Pour une fois, le maire a troqué son vélo électrique vert pomme pour la voiture le temps d’une visite protocolaire. Sur le chemin, un véhicule utilitaire de désencombrement siglé de la société Pierre bloque cette rue bordelaise escarpée. « Il s’appelle Pierre lui aussi, alors forcément, il débarrasse tout, s’identifie Monsieur Hurmic. Mais là, il faudrait juste qu’il débarrasse sa bagnole pour que l’on puisse passer. » L’édile écologiste est un homme « direct », selon ses termes, qui, après presque six ans de mandat, revendique d’avoir dépoussiéré une ville acquise à la droite depuis la Libération, longtemps gardée par les historiques Chaban-Delmas et Juppé.
Caricaturé en arriviste écolo au début de son mandat, lorsqu’il a remplacé le sapin de Noël de Bordeaux, cet « arbre mort », en une structure artistique, Pierre Hurmic a fait le job sur l’écologie. A la fin de son mandat, les boulevards, nœud de la pollution de la ville, enregistrent une baisse de 35 % du dioxyde d’azote et l’espace piéton a gagné 90 hectares et 57 000 nouveaux arbres. Si bien que la pratique du vélo s’est intensifiée de 43 % en centre-ville. « Alain Juppé avait multiplié les projets, Pierre Hurmic les a transformés avec plus de végétalisation, analyse Ludovic Renard, politologue à Sciences-Po Bordeaux. Compte tenu des attentes des habitants, dont beaucoup sont bourgeois et écolos, cette stratégie a été la bonne. »