Par

Nicolas Zaugra

Publié le

8 déc. 2025 à 15h49

L’action choc des Soulèvements de la Terre, un mouvement écologiste radical, à la Fête des Lumières samedi soir percute aussi la campagne des municipales à Lyon.
En projetant des slogans anti-police et anti-RN sur la place des Terreaux à la fin d’une illumination, le mouvement qui a revendiqué l’opération est ciblé par Jean-Michel Aulas, candidat à la mairie, et son camp. Dans leur viseur également : le maire Grégory Doucet, le président Bruno Bernard et les écologistes lyonnais accusés d’être des soutiens. Les deux élus condamnent pourtant l’action mais ce n’est pas suffisant pour le camp Aulas qui dénonce de la duplicité. Du côté de LFI, c’est silence radio.

Grégory Doucet et Bruno Bernard condamnent mais…

Dimanche, quelques heures après l’action polémique des Soulèvements de la Terre, le maire écologiste Grégory Doucet, candidat à un deuxième mandat, publie une réaction sur Linkedin.

« Dans un moment aussi mobilisateur pour nos agents de police, ces prises à partie publiques sont d’autant plus déplorables. J’adresse ma pleine solidarité aux policiers municipaux et nationaux dénigrés en marge de la Fête des Lumières. N’oublions pas que ce sont ces mêmes agents qui veillent à notre sécurité pendant ces quatre jours, et tout le reste de l’année. »

Son homologue Bruno Bernard, président de la Métropole, relaie la réaction de condamnation de la préfète sur X assez rapidement. 

L'un des messages anti-police projeté sur la façade du musée des Beaux-arts pendant la Fête des Lumières de Lyon.
L’un des messages anti-police projeté sur la façade du musée des Beaux-arts pendant la Fête des Lumières de Lyon. (©DR)

Dans l’entourage de Jean-Michel Aulas, qui multiplie les réactions sur les réseaux sociaux pour condamner l’action de la place des Terreaux, on juge le message de condamnation de Grégory Doucet « très mou ». JMA en remet une couche dans un tweet et s’en prend cette fois à « l’assourdissant silence de Bruno Bernard », ainsi que « l’étendue de ses alliances et de son mutisme complice ».

La réponse de Bruno Bernard prend à son tour pour cible Jean-Michel Aulas. « Triste de voir le débat public une nouvelle fois dégradé par ce genre de diffamation et de polémique stérile. J’ai relayé la condamnation et le message de la préfecture, il y a plus de 17h. Je n’ai jamais varié : condamnation totale de toute forme de violence ou de menace, peu importe les auteurs ou les victimes tout au long de mon mandat. »

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Les écologistes dénoncent « l’agressivité » de Jean-Michel Aulas

Du côté des écologistes, on assure que la condamnation est claire et on dénonce « l’agressivité de Jean-Michel Aulas » ainsi que des « fake news perpétuels » en répétant que Bruno Bernard a bien condamné l’action même s’il ne s’agit que d’un simple retweet.

Dans l’équipe de campagne de Grégory Doucet, on estime que la « réaction a été très claire et rapide de la part du maire-candidat, elle est sobre et rapide ». « On peut évidemment soutenir un mouvement et son existence face à des menaces de dissolution sans être d’accord avec les messages. On soutient les forces de l’ordre, le message n’était pas approprié à la Fête des Lumières mais est-ce qu’il faut appeler à dissoudre tout mouvement avec lequel on est en désaccord ? », interroge-t-on.

Chez LFI, le silence total à Lyon

Sollicitée par actu Lyon, l’équipe de campagne de la candidate LFI aux municipales Anaïs Belouassa-Cherifi n’a pas répondu. Sur BFMTV, le député LFI Éric Coquerel a assuré : « On peut estimer que ce n’est pas le lieu », mais « je ne vais pas les condamner. Il a cependant nuancé : « je n’écrirai pas la police tue mais certains policiers tuent », a ajouté le député de La France insoumise.

Le candidat Georges Képénékian, sans étiquette, a quant à lui condamné. « Profiter d’une fête qui rassemble pour diffuser des attaques contre nos forces de l’ordre est une dérive inquiétante. Je condamne fermement cet acte choquant, Lyon mérite mieux que ces gestes qui cherchent à diviser alors que tant de policiers veillent sur notre sécurité. »

Les liens avec les Soulèvements de la Terre pointés du doigt

Dans les soutiens de Jean-Michel Aulas, on s’efforce de pointer du doigt des liens ou soutiens publics d’élus écologistes de la majorité municipale de Grégory Doucet ou métropolitaine de Bruno Bernard à ce mouvement.

Dans une majorité où certains élus, très proches de Grégory Doucet et de Bruno Bernard, affirmaient qu’on ne dissout pas un soulèvement, on ne peut accepter que la haine de la police s’affiche en pleine Fête des Lumières avant d’être condamnée du bout des lèvres, 24 heures trop tard.

Jean-Michel Aulas

Des écologistes mobilisés contre la dissolution du mouvement

Ils citent notamment le soutien de Benjamin Badouard, élu métropolitain, quand les Soulèvements de la Terre étaient menacés de dissolution par le gouvernement (finalement annulé par le Conseil d’Etat en 2023). Ou encore le sénateur Thomas Dossus, membre de la campagne de Grégory Doucet, présent à une manifestation organisée à Sainte-Soline. L’élu n’a pas commenté l’action de la Fête des Lumières mais a attaqué « l’extrême droite » et un « soutien d’Aulas » qui ont dénoncé la présence de couscous dans une œuvre projetée sur la place des Terreaux

L’élu écologiste, adjoint dans le 4e arrondissement, Samuel Mecklenburg est le seul élu de la majorité à soutenir publiquement l’action des Soulèvements de la Terre. Il a salué une idée « redoutablement efficace » de cette « effraction lumineuse ». « Outre le rejet sans concession du projet politique néo-fasciste du RN, ces messages interrogent le fossé béant entre une police municipale garante du soin de proximité et une police nationale dont la doctrine l’enferme dans une violence systémique scientifiquement avérée », valide l’élu.

Même si Grégory Doucet a condamné, le camp Aulas ou encore à l’extrême droite, on rappelle sa prise de position début 2023 sur des actions de désobéissance civile non violentes de militants écologistes. Le maire disait qu’elles « vont dans le bon sens ». Des échanges entre les écologistes et Jean-Michel Aulas qui donnent une idée de la tension extrême de cette campagne…

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