Par
Lily Dedeye
Publié le
8 déc. 2025 à 20h16
Le samedi 1er novembre 2025 à la librairie La Tonne à Rouen, Françoise Capron et Emilie Sfez se rendaient à la présentation de leur nouveau livre : Elles – Luttes Rouennaises. « Ce livre est né de la mort d’une femme, Diana Armengol-Markarian », raconte Françoise Capron. « Lors de son hommage, j’ai constaté que beaucoup de personnes la connaissaient mais peu avaient vraiment conscience de son parcours de vie. J’avais l’impression qu’ils réinventaient l’eau chaude. Alors j’ai voulu écrire un livre pour récolter des témoignages de femmes comme elle avant qu’elles ne partent. »
Diana Armengol-Markarian était une personnalité rouennaise importante. Elle a fondé le MLF, elle a milité toute sa vie. Et à la fin elle était présidente de la Ligue des droits de l’Homme sur Rouen. Elle est décédée en mai 2022.
Florence Capron
Conteuse militante, auteure de Elles – Luttes Rouennaises
Un livre d’art
Pour mener à bien son projet Florence se rapproche d’Émilie Sfez, avec qui elle collabore depuis 2020. « Emilie est une photographe professionnelle. Nous avons lancé ensemble le projet FEMMES ? il y a cinq ans. Beaucoup d’oeuvres avaient été créées, on ne voulait pas s’arrêter là alors on a fondé une association et on a continué de travailler ensemble », raconte Florence Capron.
Pour ce projet, les deux femmes ont une vision commune. « On voulait créer un beau livre, un livre d’art, un bel objet, qui alternerait entre photographies, portraits croisés et témoignages », raconte Florence. « Je suis conteuse de métier, je voulais récolter les paroles de ces femmes et les transmettre à la jeune génération. »
Je suis née à Rouen, je connaissais Diana quand j’étais étudiante. Je l’ai retrouvé plus tard dans les mouvements militants. Je milite depuis le collège. Je crois que le militantisme me vient de mon grand-père, un grand militant communiste.
Florence Capron
Conteuse militante, auteure de Elles – Luttes Rouennaises
Dix portraits de femmes Rouennaises
Après avoir obtenu les fonds de la Ville et de la Métropole, les deux femmes se lancent dans l’aventure. Émilie Sfez dresse les portraits de femmes, d’archives et de lieux emblématiques et Florence Capron récolte les témoignages. Le livre est ensuite construit en cinq chapitres dans lequel les dix Rouennaises sélectionnées s’expriment, se parlent et se répondent.
Parmi elles, on retrouve Ginette David. « Tout est parti d’elle, elle a un peu le même parcours que Diana, c’était sa meilleure amie. » Ginette David est née en 1940, elle est devenue professeure de français, s’est mariée et a fait deux enfants. Dans les années 68, elle s’est réunie avec cinq autres familles à la Grande Mare et elles ont fondé le Mouvement de Libération des Femmes (MLF). On retrouve d’ailleurs dans ce livre d’autres femmes ayant milité pour le MLF comme Libertad Héliotrope et Françoise Deliquaire, aussi fondatrice de Solidarités Femmes.
Pour ce livre ces dix femmes ont été interviewées : Ginette David, Libertad Héliotrope, Michelle Ernis, Yvette Tocque, Sylviane Dion, Jacqueline Madeline, Martine Nivard, Françoise Deliquaire, Babette Capron, Joëlle Tocque.
Françoise Capron
Conteuse militante, auteure de Elles – Luttes Rouennaises
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Florence Capron (à gauche) et Emilie Sfez (à droite) ont présenté leur livre Elles – Luttes Rouennaises à la Librairie la Tonne en novembre 2025. (©Photo transmise par Florence Capron)Tous les milieux sociaux sont représentés
Dans leur livre, d’autres femmes rouennaises au profil et aux causes soutenues variées, s’expriment également : Martine Nivard, fondatrice de l’association Retravailler, Jacqueline Madeline, gynécologue qui pratiquait des avortements illégaux à la clinique Saint Romain, Sylviane Dion, infirmière au MLAC (Mouvement de Libération Avortement et Contraception) et porte-parole lors de la grande grève des infirmières, pour ne citer qu’elles.
« L’important pour moi était que tous les milieux sociaux soient représentés, qu’il n’y ai pas que des professeurs ou des membres du MLF », explique Françoise Capron. « Yvette Toque était femme de ménage et participait aux manifestations pour le droit à l’avortement, Françoise Deliquaire était vendeuse en magasins. Ces femmes nous prouvent qu’un métier ou un milieu social ne nous définit pas forcément. »
Une expérience qui laisse des traces
Florence Capron et Émilie Sfez sont fières de ce chemin parcouru. Florence dit avoir tiré beaucoup de cette expérience. « Deux choses m’ont marqué lors de mes entretiens : la joie dans laquelle elles menaient toutes ces actions. C’était d’abord une bande de copine, c’était le plaisir de faire les choses ensemble. La deuxième chose, c’est le mouvement Solidarité Femmes. Je le connaissais déjà de nom mais je ne me rendais pas compte qu’elles allaient carrément chez des gens, dans les couples où l’homme frappait la femme pour la libérer. Qui fait ça actuellement ? »
Les deux femmes expriment simplement un regret : ne pas avoir trouvé de femmes soutenant les causes LGBT ni de femmes issues de l’immigration pour témoigner. Mais elles ne désespèrent pas, cela pourra faire l’objet d’un tome 2…
Ainsi, si vous souhaitez en découvrir un peu plus sur ces Rouennaises qui ont marqué l’histoire, rendez-vous à la librairie Colbert, à la Tonne et à l’Armitière. Les livres sont disponibles pour 25 euros. Ils arriveront également prochainement en bibliothèque.
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