Corbert Lebeau : un martyr de Châtellerault béatifié samedi à Notre-Dame-de-Paris

Ce samedi 13 décembre, une messe d’action de grâce sera célébrée à Notre-Dame-de-Paris en présence des prêtres de Châtellerault et des descendants de familles d’amis de Colbert Lebeau. Il fait partie d’une cinquantaine de martyrs tués par les nazis pendant la seconde guerre mondiale.

Colbert Lebeau était un jeune homme presque comme les autres et son parcours, Marie-Claude Albert le connaît en détail. Marie-Claude Albert est docteur en histoire contemporaine et membre du Centre Châtelleraudais d’Histoire et d’Archives. Elle a effectué de nombreuses recherches à son sujet.

« Ce garçon était d’abord le fils d’un cultivateur devenu cheminot. Il est né à Paizay-le-Sec près de Chauvigny, installé ensuite à Châtellerault, où il fait des études à l’école communale, puis au collège de garçons. Il devient ensuite employé de banque en 1938. Il entre à la Jeunesse Ouvrière Chrétienne, la JOC. La mission de ce mouvement, c’est de valoriser la dimension humaine et ouvrière du Christ. » détaille Marie-Claude Albert.

Mais à l’été 1940, la vie de Colbert Lebeau bascule, comme celle de millions de Français. Le maréchal Pétain, président du Conseil des ministres annonce à la radio prendre la direction du gouvernement de la France. Suivent les propagandes, dont celles pour la relève incitant les travailleurs français à rejoindre l’Allemagne pour permettre le retour de prisonniers. C’est un échec pour le gouvernement français qui sous la pression allemande lance le STO, service de travail obligatoire.

illustration agrandir l'image L’affiche de l’avis de la préfecture de la Vienne pour recenser les jeunes en vue du service du travail obligatoire en Allemagne © Aucun(e) – Centre Châtelleraudais d’Histoire et d’Archives

« Albert Le Beau a été requis en 1943 pour partir au S.T.O et il fait d’ailleurs partie des premiers requis du département de la Vienne. Le départ ayant eu lieu le 8 mars 1943 de la gare de Châtellerault, puis gare de Poitiers, puis Paris et l’Allemagne. » explique le docteur en Histoire contemporaine.

illustration agrandir l'image La section JOC déportée au camp de Mücheln en Allemagne, le 28 novembre 1943 avec Colbert Lebeau (4e en haut à droite) © Aucun(e) – Centre Châtelleraudais d’Histoire et d’Archives

Mais les messages de la propagande vantant de bonnes conditions de travail sont évidemment bien loin de la réalité.

« Corbert Lebeau aide alors les autres travailleurs à supporter les conditions difficiles sur place. Une nourriture déficiente, du travail de nuit, des journées de labeur de plus de 10 heures. Donc, il a non seulement une mission religieuse, mais également une mission humaine. Et dans ses correspondances, il le dit avec beaucoup de clarté. A partir de 1943, un décret nazi exige que les jeunes catholiques, et particulièrement les scouts et les jocistes, ne pratiquent plus aucune activité religieuse. Ces jeunes catholiques comme Colbert Lebeau se retrouvent surveillés, poursuivis, arrêtés et déportés pour certains en raison de leur foi et de leur activité. » résume Marie-Claude Albert.

illustration agrandir l'image En jaune sur la carte, le camp de Mücheln où Corbert Lebeau est décédé à 26 ans, sans jamais avoir renié sa foi © Aucun(e) – Centre Châtelleraudais d’Histoire et d’Archives

Colbert Lebeau décédera le 3 janvier 1945 à 26 ans dans le camps de Mülchen près de Leipzig, sans jamais avoir renié sa foi et son engagement. Sa dépouille a été rapatriée en 1948. 80 ans après sa mort, il va donc devenir bienheureux avec cinquante autre martyrs, au cours de la messe d’action de grâce. Elle sera célébrée à 14h30 ce samedi 13 décembre par le Prélat du Pape, Archevêque du Luxembourg en la cathédrale Notre-Dame-de-Paris. Le lendemain, le dimanche 14 décembre, une journée d’action de grâce se déroulera à Châtellerault avec une messe en l’Eglise Saint-Jean-Baptiste, un pèlerinage au cimetière Saint-Jacques. Une conférence est aussi prévue en présence de Marie-Claude Albert et de Sylvie Bernay, spécialiste en histoire religieuse ou encore d’une descendante de famille d’amis.

Pour en savoir plus, consultez l’article publié dans la Revue d’Histoire en pays Châtelleraudais par le CCHA.

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