Son arrivée a été sérieusement chahutée. Entre la free party organisée à Carhaix et les tirs qui ont résonné tout le week-end à Rennes, la nomination du nouveau préfet de la région Bretagne est tout sauf tranquille. Dans la nuit de samedi à dimanche, un homme de 28 ans a été tué. Son corps sans vie a été retrouvé criblé de balles dans une voiture au Blosne. La veille, c’est à Villejean que les rafales d’armes automatiques résonnaient, alors qu’il n’était pas encore 21 heures.
Nommé le 19 novembre, Franck Robine a rapidement compris que l’action de l’État était très attendue dans ces quartiers rennais où les règlements de compte sur fond de trafic de stupéfiants se multiplient. Tôt ce lundi matin, avant même la cérémonie d’intronisation, le nouveau préfet était déjà dans le bureau de la maire Nathalie Appéré. « Ce qu’il se passe en France et à Rennes en particulier est préoccupant. Les premières victimes de ces trafics de drogue, ce sont les gens modestes qui habitent ces quartiers. La lutte contre ces trafics sera une priorité absolue », a assuré Franck Robine, promettant « d’aller sur le terrain ».
Il n’est pas le premier à afficher de telles ambitions. A chaque nouvelle nomination, et elles ont été nombreuses ces dernières années, les préfets d’Ille-et-Vilaine avaient assuré de leur plein engagement dans la lutte contre le trafic de stupéfiants. Sauf que les « narchomicides » et autres règlements de compte se poursuivent dans la capitale bretonne. « Chaque épisode de montée de violence comme celui que nous avons connu ce week-end est un épisode traumatisant et un épisode de trop », a fait savoir Nathalie Appéré après cet entretien.
Un homme « qui connaît bien » l’Intérieur
Saluant le travail de la police et de la justice, la maire a rappelé « l’insuffisance de moyens et d’effectifs ». Ce qui pourrait changer avec Franck Robine, c’est la nature de son CV. « C’est un homme qui connaît bien les rouages du ministère de l’Intérieur », glisse la maire. Avant d’arriver en Bretagne, Franck Robine était le directeur de cabinet de Bruno Retailleau. Par le passé, il a également exercé comme conseiller sécurité du Premier ministre Jean Castex ou encore comme directeur de cabinet de François Fillon quand celui-ci était à Matignon. « Je pense à avoir une expertise en matière de sécurité. Ça me conduit à être raisonnablement optimiste dans notre combat contre le trafic de la drogue. Le combat n’est pas perdu », assure le préfet de 58 ans.
Franck Robine, nouveau préfet d’Ille-et-Vilaine et de Bretagne, arrive dans un contexte tendu lié au narcotrafic. - C. Allain/20 Minutes
Pour l’heure, l’homme d’État ne peut annoncer aucun renfort. Mais il s’appuie sur « les 600 personnes » mises en cause dans des affaires de stups depuis le début de l’année à Rennes, « dont 415 feront l’objet de poursuites judiciaires ». Et rappelle les « douze opérations anti stups » menées sur le territoire chaque semaine. Pourra-t-il maintenir la CRS 82 en permanence comme le demande la maire ? « Ce n’est pas le préfet qui décide des effectifs. Il faudra obtenir des renforts mais il faudra aussi parler de vidéoprotection ou du lien avec la police municipale », lance Franck Robine.
Il veut plus d’amendes contre les consommateurs
Le préfet prévient aussi qu’il veut « augmenter encore le nombre d’amendes forfaitaires » dressées aux consommateurs, reprenant la rhétorique de Bruno Retailleau. « Le consommateur a du sang sur les mains ». Il envisage également de « fermer des commerces » qui auraient pu servir de lieu de transit pour vendre de la cocaïne ou du cannabis.