Le chiffre d’affaires du marché des drogues illicites a triplé en France depuis 2010, atteignant aujourd’hui 6,8 milliards d’euros. Un compteur qui s’affole et un renversement historique : la cocaïne a dépassé le cannabis en matière de trafic et de diffusion, selon une étude relayée par l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) et financée par la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca), parue ce lundi 8 décembre.

Sophie Massin, professeure d’économie à l’université de Lille, a coécrit le rapport avec son confrère Christian Ben Lakhdar. Elle résume pour Libération les principaux enseignements de l’étude.

Pourquoi étudier le marché des drogues en France ?

Cela permet d’objectiver un phénomène qui est décrit de plein de façons différentes depuis plusieurs années en France, avec cette diffusion de la cocaïne dont on parle depuis longtemps. Ce que notre travail vient ajouter aux études sur la prévalence, ce sont deux données supplémentaires : le volume et la valeur. On voit vraiment la puissance financière des réseaux qui ressort de ça.

Vous vous êtes appuyés sur une méthodologie «bottoms up», «remontées de terrain» en français. Comment avez-vous procédé pour récolter ces données ?

On a travaillé à partir d’enquêtes épidémiologiques, sur des publics adultes et plus jeunes, basées sur leur propre déclaration de consommation. On estime le pourcentage de gens qui consomment chaque type