En Normandie, à quelques minutes d’Honfleur, une discrète
demeure de briques rouges continue de nourrir la légende de France
Gall. La chanteuse et Michel Berger l’avaient achetée dans les
années soixante-dix, en faisant non seulement leur refuge préféré
mais aussi un véritable laboratoire créatif. C’est là qu’ils
auraient, dit-on, composé Résiste, l’un des titres les plus
emblématiques de leur duo artistique. Sept ans après la disparition
de France Gall, que reste-t-il de ce lieu si étroitement lié à leur
histoire ?
France Gall : une maison normande chargée d’inspiration
Installée dans la commune de Vasouy, non loin d’Honfleur, la
maison du Clos Saint-Nicolas fut pour
France Gall et Michel Berger une seconde maison où l’on venait
chercher la tranquillité. La chanteuse évoquait en 1993, dans
Fréquence Star, « un endroit merveilleux pour se reposer
», décrivant déjà la place centrale qu’y occupait ce refuge. Selon
Gérard Lust, ancien maire de la commune, la propriété avait été
agrandie à l’époque par le frère de Michel Berger,
architecte. Une transformation qui avait renforcé l’attachement du
couple à ce lieu conçu sur mesure pour eux. Entre ces
murs aurait vu le jour Résiste, morceau devenu
symbole de liberté et de détermination.
La maison de France Gall en Normandie : un lieu de discrétion
et de réconfort
France Gall appréciait la solitude bienveillante qu’offrait la
maison de Normandie. Réservée, elle faisait
tout pour passer inaperçue lorsqu’elle sortait, lunettes oversized
et chapeau en renfort, en vain, comme le racontent plusieurs
témoins locaux. Claude Morel, maire délégué de
Vasouy, se souvient d’une artiste attachée à la région et à cette
propriété agrandie dans les années soixante-dix. Elle y séjournait
pour souffler, loin du tumulte parisien et de la
scène.
La
demeure a aussi été le refuge où elle s »est sans doute retirée
après des drames personnels, dont la disparition de Michel
Berger en 1992 puis celle de leur fille Pauline en 1997.
Le piano du compositeur y est toujours présent,
témoin silencieux de moments de création partagés.
France Gall : un lieu de mémoire devenu
pèlerinage
Longtemps tenue secrète par la chanteuse, la maison du
Clos Saint-Nicolas a finalement été propulsée dans la
lumière après son décès, le 7 janvier 2018. Dès le lendemain, des
hommages ont commencé à fleurir devant la
façade : bouquets, messages, objets déposés par des admirateurs
et des riverains bouleversés. Sans jamais avoir été pensée pour
cela, la demeure est devenue un lieu de recueillement, un point
d’ancrage pour celles et ceux qui souhaitent saluer la mémoire de
l’interprète de Évidemment. Aujourd’hui encore,
ce havre normand préserve le souvenir d’une artiste
profondément attachée aux lieux où elle vivait, et qui y a trouvé
une part essentielle de son équilibre.