La deuxième édition du baromètre de la décarbonation d’Île-de-France, coordonnée par le Journal du Grand Paris, a été présentée le jeudi 27 novembre lors de la séance plénière des Assises du Grand Paris. Appuyé sur trois grandes thématiques (mobilités, énergies et parc immobilier), le baromètre marque des évolutions intéressantes en termes de mobilité mais révèle également des stagnations, comme par exemple pour les réseaux de chaleur.

« Les tendances sont encourageantes sur le sujet des mobilités notamment, ce qui est intéressant car c’est l’un des secteurs les plus émetteurs en gaz à effet de serre », souligne Patricia Pelloux, directrice adjointe de l’Atelier parisien d’urbanisme (Apur), ce jeudi 27 novembre lors de la plénière des Assises du Grand Paris, organisées par Le journal du Grand Paris et la Métropole, avec de nombreux partenaires, et dont l’ouverture est consacrée à la présentation de la deuxième édition du baromètre de la décarbonation de l’Île-de-France. Au rayon des signaux encourageants, avec 427 964 véhicules (dont 250 000 à l’intérieur du périmètre de la métropole du Grand Paris), le nombre de voitures électriques et hybrides en circulation dans la région n’a jamais été aussi élevé, en augmentation de plus de 73 % par rapport à 2024. « On est passé de 3,7 % à 7 % du parc en circulation », précise Patricia Pelloux. Le nombre de points de charge accessibles au public a également augmenté, passant de 18 800 à 22 688 en un an. « Toujours sur les modes bas carbone, le nombre de kilomètres de pistes cyclables a augmenté de 9 % en un an, ce qui correspond à 840 km », souligne Patricia Pelloux. Le nombre de points d’avitaillement en gaz pour les poids lourds a également augmenté (+4 %).

Patricia Pelloux, entourée de Thomas Hemmerdinger et d’Hélène Genin. © David Arous

Patricia Pelloux, directrice générale adjointe de l’Apur. © David Arous

© David Arous

Au rayon de la production énergétique, les tendances de sortie des énergies fossiles sont, là encore, positives, même si moins dynamiques que sur les mobilités. « L’Île-de-France est un monstre énergétique du fait de sa taille. C’est l’une des régions qui consomment le plus d’énergie et qui en produisent le moins », explique, en préambule, Thomas Hemmerdinger, directeur de l’Agence régionale énergie climat (Arec) d’Île-de-France. Si les données ne sont pas aussi récentes que celles liées aux mobilités (l’année la plus récente est 2023), elles montrent qu’au global, la production énergétique locale augmente légèrement de 5 % entre 2022 et 2023. La production d’énergie renouvelable atteint 20,3 TWh en 2023. « Si l’on dézoome un peu, on constate une baisse énorme du charbon depuis 2005, qui n’est quasiment plus utilisé. Le gaz a également fortement diminué et, en parallèle, on assiste à un véritable renouveau de la géothermie, avec une vingtaine de forages en cours. La méthanisation est en croissance de 20 % entre 2022 et 2023, dans l’agriculture mais également sur les stations d’épuration. Le solaire, enfin, est en fort développement », détaille Thomas Hemmerdinger.

Une progression moindre des réseaux de chaleur

Du côté des réseaux de chaleur, en revanche, l’évolution vers la décarbonation est moins marquée. Malgré un nombre de réseaux en hausse entre 2022 et 2023 (136 réseaux contre 135), des longueurs de réseaux en augmentation (2 285 km) et toujours plus de bâtiments raccordés (16 461 contre 15 711 en 2022), la chaleur livrée est en baisse et le taux d’ENR utilisé dans les réseaux stagne, passant de 58 à 57 %. « C’est déjà bien, mais ce n’est pas assez. Il faut tendre vers 75 % d’ENR dans les réseaux de chaleur à l’horizon 2035 », précise Thomas Hemmerdinger. Il faut préciser que les réseaux de chaleur étaient très carbonés par le passé. La centrale de chaleur de Saint-Ouen, de la CPCU, fonctionnait, par exemple, exclusivement au charbon en 1975.

Thomas Hemmerdinger. © David Arous

Hélène Genin. © David Arous

Du côté de l’immobilier, enfin, Hélène Genin, déléguée générale de l’association BBCA, constate que « plus de 4 millions de m² sont engagés dans un label BBCA, ce qui correspond à 422 opérations, dont 1,65 million de m² en instruction en label BBCA en un an, soit 126 opérations ». Ces 1,65 million de nouvelles instructions sur un an, au 15 juillet 2025, se composent, entre autres, de 922 666 m² de surfaces tertiaires et de 281 115 m² de surfaces résidentielles. En termes de rénovation énergétique de l’existant, 21 830 copropriétés sont inscrites sur CoachCopro en 2025, contre 3 300 en 2019, sur le territoire de la métropole du Grand Paris. « Nous réfléchissons à des méthodes qui nous permettraient de mesurer en une seule fois le neuf et la rénovation en BBCA, car une opération n’est jamais entièrement neuve, il s’agit souvent d’un peu de rénovation et de neuf », précise Hélène Genin.