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En croisade contre l’Europe, Musk propage une fake news sur la Guadeloupe. Photo d’illustration.
EN BREF • Elon Musk a relayé une fake news sur un prétendu attentat meurtrier en Guadeloupe.
• Il s’agit en réalité un accident de voiture, qui a fait 19 blessés, causé par un conducteur testé positif à l’alcool et au cannabis.
• Le message de Musk intervient alors que l’Union européenne a infligé une amende à X, son réseau social, pour non-conformité aux règles numériques.
Un message qui joue sur la peur. Le milliardaire Elon Musk a relayé sur Twitter une fausse information, instrumentalisée par l’extrême droite, laissant croire qu’un attentat avait eu lieu sur le marché de Noël de Sainte-Anne, en Guadeloupe. Son tweet, publié ce vendredi 5 décembre et toujours non démenti, a déjà été vu par près de 33 millions de personnes.
Le patron de Tesla et SpaceX a en effet partagé un message de son ami Tommy Robinson concernant un accident de la route survenu le même jour à Sainte-Anne. L’influenceur britannique d’extrême droite a diffusé des vidéos du fait divers et dénoncé prétendument le « silence des médias traditionnels », laissant entendre qu’il s’agissait d’une attaque à la voiture-bélier. En réalité, il ne s’agissait que d’un accident, sans aucun lien avec un acte terroriste.
Mais la vérité a du mal à se frayer un chemin sur X. Sous le poste de Tommy Robinson, fondateur de l’English Defense League, un mouvement d’extrême droite islamophobe, plusieurs internautes extrapolent encore, allant jusqu’à attribuer l’incident à un conducteur musulman. D’autres s’offusquent que ce prétendu attentat ne soit toujours pas couvert par la presse, qui protégerait l’auteur par « wokisme ».
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Ces affirmations sont pourtant fausses. Comme souvent avec les fake news, la rumeur s’appuie sur un élément réel : il y a bien eu un accident vendredi 5 décembre, vers 19 h 45, à Sainte-Anne. Mais il ne s’agit nullement d’une attaque motivée par des motifs religieux. Le conducteur était en revanche sous l’emprise de l’alcool et du cannabis. Le HuffPost avait par ailleurs publié un article à ce sujet.
Ce qu’il s’est vraiment passé
Alors qu’environ 300 personnes étaient réunies devant une église pour assister au lancement des illuminations de Noël, l’automobiliste a percuté un autre véhicule avant de manquer un virage et de finir sa course dans la foule, devant un camion-restaurant, rapporte Guadeloupe La 1ère.
Le sous-préfet de Pointe-à-Pitre a précisé que 19 piétons, dont sept enfants, ont été blessés et pris en charge par les secours. Aucun pronostic vital n’était engagé samedi matin. Par ailleurs, le conducteur, âgé de 45 ans, a été testé positif à l’alcool et au cannabis, puis placé en garde à vue.
Le groupe percuté par le véhicule se trouvait en train d’acheter à manger à un food truck, situé à une vingtaine de mètres de la place où les illuminations avaient été lancées un peu plus tôt. Une source proche du dossier a indiqué à l’AFP que le suspect a dû être exfiltré après l’accident, car il avait « presque été lynché par des gens sur place ».
Une fake news instrumentalisée
Avec leurs tweets, Tommy Robinson et Elon Musk ont tenté de rapprocher ce fait divers d’attaques qui ont eu lieu par le passé. La France a en effet connu des attaques meurtrières à la voiture-bélier sur ses marchés de Noël, notamment à Dijon et Nantes, en 2014.
À Dijon, le 21 décembre 2014, un automobiliste a foncé volontairement sur des passants, blessant 13 personnes. Bien que des témoins aient rapporté qu’il criait « Allahu Akbar », les autorités ont conclu que l’auteur souffrait de graves troubles psychiatriques et l’acte n’a pas été officiellement qualifié de terroriste.
Le lendemain, à Nantes, un autre individu a percuté des passants avec sa camionnette sur la place Royale, faisant plusieurs blessés et un mort. Là encore, l’attaque n’a pas été reconnue comme un attentat terroriste, l’auteur étant considéré comme déséquilibré.
En 2018, le marché de Noël de Strasbourg a également été visé, cette fois par une attaque terroriste armée. Le 11 décembre, Chérif Chekatt a ouvert le feu près du marché, tuant cinq personnes et en blessant onze autres. Il était fiché S pour radicalisation islamiste et a été abattu par la police 48 heures plus tard.
Hasard du calendrier : ce vendredi, alors qu’Elon Musk relayait une information erronée, l’UE a infligé une amende de 120 millions d’euros à son réseau social X. Il s’agit de la première sanction imposée à une plateforme dans le cadre du règlement sur les services numériques (DSA), entré en vigueur il y a deux ans pour lutter contre les contenus illégaux et dangereux en ligne. En réaction, Elon Musk a estimé samedi que l’Union européenne « devrait être abolie ».