Ce lundi 8 décembre, le quartier de Villejean a retrouvé un peu de calme, après un week-end d’extrême tension marqué par deux nouvelles fusillades sur fond de guerre de territoire entre narcotrafiquants. Vendredi soir, des tirs avaient retenti non loin de la dalle Kennedy, du côté de la rue du Nivernais, connu pour être un point de deal, sans faire de blessé. Idem le lendemain soir, samedi.
Restent quelques stigmates de cet énième épisode de cette guerre de territoires. Surtout cet impact de balle, toujours visible dans la fenêtre d’un appartement du 5, square Champagne, à proximité de la dalle Kennedy et de la rue du Bourbonnais, autre point de deal du quartier. Vide au moment des faits, le tir qui a traversé l’appartement situé au deuxième étage, au bord d’un chemin qui mène au parc du Berry, n’a pas fait de blessé.
« De plus en plus inquiétant »
Un impact source « de grosses angoisses pour les gens du quartier, raconte Régine Komokoli, habitante du quartier et élue au conseil départemental d’Ille-et-Vilaine. Aujourd’hui, ces règlements de compte n’ont plus lieu uniquement sur la dalle ». « On peut prendre une balle alors qu’on est dans notre appartement, c’est de plus en plus inquiétant », ajoute Raymond Vallée, un autre habitant de Villejean. « Je vis ici depuis 50 ans, et ça se dégrade toujours plus. Je ressens beaucoup de colère vis-à-vis de ce qui se passe. »
Ce lundi matin, ils étaient, avec d’autres membres du tissu associatif du quartier, sur la dalle pour exprimer cette colère. « Nos jeunes sont souvent contactés par le dealer local pour les recruter comme guetteur et après c’est l’engrenage car le trafic de drogue est beaucoup plus rémunérateur qu’un travail légal », déplore Raymond Vallée.
« Les familles désertent les parcs pour enfants »
« On veut dire que notre vie compte, et la vie de nos enfants compte. On a peur pour la sécurité de nos enfants, s’inquiète Régine Komokoli. Regardez les parcs et jeux pour enfants autour de la dalle, ils sont désertés par les familles. Aujourd’hui, ce sont les dealers et ceux qui viennent y boire de l’alcool qui les occupent. Nous, on se transforme en enquêteurs pour chercher des parcs pour enfants tranquilles. On regarde s’il y a une chaise dans le parc, et s’il y en a une, on n’y va pas car cela veut qu’il y a un dealer ».
Et elle l’assure, « les dealers sont revenus ce lundi matin, on les a vus ». Du côté du point de deal de la rue du Bourbonnais, trois jeunes en noir et encapuchonnés occupent la place ce lundi après-midi. Pas pour longtemps, une patrouille de policiers fait une ronde et une voiture Police nationale se gare non loin de là. Après ces deux fusillades, la CRS 82, dont les missions sont de lutter contre les violences urbaines et le trafic de stupéfiants, est arrivée à Rennes. « Ils resteront ici le temps qu’il faudra », a promis le nouveau préfet de Région, Franck Robine, qui a officiellement pris ses fonctions ce lundi.
Pas de quoi rassurer totalement les habitants « C’est très bien qu’ils soient là, affirme Régine Komokoli. Mais une fois qu’ils vont partir, il se passera quoi ? Ce qu’on demande, ce sont des moyens pérennes ».