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Menée sur plus de 86 000 participants dans 27 pays, cette recherche montre que la pratique régulière de différentes langues constitue un véritable bouclier protecteur pour notre cerveau, avec des bénéfices mesurables sur notre âge biologique. Une découverte qui ouvre des perspectives fascinantes pour la prévention et la santé cognitive.
Le multilinguisme, un rempart anti-âge
Le constat est sans appel et ouvre des perspectives fascinantes pour la santé publique. En analysant les données d’une vaste cohorte européenne, une équipe internationale de chercheurs a mis en évidence une corrélation directe entre la pratique de plusieurs langues et un ralentissement du vieillissement biologique. Loin d’être un simple exercice intellectuel, le multilinguisme apparaît comme un véritable levier de protection pour la santé cognitive.
Les chiffres publiés dans cette étude scientifique sont particulièrement éloquents. Les personnes multilingues présentent un risque de vieillissement accéléré inférieur de 54 % par rapport aux monolingues. Sur le long terme, l’analyse montre également que leur risque de développer ce vieillissement prématuré est réduit de 30 %. Ces données confirment que le bilinguisme, et plus encore le multilinguisme, offre un bouclier durable contre les effets du temps sur l’organisme et le cerveau.
Comment mesurer l’âge biologique du cerveau
Pour quantifier ce phénomène, les scientifiques ont utilisé une méthode innovante : une « horloge de vieillissement bio-comportementale ». Cette méthode repose sur le calcul de l’Écart d’Âge Bio-Comportemental, ou BBAG. Concrètement, un modèle d’intelligence artificielle analyse des dizaines de variables pour prédire un âge biologique. Cet âge est ensuite comparé à l’âge réel de la personne pour évaluer sa fonction cognitive et sa santé générale.
Un écart négatif indique un vieillissement sain et plus lent que la moyenne, tandis qu’un écart positif signale une accélération. Le modèle a été entraîné à reconnaître l’influence de multiples paramètres. Parmi les facteurs protecteurs, on retrouve le niveau d’éducation ou l’activité physique. À l’inverse, des conditions comme l’hypertension, le diabète ou les troubles du sommeil sont considérées comme des facteurs de risque accélérant le vieillissement cérébral.
Un bénéfice au-delà de l’éducation
L’une des grandes forces de cette recherche, dirigée par le chercheur Agustín Ibáñez du Trinity College Dublin, réside dans sa capacité à isoler l’effet propre au multilinguisme. L’analyse a été menée sur un échantillon très large issu de 27 pays européens, avec une moyenne d’âge de 66,5 ans. Les chercheurs ont méticuleusement ajusté leurs résultats pour neutraliser l’influence d’autres variables comme le niveau d’éducation ou les facteurs sociaux.
Même après ces ajustements, l’effet protecteur des langues persiste, confirmant qu’il s’agit bien d’un facteur indépendant. Plus intéressant encore, le bénéfice semble proportionnel au nombre de langues maîtrisées. L’étude met en lumière un effet croissant, suggérant que chaque nouvelle langue apprise renforce cette protection de la mémoire et des capacités cérébrales.
Apprendre pour mieux vieillir
Cette découverte majeure positionne l’apprentissage des langues comme une stratégie de prévention puissante et accessible. Contrairement à des facteurs difficilement modifiables, apprendre une nouvelle langue est une activité engageante qui peut être entreprise à tout âge. Cela stimule la neuroplasticité, c’est-à-dire la capacité du cerveau à se réorganiser et à créer de nouvelles connexions.
En passant constamment d’une langue à l’autre, les personnes multilingues effectuent un exercice mental constant qui renforce les réseaux neuronaux. Cette gymnastique cérébrale pourrait être l’une des clés expliquant pourquoi le multilinguisme aide à préserver la jeunesse biologique et cognitive. Cela ouvre la voie à de nouvelles interventions non pharmacologiques pour un vieillissement en meilleure santé.
Références :