Par
Matheo Girard
Publié le
7 déc. 2025 à 17h24
La France de Kylian Mbappé ou l’Argentine de Lionel Messi ? Matias Cordoba n’a même pas hésité une seconde. « Désolé pour les Français, mais c’était vraiment un moment incroyable, l’un des plus beaux de toute ma vie. J’avais pris un vol intérieur, juste pour aller voir la finale de la Coupe du monde à Buenos Aires. Il y avait un million de personnes sur place. Les images sur la place de l’Obélisque, j’en ai encore des frissons… »
En décembre 2022, alors que les Bleus échouent à remporter le Mondial pour la deuxième fois d’affilée, Matias Cordoba débarque dans la capitale depuis San Miguel de Tucumán, dans le nord-ouest du pays.
Irlande, Argentine, Brésil, Pérou, Équateur…
Étudiant en troisième année de licence Langues étrangères appliquées (LEA), parcours commerce international à Rennes 2, il est alors de retour dans la province où il est né, pour la première fois depuis dix ans.
Il vit à l’époque sa deuxième expérience universitaire à l’étranger, un an après l’Irlande.
Il connaîtra ensuite, dans la continuité de ses études, en Master, d’autres expériences au Brésil à Rio de Janeiro, au Pérou, puis un stage en Équateur.
« Ces voyages m’ont permis de me faire beaucoup de connaissances dans chaque pays. Ça m’a ouvert l’esprit, fait découvrir de nouvelles cultures et donné beaucoup d’idées. Et j’ai appris l’anglais et le portugais, en plus du français et de l’espagnol. » Il vient tout juste de rentrer à Vitré.
« L’intégration en France a été dure »
Né en Argentine, Matias Cordoba a passé une bonne partie de sa jeunesse en Espagne, à Almeria, avant de débarquer dans la cité des Portes de Bretagne avec ses parents et ses deux frères pour intégrer le lycée Bertrand d’Argentré.
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« Quand je suis arrivé, la seule chose que je voulais faire, c’était partir, parce que l’intégration a été dure. Je ne parlais pas la langue, et les gens avaient déjà leurs groupes d’amis. Je n’avais rien d’autre à faire que réviser mon français. J’ai aussi travaillé aux Relais d’Alsace », se souvient le jeune homme de 24 ans.

Né en Argentine, Matias Cordoba a grandi en Espagne avant d’arriver à Vitré (Ille-et-Vilaine). ©Mathéo Girard
Grâce à des cours de français en tant que langue d’apprentissage (dits FLE), il trouve peu à peu sa place à Vitré. Et se décide à poursuivre des études supérieures à Rennes.
C’est aussi à peu près à cette période qu’il se lance sur les réseaux sociaux, en publiant de petits sketchs humoristiques.
Ses vidéos séduisent : il atteint jusqu’à 500 000 abonnés sur Tiktok, et gagne même un peu d’argent grâce à son audience. Elles ont depuis été archivées.
« J’avais un humour un peu gamin, et je ne voulais pas qu’on lie mon image à ça. En grandissant, ma mentalité a changé. Je profite de mes expériences à l’international pour faire des vidéos là-dessus pour accompagner les gens et les inciter à faire comme moi », sourit Matias Cordoba.
« Mati Voyages », moins actif qu’à une époque, fédère désormais 107 000 abonnés sur Instagram.
« Rio, c’est un autre monde »
Matias Cordoba, qui ne bénéficie pas encore de la nationalité française, a aussi pris la parole lors du forum Partir à l’étranger, organisé par Vitré communauté le 15 novembre.
Ses conseils pour les jeunes avant un voyage à l’étranger
« Il ne faut vraiment pas avoir peur de la barrière de la langue. Sur place, il y a des dispositifs pour apprendre la langue aux étudiants internationaux. Ce n’est pas du tout bloquant. Il faut aussi avoir un peu d’argent de côté, et peut-être travailler en amont, pour pouvoir être libre une fois sur place. Sur place, c’est dommage de se priver de belles expériences. Il ne faut pas non plus se bloquer pour une personne, parce que tu as un copain ou une copine, sur place. On ne sait jamais ce qu’il peut se passer à l’avenir. »
Sa plus belle expérience ? « Le Brésil, en tant qu’Argentin, a toujours été un pays ennemi, même pour le foot. Mais vraiment, quand je suis arrivé, c’était totalement différent. Rio, c’est un autre monde. C’est festif, les gens sont toujours heureux, alors que la pauvreté là-bas est très élevée. C’était incroyable ! »
Le jeune Hispano-Argentin prendra bientôt la direction de Lille, dans le cadre d’un stage de six mois à Business France, où l’attendent des tâches en vue de développer des entreprises françaises à l’international.
« Je dois une grande partie de ce que j’ai aujourd’hui à des sacrifices personnels et à la France, et au système français. Je veux pouvoir lui rendre, à mon échelle », se projette-t-il.
Après des débuts difficiles, le voilà réconcilié avec l’Hexagone, même si une nouvelle expérience en Amérique latine pourrait l’intéresser à l’avenir. Au Chili, ou en Colombie ?
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