Un véritable carnage. Dans la nuit du samedi 6 au dimanche 7 décembre, un dealer de 25 ans a été froidement abattu dans le quartier du Blosne sur un parking aérien situé au 2 allée de Lucerne.
Une dizaine de douilles retrouvées sur place
Connue des services de police pour des faits liés au trafic de stupéfiants, la victime a été retrouvée criblée de balles au volant de son véhicule. « Il y avait du sang partout », nous a confiés un témoin, choqué par l’extrême violence de la scène. Sur place, les enquêteurs ont récupéré une dizaine de douilles.
« Ce n’est pas un mort, c’est une exécution pure et simple », analyse David Leveau, syndicaliste SGP Police FO. Pour lui, ce meurtre marque un tournant dans les affrontements entre trafiquants de drogue à Rennes. Cet événement survient alors même que le quartier de Villejean, au nord de la ville, a été le théâtre de deux fusillades, également liées au trafic de stupéfiants, durant le week-end. À ce stade, aucun élément ne permet toutefois de relier ces séries de coups de feu à l’exécution du Blosne.
« Des individus qui s’en foutent »
Ces incidents s’inscrivent néanmoins dans un contexte d’explosion de la violence des gangs de narcotrafiquants. « On fait face à des individus qui sont très jeunes et qui s’en foutent », poursuit David Leveau. « Ils tirent dans le tas et sont prêts à tuer n’importe qui parce qu’ils n’ont plus aucun repère. Ils sont dans une autre réalité ».
Ces violences qui concernent majoritairement les plus juteux points de deal répartis dans les différents quartiers populaires de la ville impactent très fortement le quotidien des habitants. « Les gens modestes sont les premières victimes », a rappelé ce lundi 8 décembre le nouveau préfet de Bretagne Franck Robin qui a longtemps évoqué la lutte contre le narcotrafic à Rennes. Ce dernier s’est voulu résolument optimiste en affirmant que « le combat n’est pas perdu ».
La tâche s’annonce pourtant ardue. Sur les 15 derniers mois, huit personnes ont été tuées à Rennes dans des affaires liées au trafic de stupéfiants. Les épisodes de tirs se sont banalisés et n’ont épargné aucun quartier. Plus d’incidents de ce type ont été recensés depuis l’année dernière.
Tous les quartiers concernés
Au Blosne, la terrible fusillade de plus d’une heure qui s’était déroulée dans la nuit du 9 au 10 mars 2024 est encore dans toutes les mémoires. Vers 2he du matin, une dizaine d’hommes encagoulés, portant d’épais gilets pare-balles et armés d’au moins trois fusils d’assaut, de type kalachnikov, et de plusieurs armes de poing, avaient mené une expédition punitive pour reprendre le point de deal du « 4 Banat ». Si depuis, le quartier avait retrouvé un semblant de calme, le meurtre de ce week-end vient briser cette apparente tranquillité.
Du côté de Maurepas, après une année 2024, marquée par une dizaine de fusillades opposant deux bandes rivales – dont l’une ayant laissé un enfant de 5 ans handicapé à vie – le quartier a subi de nouvelles turbulences. Au cœur de l’été, un homme a été mortellement blessé au couteau près du point de deal du Gros Chêne. Plus récemment, dans la nuit du lundi 29 au mardi 30 septembre, un immeuble situé au 6, allée de Brno a été criblé de balles dans ce qui s’apparentait sans surprise à un règlement de comptes entre trafiquants.
Enfin, le quartier de Villejean est celui qui a été le plus violemment secoué par les violences liées au trafic de drogue cette année. Convoité par le clan Yoda, une puissante organisation de narcotrafiquants marseillais, le secteur a concentré à lui seul plus de sept épisodes de tirs cette année. L’un d’eux avait d’ailleurs choqué la France entière lorsqu’un commando avait fait irruption, en plein jour, dans le restaurant Subway de la dalle Kennedy, ouvrant le feu sur des dealers locaux et manquant de toucher des élus, dont Charles Compagnon, candidat aux municipales pour la droite et le centre.
Un peu plus tôt dans l’année, un autre épisode avait été particulièrement traumatisant : une fusillade à proximité des nombreux commerces en début de soirée, à l’heure où de nombreux habitants étaient toujours présents dans les rues. Au moins 24 coups de feu avaient été tirés à cette occasion. Victime collatérale, un habitant du quartier, âgé de 53 ans, avait été grièvement blessé à la main et au thorax. Il avait survécu après avoir passé quatre jours en soins intensifs.