Publié le
7 déc. 2025 à 14h02
Derrière la vitre, des soignants dissèquent la lésion d’un patient allongé sur un brancard. L’IRM dure une vingtaine de minutes. Un simple examen de routine comme le service imagerie du pôle médical de l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance (Insep), qui fête ses 80 ans en 2025, en réalise des milliers chaque année. La façade sans fard du bâtiment, enveloppé de briques rouges, traduit parfaitement la tâche qui incombe à cette unité nichée dans le centre de référence du sport français, au cœur du bois de Vincennes, poumon vert du 12e arrondissement de Paris. La discrétion n’exclut pas l’importance du diagnostic. Pour l’athlète, aucune économie des ressources ne s’avère requise. Qu’il soit blessé ou en phase de rééducation, son itinéraire le conduit régulièrement au pôle imagerie, où il se soumet à un scanner, à un IRM, à une radio, ou à une échographie, qui peut bouleverser sa carrière. Loin des lumières scintillantes des compétitions internationales, les cinq radiologues et les quatre manipulateurs radio embrassent une fonction primordiale. Découverte.
Un service qui s’est considérablement renforcé
« Un sportif de haut niveau pousse son corps à la limite. C’est notre rôle d’éviter les séquelles à long terme », explique à actu Paris le docteur Jérôme Renoux, chef du service d’imagerie de l’Insep. Avec une voix douce et un langage vulgarisé, ce radiologue spécialisé en osthéo-articulaire détaille avec pédagogie le travail des praticiens.
Du diagnostic à la présentation de la blessure, le radiologue doit articuler l’impérieux besoin d’expertise au choix des mots, parfois douloureux à entendre. « Quand vous annoncez à un athlète qu’il est blessé avant des championnats du monde, ce n’est pas facile. Mais c’est notre travail. On est obligés d’agir avec prévention », reconnaît le docteur Jérôme Renoux.
En dix ans de chefferie, le radiologue, qui travaille également au Paris Saint-Germain, a chapeauté la mutation du service.
« Mes prédécesseurs ont fait un travail remarquable, mais il fallait moderniser les outils pour être plus efficace »
Jérôme Renoux
Docteur et chef du service imagerie de l’Insep
Pour répondre aux besoins des 800 sportifs de haut niveau référencés à l’Insep, le département s’est doté d’une radiographie, d’une échographie, d’un scanner et d’un IRM dernier cri.
Les soignants ont aussi appris à utiliser l’intelligence artificielle (IA). Mais pas pour toutes les opérations. « On va l’utiliser lors des IRM pour améliorer la précision des images. Autrement, l’IA n’est pas au point sur les clichés, sauf pour détecter les fractures », note le docteur Jérôme Renoux.
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Un scanner à l’Insep. Il accueille les sportifs de haut niveau, récemment blessés ou encore de rééducation. (©AG/ actu Paris)« Leur posture est parfois problématique »
Le service a également fait l’acquisition d’un système de radiographie EOS. Cet instrument onéreux et rare permet de repérer les failles du système osseux du sportif. Il confère un moindre risque pour le sujet, au regard des faibles doses d’irradiation. « Avec EOS, on peut par exemple identifier une scoliose », note Thomas Barbosa, manipulateur radio à l’Insep depuis cinq ans, auprès d’actu Paris.
Parmi les athlètes particulièrement sujets à ce type de dissymétrie, les gymnastes.
« Ce sont généralement des jeunes entre 10 et 20 ans qui ont des corps en évolution. Leur posture est parfois problématique. Grâce à cela, on va pouvoir remonter l’information aux médecins et aux préparateurs physiques pour qu’ils puissent adapter leurs entraînements »
Thomas Barbosa
Manipulateur radio
Si le service imagerie représente la première entrée pour les sportifs, la technologie reste insuffisante à nommer les maux. Le jugement des médecins s’avère prépondérant. « L’imagerie, c’est juste un outil. Rien ne se fait sans les médecins. C’est pour cela qu’on se voit deux fois par semaine pour faire un point et discuter des traitements », glisse le docteur Jérôme Renoux.

Le docteur Jérôme Renoux dirige le service imagerie de l’Insep depuis une dizaine d’années. (©AG/ actu Paris)Les athlètes plus conscients des blessures qu’auparavant
Au centre du jeu, le sportif dégage sa propre subjectivité. Le traitement ne peut s’administrer sans son consentement. D’autant plus, qu’au fil des années, les athlètes ont développé une pensée critique autour de la blessure. « Les sportifs sont très concernés. Nombre d’entre eux se sont approprié les principes de la médecine », remarque le docteur Jérôme Renoux.
Selon le médecin, cette vigilance est corrélée à leur vulnérabilité.
« Il n’y a pas forcément plus de blessures qu’avant. Mais la prévention et la détection des blessures sont bien meilleures, notamment grâce à la science. Un sportif va être plus sensible aux signaux indiquant un risque de lésion »
Docteur Jérôme Renoux
Le savoir se partage davantage. Un fait qui reflète les évolutions de la société et de la psychologie du sportif. « Certains sportifs n’hésitent pas à se confier à nous. Leurs doutes, leurs espoirs, leurs désespoirs… C’est tout cela qui se joue », affirme le docteur Jérôme Renoux.
Ainsi fonctionne le service imagerie. Lieu d’angoisses et de soulagement, il concentre les états d’âme des athlètes. « On est comme une grande famille. On se plie en quatre pour eux », synthétise Souad Kadi, responsable administrative du service imagerie de l’Insep.
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