Trois hommes abattus en une semaine à Grenoble (Isère) et sa périphérie. La guerre de territoires sanglante sur fonds de trafic de stupéfiants qui ravage Grenoble et son agglomération depuis un an et demi se poursuit. Une litanie macabre devenue presque banale.
Dans la nuit de samedi à dimanche, deux jeunes hommes, âgés de 18 et 22 ans, ont perdu la vie. Un double homicide volontaire dont l’un a été précédé d’un enlèvement et d’une séquestration, un mode opératoire devenu courant chez les narcotrafiquants pour semer la terreur chez leurs rivaux.
Le premier drame s’est déroulé samedi soir, peu après 23 heures, à Échirolles, en périphérie de Grenoble. Un jeune homme de 22 ans, inconnu des services de police, a été la cible de tirs d’arme à feu alors qu’il quittait les lieux d’une rixe opposant plusieurs dizaines d’individus devant un fast-food.
Nue, le corps couvert de plaies… La victime de 18 ans retrouvée dans un parc
Touché à la tête, au dos et au ventre par trois impacts de calibre 9 mm, il a succombé à ses blessures peu après son arrivée à l’hôpital. Selon des témoins, un individu juché sur un deux-roues serait l’auteur des coups de feu.
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Concomitamment à cette fusillade, une deuxième personne aurait été enlevée par les tueurs à bord d’un véhicule. La victime, un jeune homme de 18 ans, déjà connu pour des infractions à la législation sur les stupéfiants, a été activement recherchée.
Son corps sans vie a finalement été découvert dimanche matin, vers 8 heures, dans le parc de la Bruyère à Grenoble, nu et présentant de nombreuses ecchymoses et plaies, notamment par arme à feu. Le véhicule des ravisseurs avait été retrouvé abandonné plus tôt dans la nuit à 500 m du parc.
Une guerre de territoires sanglante
Inès Delay, procureure adjointe de Grenoble, a confirmé que le jeune homme de 18 ans avait subi des violences avant d’être enlevé. La Division de la criminalité organisée spécialisée de Grenoble a été saisie de l’enquête pour ce double homicide volontaire.
Ces nouveaux drames interviennent quelques jours seulement après le meurtre d’un homme de 33 ans, retrouvé mort avec deux impacts de balle, également à Échirolles, dans la nuit de mardi à mercredi. La victime, qui portait un gilet pare-balles, gisait dans une mare de sang avec la mâchoire brisée.
Un caïd grenoblois abattu en Seine-Saint-Denis
Le trafic de drogue est le principal moteur de cette escalade de violence à Grenoble et dans sa périphérie marquée par des épisodes récurrents de fusillades. Les autorités avaient dû fermer en septembre 2024 l’immeuble « Le Carrare » à Échirolles, un point de deal réputé très lucratif, et évacuer tous ses habitants.
Depuis le début de l’année 2024, on recense environ une quinzaine de morts à Grenoble et dans sa périphérie liés au trafic de stupéfiants, en incluant la mort de Mehdi Boulenouane, un caïd local abattu en mai 2024 à Dugny en Seine-Saint-Denis alors qu’il était sous bracelet électronique. Selon certains spécialistes, sa mort aurait déstabilisé le trafic de drogue local et serait à l’origine de la guerre de territoire qui fait rage depuis.