Au mieux, l’OM passera la trêve de Noël à la troisième place de Ligue 1. L’écart reste raisonnable, et Marseille pourra toujours rétorquer que le podium demeure l’objectif majeur, mais les deux derniers résultats en championnat (nul 2-2 contre Toulouse et défaite 1-0 à Lille) ont des allures de vrai retour à la réalité pour les supporters marseillais, certains espérant secrètement lutter pour le titre en cette saison où le PSG n’écrase pas (encore) tout sur son passage.

À force de ne pas vouloir prendre la tête du classement, Marseille va finir par regarder dans son rétro, avec Lille à égalité de points, l’OL possiblement en embuscade et – heureusement pour l’OM – Rennes, Strasbourg et Monaco qui ont également perdu et fait du surplace.

Un manque de panache, loin des beaux discours ambitieux

Mais les inquiétudes vont au-delà du seul bilan comptable. Il y a dans cet OM une irrégularité qui exaspère. Marseille a traversé le match à Lille sans aucun panache, vendredi, et ce manque de caractère, de détermination, d’envie collective, est à l’opposé des grands discours distillés à tout va notamment par l’entraîneur et les joueurs, promettant que cet effectif est « fort » (dixit Roberto De Zerbi), plus « mûr » (Leonardo Balerdi) et « prêt » (Timothy Weah) à aborder les matchs déterminants qui attendent l’OM.

Le rendez-vous de Lille est passé, et manqué. Ceux de mardi en Ligue des champions, à Bruxelles, contre l’Union St Gilloise, et dimanche prochain face à Monaco, mettront l’OM devant ses responsabilités, avec l’obligation de gagner qui leur collera à la peau. Pour éviter une nouvelle tempête « qui arrivera un jour, je ne sais pas quand, mais elle arrivera et il faudra y être préparé », disait De Zerbi il y a un mois, au soir d’une victoire contre Brest.

L’OM a-t-il assez de marge pour changer si souvent de tactique?

Au cœur des perturbations, l’un des choix de RDZ interroge: sa décision d’aligner, à Lille, une défense à cinq avec trois axiaux, alors que le staff de l’OM semblait avoir pris la décision de faire perdurer une ligne de quatre pour permettre à ses milieux de terrain d’être un peu moins esseulés dans le cœur du jeu, un souhait par exemple de Pierre-Emile Hojbjerg, qui était absent à Lille et devrait faire son retour mardi en C1. De Zerbi a justifié son choix en expliquant que la défense choisie dans le Nord était exactement la même que celle qui avait débuté contre le Sporting à Lisbonne (2-1), avec une première période référence avant l’expulsion d’Emerson, suite à sa simulation.

Si l’entraîneur italien a souvent eu des raisons légitimes de varier ses compositions d’équipe au fil des blessures, suspensions ou rotations liées à l’enchaînement des matchs, cette fâcheuse tendance à changer de système de jeu laisse perplexe. L’OM a-t-il suffisamment de marge, d’automatismes et de maturité pour se permettre quelques tergiversations tactiques? La réponse est sûrement dans la question. Le but encaissé à Lille donne le sentiment que chaque défenseur marseillais concerné par l’action comptait sur son coéquipier pour intervenir. Cet attentisme a été fatal. Et c’est bien en deuxième période, quand l’équipe est repassée à quatre défenseurs, avec un milieu plus fourni, que Marseille a retrouvé quelques repères et plus d’impact. Le retour d’une défense à quatre tient en tout cas la corde pour le match de mardi, en Ligue des champions.

Pas de repos ce week-end, l’OM doit basculer sur la Ligue des champions

À Lille, et malgré un réajustement tactique sur la dernière demi-heure, Marseille n’a jamais rattrapé son but de retard encaissé sur l’une des rares offensives du Losc… et alors que Geronimo Rulli s’était une nouvelle fois manqué dans sa sortie et lecture du jeu. Déjà fautif à cause d’un placement hasardeux en fin de match sur l’égalisation toulousaine, le gardien argentin a récidivé. Cela n’est pas dans ses habitudes et c’est une autre contrariété inattendue pour l’OM.

Marseille croise les doigts pour que Rulli retrouve son niveau, même si ces deux moments d’absence ne sauraient expliquer deux derniers résultats très décevants. Vendredi soir, De Zerbi et Balerdi étaient sans voix et cherchaient des explications. La reprise de l’entraînement, fixée au lendemain même du match à Lille avant une nouvelle séance ce dimanche après midi, doit permettre à l’OM de vite basculer sur son prochain rendez-vous, crucial, en Ligue des champions. Avant d’y renoncer, comme il l’a confié jeudi, De Zerbi avait réfléchi à organiser un petit « ritiro » entre Lille et Bruxelles vu la proximité géographique des deux villes. Le groupe n’y échappera pas en deuxième partie de saison, si les résultats le nécessitent. Et même si certains Olympiens – comme les supporters d’ailleurs – trouvent parfois que les grands discours ou autres réunions animées sont un peu agaçantes, quand elles ne sont pas suivies d’effets.

Article original publié sur RMC Sport