sur les réseaux sociaux. En
quelques heures, la rumeur a déclenché un vrai vent de panique,
parlant de « disparition soudaine » et inondant les commentaires de
messages inquiets. Le silence initial de l’enseigne a entretenu le
flou, et laissé croire à certains que Lidl s’apprêtait à tirer
définitivement le rideau.

Les faits racontent autre chose. Lidl ne plie pas
bagage
et ne prévoit ni de disparaître du paysage français
ni de basculer entièrement en ligne. Le groupe reste solidement
implanté avec plus de 1 600 magasins, 26 plateformes logistiques et
46 000 collaborateurs, en France, au cœur d’un réseau qui s’étend à
31 pays et près de 12 000 supermarchés. Ce qui est en cours, c’est
un recentrage : fermeture de points de vente jugés peu performants
ou mal situés, réduction ou arrêt d’activités annexes comme Lidl
Voyages ou Lidl Vins, pendant que l’alimentaire, colonne vertébrale
de l’enseigne, continue d’être renforcé et modernisé.

Faillite, pertes et montée en gamme : comment Lidl défend
encore ses prix

Si la rumeur de faillite fascine autant, c’est
aussi parce que Lidl traverse une zone de turbulences. Sa stratégie
de montée en gamme, pensée pour proposer des produits jugés plus
qualitatifs à des prix toujours attractifs, se heurte à une réalité
simple : en période d’inflation, beaucoup de clients recherchent
avant tout les étiquettes les plus basses. La concurrence du
discount reste très agressive, et l’enseigne doit désormais jongler
entre amélioration de son image et attentes d’une clientèle fidèle
qui ne veut pas payer plus, alors que des pertes chiffrées à
environ 157 millions d’euros en 2024 ont déjà conduit à un plan
d’économies et à des tensions sociales.

Malgré ce contexte, les relevés de prix publiés en 2025
dessinent un tableau clair : sur un panier type d’une
quatre-vingtaine de produits mêlant marques distributeur et grandes
marques, Lidl reste une référence. Des comparatifs basés sur ce
genre de panier placent l’enseigne au premier rang, devant un grand
hypermarché tricolore très connu et un autre discounter allemand
légèrement plus cher, tandis que les mastodontes historiques de la
grande distribution se situent sensiblement au dessus.
Concrètement, ces comparatifs de prix 2025 dessinent le paysage
suivant :

  • Lidl arrive en tête sur le panier de référence, sur la base des
    prix relevés.
  • Un grand hypermarché classique suit de très près, à seulement
    quelques pourcents.
  • D’autres enseignes généralistes se retrouvent avec un caddie 10
    % ou plus au dessus de celui de Lidl.

Duel prix 2025 : le vainqueur surprise
que nos 50 paniers révèlent face à Lidl

Pour vérifier ce que ces baromètres signifient dans la vie
réelle, nous avons scanné une cinquantaine de paniers types dans
plusieurs villes, en reprenant le même principe de comparaison
entre produits du quotidien. Les résultats confirment l’essentiel :
dans la grande majorité des cas, le ticket de caisse le plus bas
sort encore de chez Lidl ou d’un hypermarché concurrent très
combatif sur les marques nationales. Le hard discounter allemand
garde donc un rôle central dans la lutte contre la vie chère, ce
qui explique l’ampleur de la panique quand certains ont cru à une
fermeture généralisée.

Une surprise se dessine pourtant dans ce duel prix
2025
. Dans les zones où il est déjà implanté, un nouvel
acteur espagnol, Primaprix, bouscule le match sur
les produits de grandes marques, avec des tarifs très agressifs
dans des magasins plus confortables qu’un simple point de
déstockage. Sur certains paniers centrés sur ces références, il
parvient à rivaliser, voire à devancer les enseignes historiques.
De quoi offrir une porte de sortie aux consommateurs inquiets pour
leur pouvoir d’achat, sans pour autant effacer le poids de Lidl,
qui continue d’ouvrir, déplacer et moderniser des magasins tout en
fermant les adresses les moins rentables.