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Rédaction Rennes

Publié le

9 déc. 2025 à 8h29

La chambre de l’instruction de la cour d’appel de Rennes s’est penchée, vendredi 5 décembre 2025, sur la demande de remise en liberté d’un homme soupçonné d’avoir violé à de multiples reprises un adolescent rencontré au niveau du métro Atalante, à Rennes, début 2025.

Cet Afghan, âgé de 29 ou 26 ans – son âge étant difficilement compréhensible des autorités judiciaires françaises à cause d’une « différence de calendrier » avec l’Afghanistan – est mis en examen pour plusieurs faits de « viols » et « agressions sexuelles » sur un jeune garçon de 14 ans.

Des abus « à répétition »

Le 20 février 2025, l’adolescent avait fini par signaler ces méfaits alors qu’il était « apeuré et en pleurs », a-t-il été dit à l’audience : un individu qu’il connaissait lui avait « demandé de le suivre dans un bâtiment désaffecté » et l’avait forcé à lui pratiquer une fellation.

Il y avait en réalité eu « plusieurs rencontres » depuis « un mois », avait-il expliqué. L’un de ses amis s’était d’ailleurs souvenu avait été « marqué par l’attitude corporelle » de l’adolescent, qui se disait « poursuivi par une personne d’environ 30 ans » et « parlant mal le français » qu’il avait « déjà rencontrée dans un parc » : il lui infligeait des violences sexuelles « à répétition ».

Dans le métro, le jeune homme était « sale », avait d’ailleurs observé son ami : ses vêtements étaient tachés de « terre » et il avait « des choses dans les cheveux ».

Secouru dans un bus

La passagère d’un bus lui était venue en aide le 22 janvier 2025 : elle l’avait repéré à côté d’un homme qui essayait de « l’interpeller du regard » et avait « fini par dire à l’adolescent de s’asseoir à côté d’elle ». L’homme à côté du jeune s’y était d’abord opposé et « sentait l’alcool », s’est souvenue la jeune femme devant la police.

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Le jeune avait fini par « la rejoindre » et lui avait dit avoir été « contraint à boire de l’alcool » par cet homme se montrant « très insistant avec lui ». Le temps que la jeune femme alerte le chauffeur de bus, l’homme avait fui.

Un médecin du Centre hospitalier universitaire (CHU) de Rennes avait pris en charge le jeune garçon la veille de cet épisode : il avait fait un signalement à propos de ce jeune qui souffre d’un Trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) et qui avait relaté « des viols » commis « par un adulte ».

« Violenté, tapé, forcé à faire des choses »

Le père de l’adolescent était, lui, revenu sur les « problèmes comportementaux » de cet adolescent ayant « du mal à se repérer dans le temps et l’espace ». Le 19 février 2025, il l’avait appelé en soirée alors qu’il était « perdu dans un parc » : son fils n’était rentré qu’à « 22h », les vêtements « pleins de terre » et avec un discours « incohérent ».

Son fils, qui lui a déclaré être homosexuel à l’âge de 11-12 ans, avait par la suite reconnu son agresseur : les faits s’étaient renouvelés « dix à vingt fois », dans la rue, à l’hôtel, et il lui avait même « montré sa maison ».

L’adolescent avait été « violenté, tapé, forcé à faire des choses » alors qu’il avait pourtant « plusieurs fois dit non ». En tout état de cause, à son âge, l’absence de consentement est présumée, du point de vue légal.

Le sperme de l’agresseur retrouvé sur le jeune homme

L’exploitation de la vidéosurveillance avait permis d’identifier clairement le suspect, un demandeur d’asile qui souffre de « problèmes psychiatriques » après avoir été blessé en Afghanistan, son pays d’origine.

Cet homme « bisexuel » mais qui nie toutefois avoir eu « des relations avec des hommes » avait réfuté « tout lien » avec l’adolescent.

Une expertise génétique a toutefois permis de retrouver son « sperme » sur le corps du plaignant, a-t-il été relevé lors de l’audience publique de la chambre de l’instruction.

Une demande de remise en liberté

Arrivé en France en 2023, Hayatullahjan était en fait « une cible » pour les talibans à cause de ses « liens avec le gouvernement ». Ici, à Rennes, il n’a pas de « domicile fixe » et n’a « ni attaches, ni ressources ».

Le 1ᵉʳ mars 2025, il a « tenté de se suicider » en prison, a-t-on appris jeudi, et, un « gros mois avant les faits », il a été condamné pour « trafic de stupéfiants ».

Ce jeudi 4 décembre 2025, son avocate est donc venue solliciter sa remise en liberté : dans ce dossier, « tout le monde » a déjà pu être « entendu », que ce soit les témoins, le plaignant et Hayatullahjan.

Le suspect a d’ailleurs « demandé » à être interrogé par le juge d’instruction sur le fond de l’affaire le 3 septembre 2025. Et sa santé mentale nécessite « un suivi médical régulier », a souligné son avocate, alors que ces besoins ne sont « pas remplis en détention ».

Une « grande fragilité »

Reste que « la vulnérabilité de cet adolescent est bien supérieure à celle de Hayatullahjan », a recadré l’avocate générale. La représentante du parquet général a d’ailleurs « le sentiment » que le jeune homme a été précisément « ciblé » en raison de sa « grande fragilité » pour devenir un véritable « jouet sexuel ».

« Il nie les évidences », a-t-elle par ailleurs grincé à propos de Hayatullahjan, craignant « un risque de pression et de réitération des faits » et déplorant « des garanties de représentation en justice égales à zéro, voire négatives ».

L’intéressé a néanmoins soutenu qu’il comptait faire les démarches pour bénéficier de l’asile et, par la suite, « trouver du travail » après avoir suivi « une formation ». Des « amis » pourraient d’ailleurs le loger.

Mais, vendredi 5 décembre 2025, la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Rennes l’a maintenu en détention.

CB et GF (PressPepper)

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