Par
Antoine Blanchet
Publié le
28 avr. 2025 à 6h04
Douze personnes comparaissent devant la cour d’assises de Paris ce lundi 28 avril 2025. Ils sont accusés d’avoir participé à l’un des braquages les plus impressionnants de la décennie : celui de Kim Kardashian. La star de téléréalité américaine avait été délestée de ses bijoux pour un préjudice estimé à 9 millions d’euros. Retour sur cette incroyable affaire.
Une star sans garde du corps
Ce lundi 3 octobre 2016, le soleil s’est couché depuis bien longtemps sur la rue Tronchet. Cette voie huppée du 8e arrondissement de Paris, donne sur l’arrière de l’église de la Madeleine. Dans l’ombre des colonnades néoclassiques, au milieu des restaurants onéreux et des boutiques de vêtements, une façade discrète détonne. Il s’agit de l’hôtel de Pourtalès.
Le bâtiment est sorti de terre en 1836, ensemencé par le faste de la monarchie de Juillet. Le palais inspiré de la Florence des Médicis cache un éclat jamais terni. Depuis plusieurs années, il est devenu un établissement de luxe, le No Adress. Ici, les ronflements ne sont pas ceux d’inconnus. Les oreillers ont été écrasés par Madonna et les couvertures relevées par Leonardo DiCaprio. En cette nuit d’octobre, Kim Kardashian, en visite pour la Fashion Week, occupe l’une des suites. Son garde du corps surveille sa sœur Kourtney, partie s’ébattre dans une boîte de nuit branchée des Champs-Élysées.
Des faux policiers déterminés
Soudain, vers 2h30 du matin, une voiture de marque Peugeot se gare non loin de l’établissement. Plusieurs hommes en sortent. D’autres viennent d’arriver montés sur des vélos. Au total, ils sont cinq. Des cagoules dissimulent leurs visages et des blousons siglés « Police » leur véritable identité.
La petite troupe franchit la porte surmontée du blason de la famille de Pourtalès. Ils arrivent à la réception. Sans fioritures, ils menacent l’employé avec un pistolet. « Où est la femme du rappeur », lui demande-t-on d’un ton abrupt. Face au canon braqué sur lui, le veilleur de nuit obtempère et emmène les faux agents au premier étage.
Vidéos : en ce moment sur ActuUn casse à 9 millions d’euros
Deux membres du commando franchissent la porte de la suite, bâtie sous forme de duplex. Ils tirent la 42ᵉ fortune mondiale des bras de Morphée. Kim Kardashian est menacée avec un pistolet. Les faux policiers l’entraînent dans la salle de bain et la ligotent avec du ruban adhésif.
La boîte à bijoux de la victime est fouillée. À l’intérieur, une bague en diamant. L’objet, exhibé par la star de la téléréalité dans ses stories, vaut à lui seul 4 millions d’euros. Les malfaiteurs repartent avec. D’autres pierreries sont dérobées, ainsi que 1 000 euros en billets verts et deux téléphones. Montant total du butin : 9 millions d’euros.
Après ce face-à-face entré dans les annales du banditisme, les braqueurs ligotent le malheureux réceptionniste avec du Serflex. Ils décampent. Plusieurs dans la Peugeot. Plusieurs en vélos. Le ronronnement du moteur et le cliquetis des rayons s’enfoncent dans la nuit. Dans la salle de bains, l’influenceuse saucissonnée parvient à se libérer de ses liens. Elle fonce voir sa styliste, réfugiée à l’étage de la chambre. Les secours arrivent sur place et prennent en charge la victime encore sous le choc.
Deux hommes identifiés par l’ADN
Très vite, la brigade de répression du banditisme de la police judiciaire parisienne est mise sur l’affaire. Cette unité d’élite est spécialisée dans la traque des voleurs en tous genres. Sur place, les agents font parler l’ADN. L’ADN leur répond. Une première trace retrouvée dans la suite de luxe correspond à un certain Aomar K..
Ce vieux briscard de la délinquance n’est pas un inconnu pour les services de police. Le truand de bientôt 69 ans n’en est pas à sa première combine. En ce mois d’octobre 2016, « Omar le Vieux » vit sous une fausse identité chez sa compagne à Charenton-le-Pont (Val-de-Marne). De petite taille et affublé de lunettes aux verres épais, il ressemble à l’un des deux hommes décrits par Kim Kardashian. En parallèle, un autre ADN est identifié, cette fois sur l’un des Serflex utilisés pour attacher le réceptionniste. Ce dernier appartient à Yunice A., 72 ans, lui aussi bien connu de la justice.
De longues semaines de filature
Les limiers de la PJ se mettent alors à surveiller Aomar K.. La tâche est ardue, car question téléphonie, le suspect est mieux équipé qu’une boutique SFR. Il possède un numéro par interlocuteur. Malgré ces difficultés, les enquêteurs parviennent à mettre au jour de nouveaux individus susceptibles d’avoir participé au casse. Parmi eux : le fils d’Omar le Vieux. Ce dernier possède une Peugeot 508. La même vue sur la vidéosurveillance de la rue Tronchet.
Les semaines passent et la filature continue. Plusieurs suspects effectuent des virées à Anvers en Belgique. Pendant plusieurs heures, ils se rendent dans une bijouterie connue pour receler les gains de cambrioleurs de haut vol. Finalement, le 9 janvier 2017, 17 personnes sont interpellées dans cette affaire rocambolesque.
Braqueurs, informateurs et entremetteurs
Ce lundi 28 avril 2025, ils sont 12 à comparaître devant la cour d’assises. Tous sont libres et sous contrôle judiciaire. On retrouve dans ce gloubi-boulga du banditisme les braqueurs présumés, dont « Omar le Vieux » et Yunice A.. Trahis par leurs empreintes génétiques, les deux hommes reconnaissent à minima leur présence lors du saucissonnage.
Sur les bancs, seront aussi présents ceux ayant fourni « le tuyau du siècle » à l’équipée, soit des précisions sur l’emploi du temps de Kim Kardashian durant sa virée à Paris. L’un d’eux est le frère d’un des chauffeurs de la star américaine. La seule femme présente du côté des accusés est quant à elle Christiane G.. Ex-compagne d’Aomar K., la septuagénaire aurait joué le rôle d’intermédiaire entre tous ces membres du « Milieu » francilien. Elle serait l’assaisonnement de cette salade composée criminelle.
À ce procès d’envergure, prévu pour durer quatre semaines, s’est ajouté une nouvelle inattendue. Kim Kardashian devrait être présente pour témoigner de son calvaire. Le verdict de cette audience est attendu pour le 23 mai 2025.
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