Par
Brian Le Goff
Publié le
7 déc. 2025 à 16h02
Il voulait découvrir la Route de la soie pour ses paysages magistraux, en évitant au maximum de prendre l’avion, par conscience écologique. Killian Le Guyader – ou « Vagabond Breton » sur les réseaux sociaux – 25 ans et habitant de Rennes, a donc choisi le vélo pour atteindre son objectif. Alors qu’il vient tout juste de rentrer à Paris, pour actu Rennes, le jeune homme, atteint de la maladie de Lyme lorsqu’il était adolescent, revient sur ce périple qu’il a mené en deux gigantesques étapes, ces deux dernières années. Il sera mardi 9 décembre à 18h place de la Mairie et à 19h chez Sobhi Sport pour fêter son retour.
« Le seul défi était par rapport à la maladie »
Quand on lui parle de défi, il préfère parler « d’expédition ». Killian est revenu à Paris mercredi 3 décembre et rejoindra la capitale bretonne, sa ville de naissance où il vit encore, d’ici à mardi prochain. « J’ignore encore si j’effectuerai ces dernières centaines de kilomètres à vélo comme c’était prévu, car je suis vraiment malade actuellement », précise-t-il.
La différence sur son compteur de kilomètres se verra peu. Le jeune homme, qui a fait une licence Staps (Sciences et techniques des activités physiques et sportives), revient de 18 023 km à vélo. « J’avais cette idée en tête depuis 4-5 ans. J’ai attendu d’avoir fini mes études pour me lancer. »
Le seul défi était par rapport à la maladie de Lyme dont j’ai été atteint de mes 13 à 16 ans. Il y a d’abord eu un an d’errance médicale avant de trouver ce que j’avais, puis un an de traitement et un an pour que je m’en remette vraiment.
Killian Le Guyader
Rennais de 25 ans qui a traversé l’Europe et l’Asie à vélo
Avant la maladie, il était déjà très sportif et a même participé au championnat de France d’athlétisme.
Pendant la maladie, il souffrait d’essoufflement et était « touché au niveau neurologique » : « Je dormais partout, je faisais des crises de spasmophilie et d’agoraphobie. Je suis devenu claustrophobe, je peinais à supporter une trop forte luminosité. » Il a par ailleurs écrit un livre sur sa maladie, Lyme, un combat, sorti aux éditions Baudelaire, en 2018.
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Un voyage entamé en mai 2024
Des symptômes sont restés comme une sensibilité de la peau, « ce qui a été à certains moments très embêtant durant l’expédition ». C’est d’ailleurs pour quelques problèmes de santé, entre autres, qu’il a coupé en deux son voyage d’environ un an, au cumulé, entre 2024 et 2025.
En effet, Killian, qui a pris huit mois après ses études pour préparer son premier départ – pour réfléchir aux itinéraires, vérifier les obligations de visas et de vaccins, trouver des sponsors –, a entamé son périple en mai 2024.
Il souhaitait se rendre dans les pays nordiques, alors il a commencé par là : « J’ai longé à vélo toute la côte nord de la France, puis j’ai traversé la Belgique, les Pays-Bas, l’Allemagne, le Danemark, la Suède pour atteindre Oslo en Norvège, avant de prendre un ferry en Suède pour aller en Finlande et j’ai redescendu ensuite tous les pays baltes. »

Killian a passé plus de 365 jours sur son vélo. (© Transmis à actu Rennes)« Je me suis rendu compte des rencontres incroyables que je faisais »
Il met 170 jours pour rejoindre Istanbul au total. « C’était incroyable, mais très dur en étant solitaire. Sur les trois premiers mois, j’ai eu deux mois et demi de pluie. C’est qu’après que j’ai vraiment commencé à prendre du plaisir. »
De base, quand je suis parti, c’était pour les paysages. Mais, au fur et à mesure, je me suis rendu compte des rencontres incroyables que je faisais. Je dormais chez l’habitant que je trouvais sur des applis spécialisées et, sur cette première partie de périple, j’ai dû dormir au maximum cinq fois à l’hôtel. À Istanbul, je suis resté une semaine chez une personne et j’étais quasiment devenu un membre de la famille. En vérité, à chaque fois, un lien se crée.
Killian Le Guyader
Rennais de 25 ans qui a traversé l’Europe et l’Asie à vélo
En novembre 2024, Killian devait faire sa pause hivernale en Grèce. « Traverser l’Asie en hiver était mission impossible avec la possibilité d’atteindre -30 °C et d’avoir de la neige. »
Finalement, il est rentré en France. « Il y a eu un décès dans mes proches et j’avais des problèmes de fréquence cardiaque, je souhaitais faire des examens, mais le temps d’obtenir les rendez-vous, cela allait déjà mieux. » Il savait déjà qu’il repartirait.
Géorgie, Russie, Kazakhstan, Kirghizistan…
Ce jour est arrivé le 5 avril 2025. Après avoir également recherché de nouveaux sponsors, le jeune Rennais est remonté sur les pédales pour aller au bout de son challenge cette fois. Il a regagné la Turquie en 57 jours pour se lancer sur la Route de la soie. En Géorgie, il attendra quelques jours le temps que sa demande de visa de transit pour la Russie soit accordée par les autorités. Il y passera trois jours. « Contrairement à ce que l’on pourrait penser au premier abord, les Russes sont trop gentils. »

À travers son expédition, Killian a découvert des paysages magistraux. (©Transmis à actu Rennes)
Il enchaîne avec le Kazakhstan avant de se rendre au Kirghizistan. « J’ai pris le train, car il est impossible de passer la frontière à vélo. Dans ces pays, il y a déjà une grande différence avec l’Europe : il y a énormément moins de touristes et, pourtant, les personnes sont beaucoup plus accueillantes et ont une hospitalité très bienveillante. Quand je roulais sur de grandes routes désertes, les automobilistes s’arrêtaient pour me proposer à boire et à manger. Je ne m’y attendais vraiment pas. »
Il a aussi participé au Kirghizistan à la 150ᵉ édition d’un festival nomade, « le dernier de la saison », et fait face à des pratiques éloignées des dogmes occidentaux, notamment sur le bien-être animal : « Ils utilisaient des fauconniers pour attraper des pigeons vivants. Il y avait des courses de chevaux et des combats de cavaliers. »
Préparer la Chine
Avant de prendre le chemin de la Chine pour le dernier pays à découvrir, Killian est retourné au Kazakhstan pour préparer cette dernière étape : « Il y avait pas mal de choses à prévoir. Par exemple, on ne peut pas payer avec sa carte bancaire. Les Chinois payent avec des QR codes, il faut un VPN pour accéder à WhatsApp et aux réseaux sociaux. Il n’y a pas droit aux balises GPS, les couteaux et réchauds sont interdits dans les trains. J’ai donc dû abandonner ces affaires avant de rentrer en Chine. »
Le Rennais de 25 ans a passé 5 à 6 semaines en Chine et effectué « comme un tour d’Europe » sur place avant de finir à Xi’an, en ce tout début décembre 2025.

Si le jeune Rennais a en majorité pu dormir chez l’habitant, il a parfois bivouaqué dans des endroits uniques. (©Transmis à actu Rennes)
Au total, Killian Le Guyader a avalé 18 023 km à vélo, en près d’un an cumulé sur la route. « À l’arrivée, c’était tout simplement indescriptible d’avoir fait tout ce parcours. J’ai rencontré des centaines de personnes et scellé plusieurs amitiés très fortes. J’ai découvert les paysages que j’avais pu voir des années en arrière en photos. »
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Pour l’instant, j’ai du mal à réaliser. Je suis rentré en avion car je n’avais personne pour effectuer le trajet en Transsibérien avec moi et je n’avais plus le budget non plus. J’ai mis un an pour aller en Chine à vélo et je n’ai mis que 13 heures pour rentrer en avion. C’est hallucinant. Aujourd’hui, je n’ai aucun regret, si ce n’est de prendre plus le temps encore.
Killian Le Guyader
Rennais de 25 ans qui a traversé l’Europe et l’Asie à vélo
À présent, le jeune homme pense déjà aux futurs projets qu’il souhaite mener : « Ce sera sportif. »
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