Le Centre Pompidou a définitivement fermé ses portes au public pour entamer de lourds travaux de rénovation qui vont durer jusqu’en 2030 et qui sont estimés à plus de 450 millions d’euros. D’ici quelques années d’autres grands bâtiments modernes vont devoir eux-aussi fermer pour cause de travaux. La Tour Montparnasse doit être réhabilitée prochainement pour un coût dépassant les 600 millions d’euros, l’Opéra Bastille pour plus de 200 millions d’euros, et la Cité des Sciences et de l’industrie pour plus d’un milliard d’euros. Des chiffres vertigineux pour des bâtiments construits, il y a à peine un demi-siècle et qui amènent nécessairement à se demander si l’architecture contemporaine est plus fragile que l’architecture ancienne ? Pourtant, comme l’explique l’architecte Matthias Gervais de Lafond, cette impression d’obsolescence accélérée des bâtiments modernes doit être nuancée :
« En fait, l’obsolescence est plurielle et concerne à la fois des facteurs technologiques mais aussi culturels. L’obsolescence technique et technologique concerne ainsi la nature même de ces grands équipements, que ce soit la Cité des sciences ou Beaubourg, par exemple car ce sont des bâtiments pour lesquels on a privilégié des choix constructifs complexes qui concernent notamment leur enveloppe, c’est-à-dire leurs matériaux de structure, comme le verre, qui sont effectivement moins tolérants à l’usure que la pierre massive, par exemple, et qui rendent leur maintenance intrinsèquement plus complexe. (…) Mais l’obscollence peut-être aussi normative ou culturelle : le cadre dans lequel on a construit ces bâtiments était beaucoup plus souple que les performances qu’ils devaient atteindre. Or aujourd’hui, on a considérablement réévalué les objectifs normatifs de ces bâtiments. C’est donc une obscollence plus normative et sociétale que physique. »
Les brèves du jour:
- Les problèmes s’accumulent pour le Louvre où une fuite d’eau a endommagé des centaines d’ouvrages : Après le cambriolage du 19 octobre dernier, après la fermeture préventive de la galerie Campana à cause de la fragilité du plancher, le Louvre a subi il y a quelques jours une fuite d’eau dans la bibliothèque des Antiquités égyptiennes. Selon les estimations du musée, il y aurait entre 300 et 400 ouvrages endommagés et il s’agirait de revues d’égyptologie et de documentation scientifique datant de la fin du 19ᵉ et du début du 20ᵉ siècle. Le Louvre a précisé que les ouvrages allaient être facilement restaurés. Cette fuite liée à une erreur humaine concerne le réseau hydraulique alimentant le chauffage de la bibliothèque. Jugé complètement obsolète, ce réseau doit être remplacé en septembre 2026. Les syndicats du Louvre ont annoncé qu’ils allaient déposer un préavis de grève reconductible à partir du 15 décembre afin de protester contre le manque d’action de la direction face à la dégradation du bâtiment.
- À Versailles, un carnet d’esquisses du peintre Jacques-Louis David a été volé par les Allemands pendant l’Occupation : Révélée par la cellule d’investigation de Radio France, cette affaire témoigne du travail nécessaire concernant la recherche de provenances des biens spoliés pendant la Seconde Guerre mondiale. Il s’agit ici d’un carnet de croquis utilisé par le peintre David pour préparer sa toile du “Serment du Jeu de paume”. Dans les collections du château de Versailles depuis plusieurs décennies, sa provenance n’avait jamais été vérifiée. Après une alerte d’un des descendants, la cellule d’investigation a retracé l’origine de ce carnet. Volé en 1940, il fut vendu aux enchères à Munich en 1943, avant d’être acheté en 1951 par le château de Versailles à un marchand allemand réputé. L’une des filles du propriétaire avait pourtant prévenu dès 1945 l’organisme chargé des restitutions des biens volés de cette disparition. Quatre-vingts ans plus tard, elle obtient enfin réparation du préjudice subi par sa famille.
- Le roman d’une Française figure dans la liste du New York Times des 100 livres remarquables de 2025 : Le Fruit le plus rare ou la Vie d’Edmond Albius paru chez Gallimard en 2023 et sorti en Poche cette année est le deuxième roman de l’écrivaine réunionnaise Gaëlle Bélem. L’ouvrage narre la vie d’Edmond Albius, un ancien esclave qui a découvert au XVIᵉ siècle comment produire la gousse de vanille. Passé plutôt inaperçu en France, le livre a été traduit il y a quelques mois en anglais. Interrogée par la chaîne Première, Gaëlle Bélem a réagi à cette distinction en citant Aimé Césaire: « Ma bouche sera la bouche des malheurs de ceux qui n’ont point de bouche ».