Le principe est simple : accuser les fact-checkers de censure ou de tentative de censure de la liberté d’expression pour ne pas leur délivrer des visas. Dans la logique trumpiste, les journalistes vérifiant les faits et les informations se livrent à de la censure s’ils osent mettre au jour un mensonge, dénoncer une fake news ou débunker une supercherie.
Ainsi, l’administration Trump a, vendredi 5 décembre, officialisé un durcissement de la délivrance de visas aux personnes qu’elle estime avoir participé à ce genre de « censure » de la liberté d’expression des citoyens états-uniens.
Lutte contre l’immigration
Une note du département d’État envoyée cette semaine aux missions diplomatiques à l’étranger, rapportée d’abord par Reuters puis par NPR (National Public Radio, principal réseau de radiodiffusion non commercial et de service public des États-Unis) ordonne ainsi un contrôle des demandeurs « afin de vérifier s’ils ont travaillé dans des domaines incluant des activités telles que la désinformation, la modération de contenu, la vérification des faits, la conformité et la sécurité en ligne, entre autres ».
Elle concernera dans un premier temps « les demandeurs de visas H-1B, généralement accordés aux travailleurs étrangers hautement qualifiés dans le secteur des technologies, entre autres », explique The Guardian, mais s’appliquera à toutes les demandes de visa.
Cette directive réussie la prouesse de mélanger deux des chevaux de Donald Trump et de son administration : la lutte contre l’immigration et la diffusion de fausses informations. En mai dernier, le secrétaire d’État, Marco Rubio écrivait : « Les étrangers qui s’efforcent de porter atteinte aux droits des Américains ne devraient pas bénéficier du privilège de voyager dans notre pays. Que ce soit en Amérique latine, en Europe ou ailleurs, l’époque où l’on traitait avec passivité ceux qui s’efforcent de porter atteinte aux droits des Américains est révolue. »
Les diplomates traitant les demandes de visas doivent maintenant « examiner minutieusement les antécédents professionnels des candidats, notamment en consultant leur profil LinkedIn et leurs autres comptes sur les réseaux sociaux » et tenter de déceler une activité liée à la lutte contre la désinformation, explique The Guardian.
Si les agents trouvent ce genre d’indices, ils doivent « conclure que le candidat n’est pas éligible à un visa », indique la note consultée par Reuters et NPR. « Nous ne soutenons pas les étrangers qui viennent aux États-Unis pour travailler comme censeurs et museler les Américains », a déclaré un porte-parole du département d’État.
Face à l’extrême droite, ne rien lâcher !
C’est pied à pied, argument contre argument qu’il faut combattre l’extrême droite. Et c’est ce que nous faisons chaque jour dans l’Humanité.
Face aux attaques incessantes des racistes et des porteurs de haine : soutenez-nous ! Ensemble, faisons entendre une autre voix dans ce débat public toujours plus nauséabond.
Je veux en savoir plus.