Par
Paul Varenguin
Publié le
8 déc. 2025 à 17h39
« Le carton, c’est dans la poubelle jaune ». Le tri est désormais entré dans les mœurs, mais certains ont encore le doute, ou n’ont simplement pas le réflexe. Même s’il y a du mieux, du travail reste à faire pour que le tri soit bien réalisé. C’est d’ailleurs tout le travail mené par Citeo, qui a publié ses statistiques 2024 quant au soin apporté au tri en Seine-et-Marne. Focus sur ces données.
Évolution du tri
Quasiment le poids du Français moyen. En 2024, chaque Français a, en moyenne, trié 72 kilogrammes d’emballages ménagers et de papier graphique. Mais ça, ce sont les chiffres à l’échelle nationale. À l’échelle locale, la réalité est tout autre, et les Franciliens n’ont trié « que » 47,5 kilogrammes de ces déchets sur la même période.
Pourquoi cette disparité entre les territoires ? « L’Île-de-France est toujours derrière, on ne sait pas vraiment pourquoi », avoue Laurent Dalibon, directeur régional de Citeo Île-de-France. Ce qui est certain, c’est qu’en Seine-et-Marne, on atteint un volume de 51,9 kilogrammes d’emballages ménagers et de papiers triés par habitant en 2024, un chiffre en évolution de 2 % par rapport à 2023, ce qui en fait « un département pas si mauvais élève ».

Laurent Dalibon est directeur régional de Citeo en Île-de-France. ©Citeo
« Il y a une grosse différence entre la petite et la grande couronne. Dans cette dernière, l’habitat est plus vertical, rurbain, et la question du tri est plus facile à s’approprier que dans l’habitat collectif », justifie-t-il.
Dans le détail, une baisse notable est à noter : celle du volume de papier trié, qui s’élève à 7,7 kilogrammes par habitant, et en recul de 15,7 % sur un an. « Cela s’explique par l’effondrement du gisement de papier, et la désaffection des habitants pour ce matériau », souligne-t-il. Le verre, lui, est légèrement mieux trié qu’avant, avec une hausse de 1,1 % en un an, pour atteindre 21,3 kilogrammes par habitant et par an. Du mieux, mais on en retrouve encore beaucoup dans les ordures ménagères. Belle performance aussi pour les emballages légers (22,9 kg par habitant et par an), en progression de 10,8 %.
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Des perspectives
Vous l’aurez vu, il y a des évolutions, mais ce n’est pas encore assez, notamment en regard avec les objectifs de la France en la matière, alors que le taux de recyclage moyen de l’ensemble des emballages ménagers atteint 69 % à l’échelle nationale. Citeo ne désarme pas, et met en avant plusieurs dispositifs, qui devraient (ou font déjà) leurs preuves pour inciter à mieux trier.
Il évoque ainsi la tarification incitative, système de « compteur à déchets », qui se développe un peu partout en France, et est déjà en place dans le nord du département, autour de Dammartin-en-Goële, et devrait être expérimentée dans les environs de Meaux d’ici 2027, ou autour de La Ferté-sous-Jouarre.
« Il s’agit de l’effet de levier le plus important qui soit. Partout où vous la mettez en place, on observe une augmentation de 30 % des performances de tri, et donc une diminution dans les mêmes proportions des ordures ménagères. La difficulté est l’important besoin de pédagogie à faire pour sa mise en place », observe-t-il.
On note aussi le développement, notamment par le Covaltri, dans la région de Coulommiers, et le Sietrem de Lagny-sur-Marne, de collectes dédiées aux gros cartons, sur le modèle d’une borne d’apport volontaire. Un détour presque obligatoire, le carton étant un « gisement qui explose » avec le développement fulgurant du commerce en ligne, ce qui en fait un « perturbateur du bac jaune car il prend beaucoup de place ». Et le dispositif semble fonctionner, même s’il y a encore peu de recul. « Je pense que cela fait partie des voies d’avenir », assure-t-il.

Les Seine-et-Marnais et le tri des déchets ©Infographie : Y.V. Source : Citeo
On note aussi le travail sur le tri en habitat collectif, mené notamment dans le nord du département. « Le Pays de Meaux, dans une approche très systémique, reprend toute la question de l’habitat collectif : il y a des diagnostics, on repère qui sont les parties prenantes, ceux qui peuvent contribuer à faire passer le message du tri en vérifiant qu’il y a la bonne dotation et la bonne communication. Les bennes sont équipées d’un système d’IA qui reconnaît les erreurs de tri lorsque le bac est basculé dans le camion, ce qui guide la communication des ambassadeurs de tri », développe-t-il.
Et pour davantage de performances, les outils industriels continuent à être développés et améliorés. Développement de la consigne pour recyclage, ou développement du réemploi sont d’autres pistes, mais il faudra encore travailler, au niveau national, sur le plastique et l’aluminium, « sur lesquels nous ne sommes pas encore au rendez-vous ». « Le taux de recyclage de l’aluminium est de l’ordre de 40 %, et le plastique, tous confondus, de 26 % : on est loin des objectifs, donc on veut mettre l’effort dessus », termine-t-il.
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