l’essentiel
L’occupation illégale d’un parking par des gens du voyage à la Cité de l’espace de Toulouse suscite l’inquiétude de certains riverains. Les branchements sauvages poseraient un risque électrique majeur.
Une trentaine de caravanes appartenant à la communauté des gens du voyage se sont installées sur le parking P3 de la Cité de l’Espace. Une occupation illégale, sur un parking pourtant doté de gabarits en béton ancrés dans le sol, et de blocs de pierre empêchant toute intrusion. « L’occupation depuis mi-novembre n’a pas été autorisée par la SEMECCEL », déplore l’exploitant de la Cité de l’Espace.
Pierre, camping-cariste varois, promène son chien près du camp improvisé. « On était déjà venu il y a quatre ans et ça se dégrade un peu, lâche-t-il, il y a un camping-car désossé juste à côté du mien. » Au-dessous du parking squatté, une zone du P3, fermée par de lourdes portes électriques, est en effet dévolue au stationnement des camping-caristes venus visiter la Cité.
Chaque année, à plusieurs reprises, des citoyens français itinérants s’installent sur le P3, et autour, certains riverains de l’avenue Jean Gonord font contre mauvaise fortune bon cœur. « Ce n’est pas très agréable, mais nous n’avons aucune dégradation ni nuisance, hormis qu’ils se branchent sur les réseaux » commente Josiane.

Un véhicule désossé sur le parking…
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Un risque électrique en raison des branchements sauvages
Imane*, lui, ne décolère pas de constater les branchements de fortune sur un coffret électrique du chemin de Firmis. « On a prévenu plusieurs fois la mairie, sans résultat, déplore-t-il, il y a de la tension au bout du fil électrique avec un vrai risque d’électrocution, le coffret électrique est ouvert aux quatre vents depuis deux ans. » Les camions poubelles ne viendraient plus dans l’allée en raison du risque d’électrocution, selon ce voisin.
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« Qu’ils acceptent l’installation des gens du voyage : pourquoi pas. Mais qu’on leur donne des installations qui mettent la population à l’abri de tout risque » assène-t-il. « Des fois, il y a un geyser d’eau qui monte à trois ou quatre mètres », affirme-t-il encore désabusé, en désignant la borne incendie sur laquelle les gens du voyage sont raccordés.
À l’intérieur du camp, les voyageurs ne se laissent pas facilement aller aux confidences, une jeune femme date son arrivée à « environ deux semaines », un quadragénaire refuse la discussion, « vous allez encore nous crucifier ».

Un branchement sauvage serpente entre les arbres.
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Un parking aérien pour éviter les occupations illicites
Selon la Cité de l’Espace, « même si ces occupations récurrentes n’ont pas d’impact fondamental sur la fréquentation, nos visiteurs sont forcément gênés ». La SEMECCEL se dit mobilisée aux côtés de Toulouse Métropole « pour mettre en place des solutions adaptées et pérennes […] Toulouse Métropole a décidé de construire un parking aérien sur le site de l’actuel parking P3. Les travaux doivent débuter dans un an. Ce projet aura l’avantage supplémentaire d’empêcher, par nature, ces occupations illicites. »
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« Indésirables » selon l’adjoint au maire
Emilion Esnault, adjoint au maire à la sécurité, pousse un coup de gueule : « leur présence est indésirable. Je suis scandalisé par cette installation, alors que l’aire d’accueil de Rangueil est disponible et qu’elle leur a été proposée. On a affaire à des gens qui consomment gratuitement l’eau et l’électricité et qui ne se conforment pas aux règles de vie en commun. » L’élu dénonce aussi ces branchements électriques « à nu, au milieu des aiguilles de pins. » La justice vient d’ordonner l’expulsion des voyageurs, « nous avons bon espoir que ce soit fait avant les vacances de Noël » commente la Cité de l’Espace.
Quid des futurs parkings ?
Les parkings de la Cité de l’Espace seront bientôt confiés au privé. Toulouse Métropole a approuvé le principe d’une concession de service public par Indigo Infra « pour une durée allant jusqu’en 2048 ». « L’objectif est précisément de garantir la disponibilité du service et de mettre fin aux difficultés d’accès actuelles grâce à un opérateur dont c’est le cœur de métier et la responsabilité contractuelle » précise Toulouse Métropole. Indigo s’est engagé à prendre en charge la sécurisation physique de l’ensemble des parkings existants (P1, P2 et parking Bus/Camping-Car). Concrètement, cela passe par des investissements lourds : l’installation de systèmes de péages avec chenaux d’entrée/sortie réversibles pour contrôler les flux, la mise en place d’un jalonnement dynamique urbain, l’obligation pour le concessionnaire d’assurer le fonctionnement du service à ses frais et risques. « Ces aménagements doivent rendre les sites hermétiques aux occupations illicites tout en facilitant l’accès aux usagers légitimes » conclut Toulouse Métropole.
* Le prénom a été modifié.