Depuis plus de 40 ans, l’institut centenaire comptait parmi ses membres des femmes transgenres, mais un arrêt de la Cour Suprême britannique a changé la donne. La plus haute juridiction du Royaume estime que la définition juridique du mot «femme» est désormais indissociable du sexe biologique.
Vénérable institution centenaire, l’Institut des femmes comptait depuis plus de 40 ans des femmes transgenres parmi ses membres. D’après le Guardian, l’Institut a rétropédalé ce mercredi 3 décembre. Un tournant opéré après un arrêt de la Cour suprême du Royaume-Uni, qui depuis le 16 avril, a tranché dans le vif la définition juridique du mot «femme», désormais indissociable du sexe biologique, excluant de fait les femmes transgenres. «C’est avec une immense tristesse que nous devrons restreindre nos adhésions sur la base du sexe biologique à partir d’avril prochain», a déclaré Melissa Green, directrice générale de la Fédération nationale de l’Institut des femmes, dans un communiqué repris dans les colonnes du quotidien britannique.
L’arrêt rendu par la plus haute juridiction britannique a apporté des éclaircissements juridiques à une question qui était devenue un véritable champ de bataille culturel. En modifiant sa politique d’adhésion, l’Institut des femmes se met en conformité avec la décision de la Cour. Le gouvernement, quant à lui, examine toujours les recommandations de la Commission pour l’égalité et les droits humains (EHRC) sur la manière de mettre en œuvre ledit arrêt.
Un institut centenaire
Le Women’s Institute (WI), ou Institut des Femmes, est une organisation communautaire et bénévole féminine, fondée au Royaume-Uni en 1915. Son objectif initial était de revitaliser les communautés rurales en encourageant les femmes à s’impliquer dans la production alimentaire et la préservation des ressources lors de la Première Guerre mondiale, en réponse à une pénurie de main-d’œuvre agricole.
Inspiré d’un mouvement similaire né au Canada en 1897, le WI britannique a gagné en influence, comptant aujourd’hui plus de 175.000 membres répartis dans environ 6300 instituts locaux. Réunies dans les groupes locaux, les adhérentes participent à divers ateliers, discussions, ou cours de tous types. De tendance progressiste, l’Institut accueillait officiellement des femmes transgenres depuis 2015, officieusement depuis plus de quarante ans selon sa patronne.
Une décision non isolée
Cette dernière semble toutefois ne pas avoir tout à fait tourné le dos au progressisme et à la théorie du genre. Toujours selon la presse britannique, Melissa Green a précisé que l’organisation souhaitait que les femmes transgenres restent «au sein de la famille WI» et qu’à partir d’avril, mois officiel de leur exclusion, l’organisation lancerait de nouveaux «groupes de sororité», ouverts à toutes. Là, «nous reconnaîtrons les femmes transgenres comme des femmes et explorerons ce que signifie être une femme au XXIe siècle», conclut Melissa Green.
La décision de l’Institut des Femmes n’est pas un cas isolé. La veille l’association des guides féminines (Girlguiding) du Royaume-Uni, une association qui regroupe près de 385.000 scoutes, a annoncé lapidairement ne plus pouvoir accepter des «filles trans» en son sein.