La «chasse à l’homme» est terminée. Le suspect qui a poignardé vendredi 25 avril le jeune fidèle Aboubakar C. dans la mosquée de la Grand-Combe près d’Alès, dans le Gard, s’est rendu aux forces de l’ordre en Italie. «Il s’est rendu de lui-même» dans un commissariat de Pistoia, en Italie, dimanche vers 23 heures, a annoncé tôt lundi 28 avril à l’AFP le procureur d’Alès, Abdelkrim Grini.
Ouverte pour homicide vendredi, l’enquête sur ce drame est menée depuis samedi pour assassinat, soit meurtre avec préméditation. «C’est une très grande satisfaction pour le procureur que je suis. Face à l’efficacité des moyens mis en place, l’auteur n’a eu pour seule issue que de se rendre et c’est la meilleure chose qu’il pouvait faire», a-t-il déclaré.
L’homme d’une vingtaine d’années, sans emploi, de nationalité française et d’origine bosnienne, était en fuite depuis vendredi matin. Il était considéré comme «potentiellement extrêmement dangereux» selon le procureur. «Après s’être glorifié de son acte, après l’avoir quasiment revendiqué, il a tenu des propos qui laisseraient penser qu’il entendait commettre encore des faits de même nature», avait-il souligné dimanche. Sur la vidéo tournée par le principal suspect lors de l’attaque, on l’entend dire «je l’ai fait», puis «ton Allah de merde !» Olivier A. a avait également exprimé sa volonté de devenir un «tueur en série».
«Je l’ai dit et je le confirme, la piste de l’acte antimusulman et islamophobe est la piste privilégiée», mais le meurtrier avait «peut-être également des motivations de fascination de la mort, d’envie de donner la mort, d’envie aussi d’être considéré comme un tueur en série», a confirmé lundi sur BFMTV Abdelkrim Grini.
Au passage, il a révélé que les enquêteurs savaient «déjà depuis ce week-end» que le meurtrier avait quitté la France et s’était rendu en Italie, et que, pour ce faire, il a «manifestement bénéficié de complicités». «Il a été certainement pris en charge par certaines personnes. Est-ce que ce sont des membres de sa famille ? Est-ce que ce sont des amis, pour le moment nous ne savons pas», a-t-il ajouté, en expliquant qu’une des tâches du magistrat instructeur sera plus largement de «déterminer s’il a bénéficié de complicités ou pas».
En raison de son interpellation en Italie, un juge d’instruction «va être saisi» et un mandat d’arrêt européen émis en vue de son transfèrement en France, a-t-il précisé.
«C’est quelqu’un qui était resté sous les radars de la justice et des services de police et qui à aucun moment n’avait fait parler de lui jusqu’à ces tragiques événements», avait expliqué dimanche Abdelkrim Grini.
A la Grand-Combe, une marche blanche en souvenir de la victime, Aboubakar Cissé, un Malien d’une vingtaine d’années, a rassemblé plus d’un millier de personnes dimanche après-midi, entre la mosquée Khadidja, où s’est déroulé le drame, et la mairie de cette commune de moins de 5 000 habitants au nord d’Alès.
Plusieurs centaines de personnes se sont également rassemblées en début de soirée à Paris, dont le leader de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, qui a accusé le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, de cultiver un «climat islamophobe».
Mise à jour à 9 h 20, avec de nouveaux détails sur la cavale du meutrier