Guerre en Ukraine : Trump montre en deux phrases qu'il désapprouve l'Ukraine

Alors que la Russie se réjouit de la nouvelle stratégie de sécurité nationale américaine établie par Donald Trump, ce dernier reproche à Volodymyr Zelensky de n’avoir « pas lu la proposition » de paix sur l’Ukraine.

L’essentiel

  • Ce lundi 8 décembre 2025, le président ukrainien Volodymyr Zelensky est reçu par le Premier ministre britannique Keir Starmer, en compagnie du président français Emmanuel Macron et du chancelier allemand Friedrich Merz pour faire le point sur « les négociations en cours dans le cadre de la médiation américaine ».
  • Dans le même temps, les relations entre Donald Trump et l’Europe se détériorent. La nouvelle stratégie de sécurité nationale américaine établie par le président des Etats-Unis s’en prend vivement aux Européens et promet qu’il n’y aura pas une extension de l’Otan. La mention explicite de « menace russe » n’apparaît plus, une nouveauté saluée par le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov. « C’est une étape positive », dit le proche de Vladimir Poutine.
  • Donald Trump a également reproché dimanche soir à son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, de n’avoir « pas lu la proposition » de paix sur l’Ukraine dévoilée il y a trois semaines par Washington. « Je dois dire que je suis un peu déçu », confie le président américain, comme pour mettre encore un peu plus la pression sur l’Ukraine.
  • « Cela convient à la Russie, vous savez je pense que la Russie préférerait avoir tout le pays », mais « je ne suis pas sûr que cela convienne à Zelensky », a aussi dit Donald Trump, interrogé par des journalistes lors d’une soirée de gala à Washington. Des désaccords qui interrogent et laissent à penser que les Etats-Unis désapprouvent petit à petit l’Ukraine au détriment de Moscou.

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08:19 – « Je pense que la Russie préférerait avoir tout le pays » lâche Trump

« Nous avons parlé au président Poutine, nous avons parlé aux dirigeants ukrainiens – notamment Zelensky, le président Zelensky – et je dois dire que je suis un peu déçu que le président Zelensky n’ait pas encore lu la proposition » américaine en vue d’un règlement du conflit en Ukraine, a déploré Donald Trump, interrogé par des journalistes lors d’une soirée de gala à Washington. « Cela convient à la Russie, vous savez je pense que la Russie préférerait avoir tout le pays », mais « je ne suis pas sûr que cela convienne à Zelensky », a encore dit le président des Etats-Unis.

En savoir plus sur le plan de paix en Ukraine

Les négociations sur la paix en Ukraine sont entrées dans une nouvelle phase. Jeudi 20 novembre, l’Ukraine a reçu un « projet de plan » de la part des Etats-Unis concernant un accord de paix en 28 ans élaboré avec la Russie. En réponse à la proposition américaine, Volodymyr Zelensky avait annoncé être « prêt à travailler de manière constructive avec la partie américaine et nos partenaires en Europe et dans le monde entier afin de parvenir à la paix », a enfin ajouté la présidence. Le plan en question contient toutefois des mesures correspondants à des exigences de Vladimir Poutine et contraires aux conditions sine qua non de l’Ukraine. Parmi elles : la reconnaissance de nombreuses conquêtes de la Russie en Ukraine sur environ 20% du territoire, une réduction de la taille de l’armée ukrainienne de moitié et l’abandon de ses armes à longue portée.

L’Ukraine et les Etats-Unis ont discuté du plan de paix lors de pourparlers organisés à Genève, en Suisse, entre Ukrainiens, Américains et Européens le dimanche 23 novembre. La Maison Blanche a évoqué des échanges « constructifs, concentrés sur l’objectif et respectueux, insistant sur l’engagement commun de parvenir à une paix juste et durable » à l’issue de la rencontre. Les deux pays « ont réaffirmé que tout futur accord devra pleinement respecter la souveraineté de l’Ukraine » et « ont élaboré un cadre de paix actualisé et amélioré », a ajouté Washington. De son côté, Volodymyr Zelensky a salué des avancées et « des étapes importantes », mais estime que « pour parvenir à une paix réelle, il faut plus, beaucoup plus ».

Les Européens s’alignent sur la position de l’Ukraine, mais ils ont également élaboré une contre-proposition basée sur le plan américain en 28 points en le reprenant article par article pour modifier et supprimer les mesures nécessaires pour rendre le texte acceptables à leurs yeux. Ni l’Ukraine, ni les Etats-Unis n’ont réagi à cette contre-proposition. Si plusieurs mesures restent similaires, la contre-proposition européenne pose trois grandes différences.

1. Le plafonnement de l’armée ukrainienne

Il s’agit de l’article 6 du plan de paix. Alors que la proposition américaine dispose que « les forces armées ukrainiennes seront limitées à 600.000 militaires », la contre-proposition européenne élève le plafonds « à 800 000 hommes », mais précise que cette limite sera valable uniquement « en temps de paix ». Un ajout pensé pour prévenir de futures invasions ou agression de la part de la Russie ou d’autres pays et permettre à l’Ukraine de se défendre avec tous les moyens nécessaires.

2. L’intégration de l’Ukraine à l’Otan

La Russie s’oppose fermement à l’intégration de l’Ukraine au sein de l’Otan, une exigence à laquelle s’est plié le plan de paix américaine qui prévoit à l’article 7 que « l’Ukraine accepte d’inscrire dans sa constitution qu’elle ne rejoindra pas l’Otan, et [que] l’Otan accepte d’inclure dans ses statuts une disposition spécifiant que l’Ukraine ne sera pas intégrée à l’avenir ». Un texte qui exclue définitivement tout rapprochement entre le pays et l’alliance occidentale. L’Europe ne fait pas de l’intégration de l’Ukraine dans l’Otan une condition nécessaire à la paix, mais elle ne ferme pas définitivement la porte à ce scénario. « L’adhésion de l’Ukraine à l’Otan dépend d’un consensus entre les membres de l’Otan, consensus qui n’existe pas », écrit et rappelle les alliés européens de l’Ukraine. Une formulation qui n’oppose pas de réponse négative ferme à l’Ukraine, mais prendre suffisamment de précautions pour rassurer la Russie.

3. Le reconnaissance des territoires occupés par la Russie

C’est l’un des gros points du plan de paix : la répartition des territoires ukrainiens occupés par les forces russes. L’Ukraine tient à conserver ses frontières d’avant l’invasion et donc à garder les régions occupées, tandis que la Russie revendique l’annexion de ces territoires et exige de pouvoir les reconnaître comme étant russes. Le plan américaine s’aligne sur la position russe avec l’article 21 du plan : « La Crimée, Lougansk et Donetsk seront reconnues comme des régions russes de facto, y compris par les États-Unis. Kherson et Zaporijjia seront gelées le long de la ligne de contact, ce qui signifiera une reconnaissance de facto le long de cette ligne. La Russie renoncera aux autres territoires qu’elle contrôle en dehors des cinq régions. Les forces ukrainiennes se retireront de la partie de la région de Donetsk qu’elles contrôlent actuellement, qui sera ensuite utilisée pour créer une zone tampon. »

De son côté, la proposition européenne se montre plus ouverte aux négociations. Elle n’exige pas un retour fidèle à la situation d’avant-guerre, mais n’accord pas aussi facilement les territoires occupés à la Russie. « L’Ukraine s’engage à ne pas recouvrer son territoire souverain occupé par la force militaire. Les négociations sur les échanges territoriaux débuteront le long de la ligne de contact », prévoit le texte. Une mesure qui peut étonner puisque l’Ukraine soutient depuis le début de la grève qu’elle n’abandonnera pas ses territoires.