Producteur depuis plus de quarante ans, Stéphane Sorlat passe pour la première fois derrière la caméra avec le film documentaire « L’énigme Velázquez »: un voyage cinématographique autour de l’œuvre et de l’influence artistique de Diego Velázquez, portraitiste atypique des nobles et des humbles. 

Troisième volet d’une trilogie sur les grands maîtres du Musée du Prado de Madrid après « Le mystère Jérôme Bosch » et « L’ombre de Goya », « L’énigme Velázquez » cherche à comprendre pourquoi Diego Velázquez (1599-1660) est considéré par de nombreux artistes comme le plus grand peintre de l’histoire, sans pour autant jouir de la même reconnaissance auprès du grand public.

Initialement, les films sur Bosch, puis sur Goya sont une semi-commande du Musée du Prado, à Madrid, produits par Stéphane Sorlat, et réalisés par José Luis López-Linares. Face au succès en salle de ces deux premiers volets cinématographique, Stéphane Sorlat décide de se pencher sur un autre grand peintre exposé au Prado: Velázquez.

Mais le réalisateur espagnol des deux premiers films n’est pas disponible pour le tourner. Ce dernier encourage alors le producteur à passer derrière la caméra. « Si cela avait été de la fiction, je ne l’aurais pas fait. Mais là, (…) j’ai dit que j’allais essayer' », raconte Stéphane Sorlat dans l’émission Vertigo du 3 décembre.

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Dévoiler le génie de Velázquez

Dès les premières minutes, « L’énigme Velázquez » offre une plongée au coeur même des toiles du peintre espagnol. À travers des analyses d’œuvres majeures comme « Les Ménines » ou « La Vénus au miroir », le film met en lumière la modernité stupéfiante de Velázquez. Peintre officiel à la cour d’Espagne, il s’affranchit progressivement des conventions pour développer un style unique, jouant avec les regards, les reflets et la mise en abîme.

Les tableaux de Velázquez sont énigmatiques.

Stéphane Sorlat

Le réalisateur a choisi de mêler les points de vue d’artistes contemporains (Julian Schnabel, Cristobal Del Puey) et les témoignages de grands maîtres (Picasso, Dali, Bacon) pour éclairer le génie de Velázquez.

La musique, omniprésente, participe à créer une ambiance immersive qui plonge le spectateur au cœur des tableaux. « Le cinéma est là pour vous faire comprendre des choses ou pour provoquer des sensations. J’ai essayé de mélanger tous les genres, et c’est aussi pour cela que la musique est tellement importante dans mon film, parce que je veux que le spectateur ressente des choses », souligne-t-il.

>> A écouter, l’interview de Stéphane Sorlat dans l’émission Vertigo : Lʹinvité : Stéphane Sorlat « L’énigme Velázquez » / Vertigo / 20 min. / mercredi à 17:06 Un peintre d’une grande modernité

Stéphane Sorlat souligne également dans son film la façon extrêmement moderne dont Velázquez redonne leur dignité aux marginaux de la société (nains, bossus, esclaves) en les représentant avec humanité. « Il va affranchir son propre esclave, qui va devenir son bras droit, (…) et il va faire un tableau prodigieux de cet homme, qui est au Metropolitan Museum à New York. C’est l’un des premiers à montrer un personnage de couleur sur un tableau qui ne soit pas un esclave », indique le réalisateur.

Loin d’un documentaire didactique, « L’énigme Velázquez » privilégie une approche sensorielle et poétique. L’eau, fil conducteur du film, symbolise la transmission entre les artistes à travers les époques. Avec ce premier film, Stéphane Sorlat réussit le pari de faire ressentir au spectateur la puissance de l’œuvre de Velázquez, tout en éclairant sa place unique dans l’histoire de l’art.

Propos recueillis par Anne Laure Gannac

Adaptation web: ld

« L’énigme Velázquez » de Stéphane Sorlat. A voir au cinéma depuis le 3 décembre.