Le 24 février 2022, la Russie lança son invasion de l’Ukraine en tirant des missiles contre les infrastructures militaires clés, l’un de ses objectifs étant d’acquérir rapidement la supériorité aérienne. Seulement, les forces ukrainiennes ayant été capables de faire face au choc initial, celui-ci fut manqué… Et la guerre dure encore.

Au Royaume-Uni, une simulation s’inspirant des paramètres de l’attaque menée par la Russie lors du premier jour de la guerre a récemment été effectuée grâce au système « Gladiator », l’idée étant de voir si la défense aérienne britannique serait suffisamment efficace dans une telle situation.

Or, d’après l’Air Commodore [équivalent de général de brigade aérienne] Blythe Crawford, ancien commandant du Centre de guerre aérienne et spatiale de la Royal Air Force [RAF], les résultats « n’ont pas donné une belle image ». C’est en effet ce qu’il a déclaré, lors d’une conférence du Royal United Services Institute [RUSI], le 24 avril.

Nous avons « utilisé un environnement synthétique » basé sur les premières frappes lancées par la Russie contre l’Ukraine « pour modéliser une éventuelle attaque aérienne russe contre le Royaume-Uni », a d’abord expliqué l’Air Commodore Crawford.

Tout en se gardant d’entrer dans les détails, il a ainsi expliqué que cette simulation, appelée « Night 1 of Ukraine », a montré que la défense aérienne britannique, « fortement sollicitée », pouvait être « débordée » à certains endroits… et que, par conséquent, le Royaume-Uni n’était pas intouchable.

Cette simulation « a été une leçon brutale. […] Pendant des années, nous nous sommes sentis en sécurité à l’ouest de l’Europe, avec l’idée que le reste du continent se dressait entre nous et l’ennemi », a affirmé l’officier britannique.

Mais « l’Ukraine nous a tous fait réagir, et cela a motivé une partie du travail que nous faisions au centre de guerre aérienne et spatiale pour déterminer comment nous résoudrions un problème comme celui-là, si le Royaume-Uni devait être confronté à un scénario similaire », a-t-il ajouté.

Cela étant, la situation actuelle n’a plus rien à voir avec celle du 24 février 2022, l’arsenal des forces russes ayant évolué, avec notamment les essaims de drones « kamikazes » de type Geran-2 [ou Shahed-136], parmi lesquels se trouvent des drones-leurres. Ce qui complique évidemment la donne.

« Au cours des trois dernières années, le scénario est devenu beaucoup plus complexe, en termes de types de systèmes que nous devons être en mesure de contrer, mais aussi de masse », a admis l’Air Commodore Crawford.

« Ces dernières décennies, au Royaume-Uni, nous nous sommes concentrés sur la sécurité de nos garnisons et avons supposé que nous pouvions opérer en toute sécurité depuis nos bases, car la plupart des guerres que nous avons menées se déroulaient à l’étranger. Nous devons inverser cette logique et partir du principe qu’à partir de maintenant, nos bases sont également menacées », a-t-il fait valoir.

Quoi qu’il en soit, selon Newsweek, un porte-parole du ministère britannique de la Défense a relativisé le résultat de cette simulation. Le Royaume-Uni est « pleinement préparé à se défendre contre toute menace aux côtés des alliés de l’Otan » et « nos forces sont équipées de capacités avancées selon une approche multicouche de la défense aérienne et antimissile », a-t-il dit. La question est de savoir si elles en disposent suffisamment…

Pour rappel, la défense aérienne britannique repose sur la force d’alerte de réaction rapide [QRA] armée par les Eurofighter Typhoon de la RAF, le système de défense aérienne mobile terrestre de moyenne portée Sky Sabre mis en œuvre par la British Army ainsi que sur les capacités surface-air de la Royal Navy [via les systèmes Sea Ceptor et Sea Viper].

En 2022, le MoD a lancé le programme Land Ground Based Air Defence [Land GBAD] afin de développer un système de défense aérienne entièrement intégré et capable d’opérer dans tous les domaines [aérien, maritime et terrestre].

Photo : Système Sky Sabre – MoD